mercredi 17 mai 2017

Au vol…

Hier j'étais à Cannes. Au festival. Enfin presque. J'étais dans la radio, sur France Inter, en 68 avec les "rebelles" et Michel Ciment. Concentré sur le sujet. Et puis voilà que Jean Lebrun, producteur de "La marche de l'histoire", envoya, banale, une petite phrase griffée, dont il a le secret.
  
Lelouch, Godard, Truffaut…















Hé ! Hé ! Ce mois de mai-là, Jean-Luc Godard constate lucide qu'aucun des cinéastes présents à Cannes et, de fait, aucun film ne rend compte ni de l'histoire ouvrière ni de celle de la vie étudiante. Comment le cinéma "moderne" pourrait-il passer à côté de ce mouvement de société qui castagne dans tellement d'usines en France, à l'Université et dans tous les plis de la société française ?

"La prise de parole", dont Lebrun redonne le contexte, n'échappera pas aux ténors du cinéma français, qui entraineront avec eux "les professionnels de la profession", comme aurait dit Godard et sa célèbre formule. Michel Ciment, critique cinéma à "Positif", et à France Culture, raconte de l'intérieur ce festival avorté. Anecdote croustillante, Robert Chazal, journaliste à France-soir qui, présent à Cannes, veut acheter un "transistor avec uniquement des informations" pour prendre des nouvelles des "émeutes parisiennes" (1).

Si Lebrun fait remarquer à Ciment, en écoutant une archive, la présence d'Elkabach (Jean-Pierre) au micro, Lebrun "oublie" de dire que c'est au micro de France Inter. L'archive est rare car l'ORTF (radio et télé) est souvent en grève à cette époque-là et, ce sont les périphériques RTL et Europe n°1 qui feront les belles heures de "Radio Barricades" (2). Et puis Lebrun lance une nouvelle archive et dit : "Nous sommes le 18 mai, voici un flash, tiens c'est Pierre Bouteiller, c'est drôle à l'époque il était sur Europe 1… C'est drôle ces aller-retour entre France Inter et Europe…"


Bouteiller à… France Inter













Pour Bouteiller c'est dans l'autre sens, viré d'Europe n°1 en 69, Roland Dhordain, patron de la radio à l'ORTF, le récupère pour France Inter. Stéphane Paoli, journaliste viendra aussi à France Inter après ses premières années à Europe. François Jouffa** idem, ainsi que Patrick Cohen. Mais c'est plutôt dans l'autre sens, Inter>Europe que les grands mouvements ont eu lieu. Elkabach, Blanc-Francard* (Patrice), Demorand* (Nicolas), Lenoir* (Bernard), Levaï* (Ivan), Garretto (Jean), Klein** (Gérard), Perreau** (Emmanuel), Ruquier (Laurent), Hees (Muriel), Bonnaud (Frédéric), Souchier (Dominique) et Pradel (Jacques) (3). Et j'en oublie forcément.

Voilà c'est juste sur cette "petite phrase" des aller-retour entre deux stations de radio généralistes que j'ai eu envie d'écrire ce billet. C'est anecdotique, mais dans le grand mouvement engagé aujourd'hui par Arnaud Lagardère pour débaucher les têtes d'affiche de France Inter, il était bon de faire ce petit point d'histoire.

Merci à Franck Olivar, attaché de production de "La marche de l'Histoire" de m'avoir indiqué la disponibilité du flash de Bouteiller sur You Tube. Car les archives d'Europe 1 sont très très rares en diffusion publique et, c'est ça aussi qui m'avait surpris à l'écoute de l'émission !

* Sont revenus ensuite à la radio publique,
** "Spécialiste" de l'aller-retour,

(1) 19 ans plus tard, le 1er juin 1987 sera créé France Info,
(2) Le Préfet de police Grimaud convoquera les responsables des deux radios citées, leur reprochera de faire le "radio guidage" en direct et ainsi d'informer les étudiants sur les positions des CRS, "coupera" la fréquence des radios téléphones des journalistes obligeant ces derniers à solliciter les téléphones privés des riverains des manifestations à Paris pour faire leurs reportages en direct à la radio,
(3) Merci à Hervé Marchais de m'avoir rafraîchi la mémoire pour ces trois derniers noms…



Le flash de Pierre Bouteiller à Europe 1

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