mardi 22 novembre 2016

L'image de marque de France Inter...

Donc vendredi dernier, tout juste remis de l'euphorie et de la joie de la veille, qui avait vu la chaîne prendre la deuxième place des audiences radiophoniques de rentrée, derrière l'inamovible RTL, les "stars médiatiques" de France Inter faisaient le tour des plateaux TV (1). On se demande bien d'ailleurs pourquoi les TV s'intéressent, tout à coup, aux audiences radio ? Gageons plutôt que c'est un sujet parmi tant d'autres et que faire venir des "figures" sur un plateau, c'est bon pour sa propre audience. C'est aussi la façon la plus simple de prolonger l'entre-soi médiatique qui occupe déjà une bonne part du temps médiatique. La boucle est bouclée oú plutôt la boucle ne se déboucle jamais.













Vendredi 18 novembre donc, Yann Barthes invitait dans son émission "Quotidien" sur TMC, Charline Vanhoenacker et Patrick Cohen (2) pour parler de la matinale d'Inter. Bigre ! Donc pour Barthes les bonnes audiences de toute la chaîne se résument à la matinale qui, c'est vrai, est en tête du classement. Pour autant Barthes n'évoque à aucun moment les programmes qui, de fait, participent des bonnes audiences de la chaîne. Sur 19h de programmes "frais" le journaliste met en avant le programme le plus écouté et qui fait, aujourd'hui, l'image de marque de la chaîne. La matinale est donc cet arbre touffu qui cache les talents de la forêt de productrices et producteurs ignorés par la TV.

Il est forcément valorisant pour un journaliste, Barthes, de valoriser ses confrères journalistes, Vanhoenacker et Cohen et, d'entretenir la flamme journalistique qui brûle à l'Olympe du 4éme pouvoir. Amen. Les Trapenard, Devillers, Rebeihi, Lebrun, Vidard, Josse et Assayas qui animent la grille, ne seront jamais invités par la TV pour parler des bonnes audiences de France Inter. Tout juste si, l'un ou l'autre, sera invité pour parler de son émission. Les TV, comme les médias en général, ont donc décidé, définitivement, qu'une radio c'est sa matinale et qu'au-delà point de salut. Voila donc bien une méthode "moderne" de raccourci et de synthèse rapide par, ceux-là mêmes, les journalistes, qui dénoncent les raccourcis et les synthèses rapides... CQFD.

Puis samedi Le Tube (Canal +), présenté par Isabelle Ithurburu, recevait Patrick Cohen pour parler, devinez quoi, des bonnes audiences de France Inter et de sa matinale. Cohen qui ne se lasse jamais de rappeler que le 7/9 est le fait d'une équipe, mais qui n'impose jamais que son équipe soit présente avec lui, pour évoquer ce travail d'équipe. Á l'américaine, les médias européens ont fini par ne plus mettre en valeur que les show-men (et quelques show-women). Ce sont eux qui raflent la mise du vedettariat pipole. 

À cette occasion Cohen a dit quelque chose de très intéressant. Il a déclaré que si RTL était continuellement en tête des sondages elle le devait à la force d'entraînement des "Grosses têtes" (3). Donc dans le cas de RTL, ce serait un programme de fin de journée qui tirerait toute la journée, et donc l'écoute du lendemain, quand sur France Inter ce serait la matinale qui s'y emploierait ! Bigre, mais qu'attend donc France Inter pour faire la même chose et ravir sa place ancestrale de première à la radio de la Rue Bayard (sise à Paris) ? Il y a sur France Inter un bouffon "bénévole" qui squatte l'antenne de 11h à 12h30 et qui pourrait tout à fait déplacer son bénévolat de 16h à 18h30.

L'analyse de Cohen est bien courte. Les habitudes d'écoute sont les "systèmes" qui régissent les pratiques des ditesécoutes. Et l'auditeur qui a réglé son poste, et/ou son autoradio, sur une fréquence en change très peu. Rares sont ceux qui, comme votre serviteur, choisissent tout au long de la journée différents programmes et différentes  chaînes et n'écoutent plus en continu la même antenne. Pas sûr, par contre, que les "nouveaux" auditeurs de Ruquier sur RTL ne retournent pas après les "Grosses têtes" sur Europe 1 ou France Inter, et que les auditeurs du 7/9 d'Inter n'aillent pas juste après sur RTL ou Europe 1. 

Si la renommée de RTL repose en partie sur les "Grosses têtes", dommage qu'à France Inter ce ne soit plus une émission de programme, par opposition à une émission d'info, qui fasse l'image de marque de la chaîne. Il serait long de citer ici les émissions emblématiques de France Inter qui, non seulement ont fait sa renommée, mais qui ont participé à la fidélité des auditeurs sur la longue durée. L'info, et les journalistes qui vont avec, ont pris le pouvoir et ce sont eux, maintenant, qui s'affichent partout au risque imminent de l'infotainment... aussi à la radio.

(1) "Des" ? Je ne sais pas ! Je raconte ici les deux émissions que j'ai vues... de mes yeux vus...
(2) Chroniqueuse dans la matinale à 7h53, et anchorman de la tranche 7/9,
(3) Du lundi au vendredi, 16h-18h30,.

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