dimanche 23 mars 2014

Le samedi et le dimanche… en rythme

Garretto & Codou © Roger Picard RF




Pour ceux qui prendraient en marche "le feuilleton de la radio", je vais ici dire pourquoi j'ai, depuis juillet 2011, eu envie de publier le dimanche à 18h. J'ai été bercé, influencé, passionné par "l'Oreille en coin" qui, du samedi au dimanche, de 1968 à 1990 installait sur France Inter, un rythme, un équilibre et une unité sonore (1). Fut un temps, "L'oreille en coin" se terminait même à 19h. C'est en souvenir de cette époque, pendant laquelle mes dimanches se terminaient à 18h, que j'ai eu envie d'écrire ce jour-là en mettant en avant des souvenirs ou des moments de radio plus sensibles que les autres.

Ci-dessous vous trouverez quelques extraits de conversations que Thomas Baumgartner (2) avait eues à trois reprises avec Jean Garretto et qui balayent sa longue "carrière" à l'ORTF et à Radio France. Garretto affirme que le rythme est essentiel en radio. À lire à l'aune de ce qu'aujourd'hui il a perdu…


À l'origine c'est un directeur, Guy Bégué qui voulait "faire un week-end de France Inter. "Vous avez tout l’après-midi du samedi, tout l’après-midi du dimanche et le dimanche matin." Vous vous rendez compte, on se retrouve à la tête de ça. C’était en 1968." Baumgartner évoque la carte blanche donnée aux deux producteurs " Oui, il nous donne 11 à 12 heures d’antenne. Et faites ce que vous voulez. Mais il faut que ça ait une homogénéité, que ça ressemble à quelque chose. Que les gens viennent à la radio comme on va au cinéma le samedi et le dimanche. Que ça ressemble à un endroit où se réfugier pour passer son temps de divertissement le samedi et le dimanche."

"Réfugier", voilà le bon mot et voilà sans doute une des clefs du succès de cette "Oreille"-là. Où l'on pouvait sentir les intentions de proposer une palette invraisemblable de créations en tout genre. "Et on a fait de la radio élaborée. Et pour faire ça, il faut beaucoup de temps et des moyens. Alors on a eu les moyens. Et on a été obligés de constituer une énorme équipe. On savait pas très bien où on allait, mais ce qu’on s’est dit c’est : on va faire autre chose. Quand je dis élaborée, c’est : travaillée, montée, mixée, organisée. Avec des gens qui avaient des sujets. Et avec un lien tout du long, et on passait l’après-midi comme ça, de sujets en sujets." Si les producteurs Garretto & Codou savent où ils vont, ils acceptent aussi de tâtonner et d'en faire "un banc d'essai dès le départ".






Garretto revient sur une fonction de la radio qu'il avait testée avec les "radio-vacances" au Pays basque de 1961 à 1968. "C’était le contraire de FIP, c’était une radio qui vous parle. Et moi maintenant, c’est aussi une question d’âge, j’attends de la radio qu’elle me parle, qu’elle me raconte des trucs. La nuit, par exemple, je suis très insomniaque, j’écoute des rediffusions de l’émission d’Europe 1 du matin d’Yves Calvi. J’ai envie qu’on me parle. Et vous voyez, c’est redevenu la radio à tranche horaire. Et ça recommence…" Il est aussi intéressant de lire que Garretto & Codou n'avaient pas l'impertinence pendue en sautoir : "On ne voulait pas être impertinents mais on ne voulait pas être béni-oui-oui ou lécher les bottes comme tout le monde. Vous savez quand on a fait TSF et puis L’Oreille en coin, c’était pour aller à contre courant de tout, y compris avec FIP. On n’a mis que des voix de femmes, alors qu’il n’y avait que des voix d’hommes sur toutes les radios. Finalement on a joué notre profession à contre-pied."

Quant au rythme : "Je vivais l'émission au fur et à mesure que l’horloge tournait. J’étais en plein dans l’émission, et même dans les disques... Dans tout ! et effectivement, j’ai toujours eu ça en moi. C’est une sorte de... appelons-ça une rythmique en mouvement. C’était l’alternance de musiques et de trucs très élaborés, bien montés qui étaient un petit monde en soit. Il y avait des mouvements différents."

(1) de Jean Garretto et Pierre Codou,
(2) Producteur à France Culture, ces conversations ont été publiées par les Cahiers d'Histoire de la Radio en 2013.

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