samedi 16 août 2014

13. Qu'il est doux de ne rien faire… (Beatles, l'alchimie pop)

Résumé de l'épisode précédent…






















One
Ici, là et partout, la France geint, les vendeurs d'esquimaux fondent en larmes, les limonadiers sont amères, la pluie fait ce qu'elle pleut, le Breda bout, les musées sans muse, les cinés m'atographent et la radio radiote… La misère morale fout le blues. Le mauvais. 

Here, there and everywhere, quelque chose flotte dans l'air. Il y a de bonnes ondes partout pour qui veut bien les prendre (1). Dans la vallée de l'Oklahoma appelée ici "Breda" je siffle "Magical Mystery Tour". D'une drôle de voix, une jeune femme souriante me déclare :
- "Quelle serait la chanson écrite par Paul Mc Cartney et John Lennon dans laquelle il y aurait presque tout des Beatles : la liberté de comportement, la joie, la fête foraine, le plaisir d'être à plusieurs, l'enfance et sa nostalgie, la drogue, le goût pour les métamorphoses et les déguisements, une chanson qui nous embarque dans un bus aux couleurs psychédéliques pour une destination inconnue à travers la campagne anglaise ?" (2)

Je continue de siffler. Ici je n'ai qu'une 4L pas psychédélique pour deux sous. Mais Virginie Bloch-Lainé veut bien embarquer pour un road trip "very lovely fun". En montant dans le char elle dit le mot "Pop" en le faisant éclater comme une bulle de ch'wing-gum. Elle admire mon Pizon-Bros qui trône sur les deux sièges arrière de l'antique véhicule de la Régie. Je démarre. Elle met le son.



Je roule à 30 à l'heure. La dernière fois que cette caisse a freiné c'était le 8 décembre 1980 à l'annonce de la mort de John Lennon au Dakota Hôtel (New-York). Sur le bord de la route dans la grisaille environnante on distingue à peine deux beatniks (sic) qui tendent le pouce avec à peu près autant d'énergie que deux pingouins sur la banquise. Je mets le Pizon Bros dans le coffre et salue les stoppeurs. "Patrice", annonce le plus grand. "François" dit le plus petit.

"Hey, les gars, avec Virginie là on écoute une longue histoire et on va pas s'arrêter parce que vous venez de monter. Alors shut up please." Les deux gaillards se tassent du mieux qu'ils peuvent dans la guimbarde qui ne dépassera plus les 25 à l'heure… J'ai l'impression qu'à l'arrière ça marmonne, ronronne, grogne. François n'en peut plus de se taire. Il amorce "Vous savez qu'en 64 pour l'arrivée des Beatles". Je le coupe. "Mais ta voix ? Tu s'rais pas François Jouffa ?". Il acquiesce et résume :

"Aéroport du Bourget. 14 janvier 1964. Quatre Anglais d'une vingtaine d'années débarquent en France. À leur descente d'avion, les Beatles sont fort déçus : une poignée de fans et un seul reporter [moi-même] les accueille. J'avais lu leurs interviews dans des journaux anglais. J'ai choisi quelques-unes des questions qui leur avaient été posées. J'ai traduit leurs réponses en français et les ai transcrites en phonétique. Quand j'ai vu les Beatles, je leur ai montré les papiers avec les réponses. C'est comme ça que les auditeurs d'Europe n° 1 ont entendu les Beatles me parler en français ! Un truc de fou..." (3)

La suite aujourd'hui dans deux heures…

(1) "Il y a des fleurs partout pour qui veut bien les voir" Henri Matisse,
(2) Continent musique,
(3)  Olivier Thomas dans "L'Histoire" n°305, janvier 2006, 

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