lundi 17 juin 2013

Le must du pire…






On dirait que c'est la fin de la saison radio, on dirait qu'on n'en a pas dit grand chose et qu'on va essayer de faire croire qu'on peut en parler un peu, juste en agitant des sornettes, avec de grosses ficelles

À tel point que même l'interviewé, sur un support connu, annonce pas dupe, "Je sais bien que même à Télérama on a tendance à pipoliser les choses". CQFD. (1) Alors que la "rentrée" radio est à 10 semaines de là, la journaliste de Télérama interviewe le président d'Europe1, Denis Olivennes, sur cette rentrée bien lointaine, sans un seul instant évoquer, par exemple, la prochaine grille d'été. En chapeau de l'interview, Télérama annonce que "sept heures quotidiennes (voire davantage) seront renouvelées !". Et alors ? Refaire une grille de programmes ça peut provoquer encore plus de changement, non ? D'autres s'y sont employés en radio privée comme en radio publique. Et si cela permet de donner envie à des auditeurs de (re)venir écouter, pourquoi ne pas essayer !

La "pique" d'Olivennes sur la pipolisation concerne la première question. Pour Télérama trois nouvelles arrivées se traduisent par "Pourquoi tant de bouleversements ?" (sic). On imagine bien Olivennes ricanant dans sa barbichette. Insatisfait de la réponse, Télérama enfonce le clou "Thomas Sotto (2) devient tout de même la nouvelle figure de proue de la station !". Si j'avais été Olivennes j'aurai demandé "Euh, d'où tenez-vous cette affirmation ?" Mais Olivennes balance, sans rire" La figure de proue de la rentrée, ce n'est pas Thomas Sotto. C'est Europe 1, son information, ses éditos, ses angles,…". Et bam. One point.(3)

Il serait peut-être temps que Télérama arrête de confondre communication et radio, et ne se serve pas d'informations d'agences de pub, pour étayer son "pronostic" sur l'évolution d'Europe1 à la rentrée 2013. C'est sans doute la raison pour laquelle ce billet, très médiatique, a l'honneur des pages "Médias". Radio has been ? Soyez patient le pire est à venir. Sur le cas "Sotto, figure de proue", Olivennes répond : "C'est à cause du système déclaratif de la mesure d'audience par Médiamétrie. Pour que les sondés puissent cocher la bonne case, toutes les radios ont intérêt à communiquer sur un horaire et un nom, point barre. Quand nous recrutons un animateur ou un journaliste, nous choisissons la personne la mieux à même d'exprimer notre positionnement." Ouaouuuhhh ! Enfin la mise à plat d'un système d'audience dévoyé. Merci M. Olivennes de votre franchise.

Donc sur la base "un horaire, un nom", on résume une station et, le sondé, pris 
sans doute pour un demeuré, n'a pas trop le choix d'évoquer dans le désordre les noms de ceux dont il apprécie les émissions, pas forcément situées entre 7h et 10h le matin. La grosse farce "les sondages Médiamétrie sont pipés" que chacun fait semblant d'ignorer, sert la radio commerciale qui peut vendre très cher les spots de pub diffusés dans la matinale de la station. M.Sotto va donc envahir "les culs de bus" tout le mois de septembre à… Paris et dans les grandes villes de France, à des fins d'écoute optimum et de rentrées publicitaires… mirifiques. Si, si c'est Télérama qui l'a dit. En exclu même ! Enfin en ce qui concerne la communication d'Europe 1 à l'automne.







Olivennes reconnaît que la matinale de Bruce Toussaint n'a pas donné les résultats escomptés. Télérama lance : "Or la matinale, c'est 60 ou 70% de l'audience d'Europe 1." Olivennes répond :"Vous pouvez dire ça comme ça. Mais la radio, c'est un tout dont l'image doit être cohérente." C'est un tout mais c'est le matinalier qui doit être le moteur puisqu'il doit réaliser 60 ou 70 % de l'audience. Alors figure de proue ou pas figure de proue ? Par effets successifs on pourrait donc dire que les programmes comptent pour pas grand chose dans la mesure Médiamétrie, et donc que ce n'était pas si grave si l'audience d'un Drucker "rigolo" n'a pas décollé. Mais remplacé, à la rentrée, par un vrai "rigolo" ça pourrait vite mettre du "pour cent" dans les épinards et, si ce "rigolo" est aussi une figure de proue, il pourra, au pied levé, remplacer M. Sotto dans le cas où ce dernier, bien que faisant bonne figure, manquerait un peu de proue.

Voilà le must. Télérama : "Fallait-il nécessairement en passer par le remplacement de Bruce Toussaint ? " Olivennes :" Pour franchir une étape supplémentaire, il fallait qu'on radicalise notre fonctionnement. Rendre notre positionnement plus anglé, plus aigu. Même si Bruce a fait un très bon job, la matinale a besoin d'un patron plus « news » que lui — qui est plus animateur que journaliste. Il faut qu'elle soit moins « marketée », avec plus de liberté, de naturel dans son déroulé." Ça c'est du jargon, coco ! J'en conclus qu'un animateur n'a pas de liberté et manque de naturel, alors qu'un journaliste moins marketé serait naturellement libre. Oups. Là j'ai pris deux cachets d'aspirine car c'est beaucoup trop scientifique pour moi.

À quel moment les contenus des programmes ont-ils été évoqués ? Le rythme d'une journée ? Les choix culturels (sic) ? Les résultats des "reprises" d'émissions anciennes comme "Musicorama" ou l'"Europe Stop" ? À aucun moment… Ça n'intéresse ni Télérama ni Olivennes d'en parler. Les effets d'annonce, la com', les vedettes, le buzz autour de M. Sotto ça ça intéresse… les médias, mais pas les contenus de radio (4). Bilan de l'opération interview : Olivennes a donné le coup de pied de l'âne à Télérama, et Télérama a fait croire à ses lecteurs que la radio avait encore sa place dans le magazine. Il serait temps pourtant que ce dernier assume ses choix éditoriaux et adapte son nom à ceux-ci. "Téléma" conviendrait parfaitement.

(1) Telerama.fr, on notera que cet interview n'apparaît pas en page "Radio", mais en page "Médias", c'est quoi la différence ?
(2) Le remplaçant de Bruce Toussaint, matinalier,
(3) Rien de surprenant à ce que Télérama s'intéresse au plan de com' de la station plutôt qu'aux contenus des programmes. Plus surprenant est l'anticipation à l'automne pour induire qu'un journaliste va devenir "la figure de proue".,
(4) Il est bon de rappeler qu'au lancement de la nouvelle formule de Télérama en mars 2012, Madame Fabienne Pascaud, directrice de la publication avait fait le tour des popotes. Interviewée dans la matinale de France Musique et dans l'émission mainstream de France Culture "Soft power", la question de la radio n'avait jamais été évoquée, un comble nom ?

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