jeudi 1 mai 2014

Comme un parfum de Chanel…










Le fait de ne plus écrire permet aussi de s'attacher à l'écriture des autres. En avril, "Bleu autour" publiait "Notre Chanel" de Jean Lebrun. Oui le Jean Lebrun de la radio. Et nous voilà embarqué dans une belle histoire. L'histoire d'une passion pour un sujet : Mademoiselle Chanel. L'histoire d'une fidélité : à Bernard Costa, le compagnon de Jean Lebrun. L'histoire de l'histoire : où comment Lebrun conteur dit ce qu'il cherche, trouve, dit comment il trouve, rebondit, poursuit "leur" quête, se raconte et tisse au fil du récit plusieurs histoires qui n'en font qu'une.

Même si ce livre ne parle pas, comment ne pas y entendre la voix de Lebrun, celle qui nous accompagne, peu ou prou, depuis une bonne trentaine d'années sur les ondes de la radio publique. Avec la voix, on retrouve aussi le style, le jeu de la recherche, des questionnements, le jeu d'avoir, par des chemins escarpés, trouvé ce que l'on cherche et même ce que l'on ne cherchait pas. Lebrun, peut-être à son corps défendant, ne peut pas se refaire. Il est historien, habité par sa recherche, attentif et soucieux au détail, artisan du puzzle qu'il faut en permanence construire pour voir petit à petit la figure de Mademoiselle prendre une autre pose que celle que l'imaginaire collectif avait fini par imposer à la légende. L'icône est là, mais Lebrun et Costa ont décidé de nous la faire regarder par un autre bout de la lorgnette.

La quatrième de couverture parle de road movie et c'est bien de cela dont il s'agit. Les "enquêteurs" quadrillent la France, croisent les sources, confrontent les témoins et les témoignages, se régalent de leurs découvertes. Dans la trame du récit, avec pudeur et fidélité au souhait de Costa "Dis, ce livre, tu l'écriras", Lebrun nous raconte l'histoire d'une recherche commencée à deux et l'épilogue d'une disparition brutale qui obligera l'auteur à écrire seul quand l'autre regarde peut-être encore par-dessus votre épaule. Les histoires se mêlent avec tact et délicatesse, ne gênant en rien le déroulement du récit. Il y a l'objet de la recherche et comment la vie "à côté" en est partie prenante.

Raphaël Krafft, journaliste à vélo, avait écrit sur Twitter qu'il avait lu le livre en une seule nuit. Il m'en aura fallu trois car j'aime savourer et faire durer les histoires. Voilà, Lebrun nous en a raconté une nouvelle et, à sa façon, nous a permis de rentrer dans l'histoire, aussi bien celle de Mademoiselle Chanel que celle qui lui tournait autour. Chacune ont fait l'Histoire.

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