lundi 26 octobre 2015

Feux de détresse…

La Maison de la radio… en Lego…

















Rappelez-vous l'empressement de nos radios publiques à se rendre au Rwanda (1), à Johanesbourg (2) au "chevet" de Mandela "même pas mort" (Culture), à Cuba (3) avec Hollande (Inter). MM. Gallet et Schlesinger (4) s'attendaient sans doute qu'après cette débauche de moyens financiers exceptionnels les auditeurs se prosternent en louanges pour vanter les qualités éditoriales de deux des principales radios publiques de Radio France qui, vaille que vaille, continuent à se marquer à la culotte ? Ben voyons…

Par contre les mêmes auditeurs sont-ils informés de l'actualité sociale de Radio France ? Et par qui ? Au cours du conflit du printemps il faut saluer les infos régulières que Sonia Devillers donnait dans son émission "'L'Instant M" et, les deux heures d'"A'live" que Pascale Clark a consacré au conflit avec plusieurs témoignages dont ceux de syndicalistes de Radio France… Mais quelle rédaction, quel journaliste a arpenté, les couloirs, les coursives, les sous-sols, les bureaux étriqués, les studios pollués ? Interviewé ceux qui ne sont pas sur le kakemono géant en façade de la Maison de la radio ?





















Depuis le 16 avril c'est le black-out total ! Tout doit donc aller mieux dans le meilleur des mondes. Les antennes tournent à plein régime, les invités défilent, l'armée mexicaine des chroniquailleurs des sept chaînes est au front, la presse pipole spécialisée (sic) continue d'encenser les vedettes et à s'esbaudire pour tout et pour rien… Surtout pour rien. Depuis "Lulu", femme de ménage, la création radiophonique documentaire de Yann Paranthoën, et "Marie Lourde" celle de Sylvie Gasteau, combien de producteurs se sont penchés sur les sans-grades, les invisibles, les gens de peu qui participent aussi pourtant de la "fabrique de la radio" ? Cordonnier plus mal chaussé ? Facile et hypocrite !





Et puis hein ça intéresse qui de connaître les conditions de travail du personnel de ménage, des plombiers, des reprographes, des conseillers spécialisés et autres chargés d'émission ? Et les conditions de travail "pendant les travaux", les studios contaminés, les méthodes de management pour casser la culture d'entreprise de la "boîte" (5), j'en passe et des bien pires. Les informations qui me parviennent sont désastreuses mais pour que le "Petit Journal" de Canal+ ou BFM TV se déplacent faudra-t-il qu'il y ait un mort ? Qui aura oublié le suicide de Michel Bidlowsky en 1998 (6) ?

Et puis qui sait si au micro des producteurs, des productrices n'ont pas un peu plus chaque jour une pression qui fout "l'angoisse au ventre" ? Alors quand celle-ci sera trop forte et qu'il faudra, contraint, retourner à la grève le public ne comprendra pas ! De bons chiffres d'audience, des émissions suivies par un public fidèle, une diversité offerte par sept chaînes "thématiques", mais qu'est-ce qu'ils osent encore se plaindre ces privilégiés ? 

Pour tous ceux qui officient au micro des sept chaînes publiques il y a, "derrière", 4000 personnes qui elles, peu ou prou, peuvent aussi souffrir de la dégradation des conditions de travail ou même des relations sociales déplorables. Que fait la tutelle, Fleur Pellerin ministre de la Culture, qui demandait la réinstauration d'un dialogue social apaisé ? À l'ombre des micros la machine audiovisuelle publique poursuit sa mue et, tel un rouleau compresseur que rien n'arrête, écrase un passé glorieux qui une fois disparu fera place à un libéralisme débridé et sauvage. La loi Balkany sur la privatisation du service public pourra bientôt être votée… les mains sur les yeux, les oreilles et la bouche.

©Quino











(1) Le vendredi 4 avril 2014, Voinchet/Culture, le lundi 7 avril 2014 Cohen/Inter,
(2) Le 28 juin 2013, Les Matins en direct de Johannesburg, Mandela est dans un état de santé critique. Il mourra le 6 décembre 2013 mais les Matins ne feront plus le déplacement
(3) Le 8 mai 2015, Cohen a dans ses bagages Bernard Guetta, Rebecca Manzoni,…

(4) Pdg et directeur éditorial du groupe public,
(5) Mot employé par Mathieu Gallet, lors de son premier discours devant le personnel de Radio France en mai 2014, 
(6) Le producteur du "Panorama" à France Culture se défenestre à Radio France le 21 février 1998. Directeur de la chaîne Patrice Gélinet (1997-1999).

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