mercredi 18 mars 2015

Quand le Canard moquette le Pdg de Radio France…








Depuis quelques années Radio France aime porter très haut ses couleurs. Le visuel ci-dessus résume bien l'affaire. On me pardonnera de ne pas afficher un visuel plus récent mais je n'ai pas trouvé le bandeau qui intègrerait le pavillon noir de Mouv' qui, de fait, désintègre l'unité graphique que les chaînes, après bien des péripéties stylistiques, avaient fini par harmoniser.

Las, le pavillon noir flotte donc sur la Maison de la Radio. Est-ce un acte assumé de piraterie… (des ondes) ? Le début de l'anarchie ? Un mauvais présage ? Ces jours-ci les temps sont durs pour que les bonnes ondes radiophoniques se diffusent depuis la vénérable Maison qui, depuis 52 ans, assume vaille que vaille sa mission de service public.

Un déficit budgétaire, quatre préavis de grève pour le 19 mars, la tutelle qui ne plie pas avant la signature du Contrat d'Objectifs et de Moyens (Com) annoncée pour la fin du mois, une ambiance tendue pour ne pas dire délétère pour les personnels et, dans cet inventaire déprimant, pas le moindre raton-laveur en vue qui viendrait mettre un sourire, un espoir au tableau de plus en plus sombre qui se dessine chaque jour.

Au lieu de quoi le Canard enchaîné (1) qui aime tant soulever les tapis pour y trouver ce que les puissants aiment à y cacher, opère une petite variante en soulevant la moquette du bureau de Mathieu Gallet, le Pdg de Radio France. Pas la "neuve moquette aubergine" posée pour l'ancien Pdg Jean-Luc Hees (2), non, mais la moquette grise choisie par Gallet pour son bureau présidentiel. De moquette en peinture fraîche en passant par le mobilier et autre "coup de jeune" aux boiseries précieuses en palissandre, la facture risque de ne pas passer comme une lettre à la Poste. Le Canard détaille, additionne et donne le chiffre total de 105 000 €.

On avait déjà le vertige avec la facture des travaux engagés depuis 2006 à la Maison de la Radio. Faisons confiance aux syndicats pour traduire les travaux du bureau présidentiel en emplois pérennisés ou en moyens de production utiles à la fabrication d'émissions de radio.

Pour terminer avec une note colorée. En début de semaine, Gérard Coudert (3) m'informait qu'en 1963 quand Roland Dhordain, futur directeur d'Inter avait mis à contribution les auditeurs pour trouver les nouveaux noms des trois chaînes publiques celles-ci avaient failli s'appeler France Bleu (pour France Inter), France Blanc (pour France Musique) et France Rouge (pour France Culture). De quoi imaginer de jolies moquettes tricolores dans les bureaux du Pdg et autres directeurs de chaîne.

En N&B vous verrez ci-dessous une vidéo de l'nterview du directeur de la radio à l'Ortf, Roland Dhordain par Yves Mourousi, en 1970. Bien malin qui déterminera la couleur de la moquette ?



(1) Dans son édition daté de ce jour,
(2) Qui a quitté ses fonctions le 12 mai 2014, suite à la nomination le 27 février 2014 de Mathieu Gallet par le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, 
(3) Ancien directeur des "Ateliers de Création Radiophonique Décentralisés" de l'Ouest, rattachés à France Bleu,

3 commentaires:

  1. grosse discussion hier à la maison avec ma moitié : Est-ce un crime ou pas , cette fameuse rénovation. Car de fait que représentent 100.000 euros sur une facture de 21,3 mmillions d'euros ? Evidemment la situation financière de la Maison Ronde n'est pas à mettre sur le compte de ce délire décoratif. Mais quand même... Je reprends mon commentaire sur ton billet du 14 mars, il y a des dépenses qui font Mauvais Genre (si François Angelier m'autorise à cet emprunt ). Enfin, quel désolation de voir cette "vieille dame" rejoindre le cortège des ils-se-foutent-de-nous. Et une pierre de plus pour les démagos.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bonjour Marie,
      Les 21,3 millions dont tu parles c'est le déficit previsionnel. La facture de la rénovation c'est plutôt genre 438 millions d'€. On est sûrement d'accord ce n'est malheureusement plus une question de chiffre... :(

      Supprimer
  2. ça sent le long, très long conflit ça!
    Il faudra sans doute s'habituer un certain temps à la musique en lieu et place des programmes. Est-ce que cela va menacer la soirée électorale de dimanche sur les antennes régionales et nationales de Radio France? Et autre question: est-ce déjà arrivé qu'une grève dans l'audiovisuel public perturbe le déroulement d'une soirée électorale?

    RépondreSupprimer