lundi 6 avril 2015

À la casse…

Bob de Blumerey (52) spécialiste de Comtoises et de… radios

























Après avoir lu le Libé de Pâques (1) on a toutes les bonnes raisons de désespérer Billancourt (2) et l'audiovisuel public français. S'il fallait nous en convaincre - on en est maintenant sûr -, personne au gouvernement ni dans les officines n'a de vision prospective pour la radio et la télévision. Ou plutôt je devrais dire, depuis la "Loi sur l'audiovisuel" de Georges Fillioud (1982) les deux entités audiovisuelles françaises sont passées par pertes et profits au gré des humeurs de leurs dirigeants respectifs et des enjeux politiques à court terme (3).

De quoi s'inquiéter si les conseillers (du Prince) et autres rédacteurs de rapports (4) s'épuisent à manquer d'imagination, de (grand) dessein et d'enthousiasme. Après une longue jachère, la pensée audiovisuelle est en faillite. Plus personne n'apprécie l'enjeu. Le pilotage à vue et la défausse d'une ministre (Fleur Pellerin), d'un premier ministre sentencieux (Valls) et d'un président à l'ouest (Hollande), font des ravages. Déjà qu'on est sur le cul, manquerait plus que Schrameck (Prez. Csa) nous organise les "Assises de l'audiovisuel" pour qu'on soit définitivement anéantis (5).

Si mue de la radio publique (6) il doit y avoir, n'en confions surtout pas les rênes à Mathieu Gallet. Lui si prompt à se prendre les pieds dans les tapis (ou les moquettes c'est selon) et à diriger une fois que d'autres lui ont soufflé une "stratégie". Le Csa devrait interdire le pilotage par procuration. Et encore moins par procuration du fléau des consultants et autres gourous inspirés par rien d'autre qu'eux-mêmes et leur tiroir-caisse. Faudra bien qu'un jour le Csa nous livre le fameux projet stratégique de Gallet qui l'a fait élire à l'unanimité en février 2014, Président de Radio France.



















Quant à ses deux prédécesseurs qui s'empressent de se défendre et d'assurer avoir géré de façon exemplaire la cambuse, on peut craindre la grosse intox de communication, le défaussement royal et l'absence totale d'humilité. Oumpfff ! Y'a des mots, Fañch, qui n'appartiennent pas au vocabulaire de la société du spectacle. Alors tentons "l'absence totale d'honnêteté intellectuelle". C'est mieux ? Non.

La semaine qui démarre ce jour à Radio France devrait être décisive. Les négociations étaient rompues samedi dernier en fin de journée. La tutelle refuserait toujours de nommer un médiateur que l'intersyndicale continue de demander. Le CCE extraordinaire que réunira le 8 avril Mathieu Gallet examinera le fameux plan stratégique qui de méandres en méandres pourrait ressembler à un serpent de mer. On continuera à être perplexe sur l'autre plan stratégique, le caché, le secret, le confidentiel défense, le "terrain miné" qui avait fait se pâmer le Csa au complet et à l'unanimité en février 2014 devant Mathieu Gallet.

Fleur Pellerin ayant une fois encore tancé l'élève Gallet d'un "il a toutes les cartes en main", sera-t-il capable d'en faire une réussite ?




(1) 4, 5,6 avril, on se prend 7 pages sur "Service public. La radio-Télé qu'on aime(rait)",
(2) "Désespérer Billancourt" expression de Jean-Paul Sartre qui situe les effets négatifs sur les ouvriers si l'ampleur des dégâts d'une négociation ou d'un projet se révélait désespérant. En référence à l'usine de Renault-Billancourt. 

(3) Même si d'autres lois 1986, 2013 ont essayé d'esquisser un dessein,
(4) Rapport Vacquin (social) et rapport Schwartz (prospectif),
(5) Personne n'a oublié "Les assises de la radio" de novembre 2013 où Schrameck l'avait disputé à Filipetti (ex-miinstre) pour chauffer la salle,
(6) Le point de vue d'Alexandre Brachet, Producteur plurimédia page 4 et l'interview de Christian Delporte page 5, in Libé cité,

1 commentaire:

  1. Je crois que Philippe Meyer a employé le mot juste : imaginer. J'ai écouté l'émission de Demorand d'aujourd'hui. Et une fois de plus je me pose la question : pourquoi faut-il que Radio France coure derrrière l'audmiat ? Bien sûr les finances publiques ne peuvent être un puits sans fond. Mais peut on concevoir que la radio publique, à l'image de l'école, des hôpitaux, bref de ce qui protège le citoyen, puisse ne pas avoir l'obligation d'être rentable ? Alors bien sûr il ne s'agit pas de fonctionner la bourse déliée, mais juste accepter que la radio publique ait pour fonction d'enrichir le citoyen non pas en pièces sonnantes et trébuchantes mais en culture, divertissements, découvertes, échanges, partages, réflexions, questionnements. Ne pourrait-on pas décréter que la radio publique soit d'utilité publique et qu'à ce titre son obligation est de faire de la qualité et non pas de l'audimat ? On peut le déplorer (je le déplore) mais c'est ainsi : Direct 8 fait plus d'audimat qu'Arte, Hanouna est l'actuel homme à penser, Les grosses Têtes saucissonées pas d'inonmbrables publicités caracolent en tête des émissions radio. Alors doit on accepter que pour prendre cette première place, on nous colle une émission indigeste, racoleuse et qui sonne comme le privé ? Non ni France Inter, ni France Culture, ni France Musique, ni Mouv, ni Fip, ni France Info, ni France Bleue n'ont à dévoyer ce qui est leur ADN : une radio différente de qualité. Tout à l'heure dans l'émissiond de Demorand l'intervenante a souligné le problème de l'âge des autditeurs. Et alors ? Doit on recruter Arthur et parler caca-pipi-boudin pour "rajeunir" l'auditoire ? Que deviennent les jeunes qui aiment la bonne radio (il y en a beaucoup) et qui justement fuient NRJ et autre Skyrok ? Alors oui je pense comme P. Meyer : imaginons notre radio, créons le dialogue entre les différents composants, y compris les auditeurs, et c'est sûr nous ferons des merveilles.

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