lundi 19 septembre 2016

Perdriel le magnifique....

Campagne Delpire 1972, dessins André François


Il faudra presque attendre la fin de "Sans oublier d'être heureux", de Marie Dominique Lelièvre (1), la très belle et très riche biographie de Claude Perdriel pour y lire cette comparaison du patron de presse avec Gatsby, le héros magnifique du roman de Scott Fitzgerald. C'est la radio qui m'a donné envie de lire ce livre. Pas la radio qui vous raconte par le menu l'intégralité de l'histoire, non mais Lelièvre lundi dernier dans l'Instant M sur France Inter.

Dans cette émission médias Lelièvre, journaliste, qui a travaillé pour les journaux de Perdriel (Le Matin de Paris, Le nouvel observateur) montre le, les ressorts qui ont animé ce patron de presse atypique qui a beaucoup fait pour que les socialistes accèdent au pouvoir en mai 1981. Perdriel industriel mènera de front, toute sa vie, ses activités autour du Sanibroyeur, joli niche de profits "inépuisables", et la presse pour laquelle il avait une passion sincère et beaucoup plus "désintéressée" financièrement.

Mais si je me suis intéressé á cette histoire romanesque que tisse avec talent Marie-Dominique Lelièvre c'est parce le 11 septembre 1972, alors que je n'étais pas encore adulte, j'ai acheté, de passage á Paris, le premier numéro de la nouvelle formule de l'hebdomadaire. Influencé par la magnifique campagne de promotion qui ornait les abri bus de la capitale. Les dessins d'André François valaient tous les discours. Et, jeune et fringant, j'ai bien envie de porter le journal autour du cou !

Ce que j'aime dans les biographies c'est l'autour. Ces petites choses de rien qui font la vie et qui dans le cas présent ont fait ma vie. Et puis Lelièvre aime les détails sensibles qui fixent une époque : "Une Simca 8 sport dessinée par Pininfarina et carossée chez Facel-Metallon". Voilá de quoi poser l'exigence d'un homme qui affirmera assez vite ses goûts pour l'esthétique et l'épure ou la sobriété c'est selon. Comme le disquaire des Champs-Élysees non nommé mais qui pourrait bien être Lido Music oú s'approvisionnait José Artur pour son Pop-Club.

Cette biographie a le très grand mérite de dresser un tableau pittoresque qui balaye des années 40 du siècle passé á aujourd'hui par le prisme d'un industriel sémillant et infatigable qui aura marqué la presse et son époque d'une empreinte originale et sincére. Pour rester avec Gatsby, Marie-Dominique Lelièvre referme sa bio avec une image magnifiquement romantique où Perdriel et sa femme Bénédicte nagent dans le bleu d'un atoll de l'Océan Indien, avec chevillé au corps sa devise insubmersible "Sans oublier d'être heureux".

(1) Stock, 2016

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire