mardi 26 février 2013

Addor, l'écoute est d'or…

Andrew Orr












Dans le "petit" milieu de la création radiophonique et du documentaire radio, nous sommes "quelques" uns à aimer le retour sur écoute. Particulièrement quand ces écoutes confortent nos certitudes sur la richesse de ce qui s'entend. Quand paroles, sons, musiques, se superposent, se croisent, s'entrelacent au point d'assister à une œuvre, qui bouleverse à la fois notre façon d'écouter, notre façon de comprendre et notre façon de mémoriser. 

Quand on a la conviction que, sans images imposées, sans narration linéaire systématique, sans didactisme, la radio a ce pouvoir extraordinaire de mobiliser l'imaginaire, et de le stimuler à chaque fois qu'il se passe quelque chose de plus vibrant que l'écoute inattentive d'un flux de paroles et/ou de musique. Cette "mise en scène", mise en ondes est magique et le fait de magiciens qui s'emploient à fabriquer quelque chose d'inattendu, de complexe, de rare et de totalement original. Pas l'original galvaudé du consumérisme, mais celui, peut être, de "la rédaction primitive d'un document" (1). L'original de la mise en perspective ou en relief, de points de vue, d'idées, de "sujets" ou de témoignages. Pour écouter la création unique, de telle ou tel, jusqu'à lui reconnaître "un coup de patte", "une façon" ou une "technique" originales.

J'écris tout ça mais je ne sais rien. Peut-être après tant d'années d'écoute, une certaine intuition. Car, oui, je suis d'abord un écouteur qui, petit à petit, a fait des choix, a discriminé son écoute, a cherché à comprendre les "façons" de celles et ceux qui me bouleversaient, a écouté "plus loin" que ce qui rentre par une oreille et ressort par l'autre.

Tout ça pour vous dire qu'Addor (2) organise depuis sa création des soirées d'écoute avec des productrices et des producteurs de documentaires qui donnent à entendre des petites et grandes choses "enfouies" quelque part dans un rayonnage de l'Ina et/ou dans la mémoire collective des aficionados dudit documentaire. Euréka, voilà que maintenant ces soirées concentrées dans la capitale vont se déconcentrer dans nos petites machines à clavier, nous permettant ainsi, à notre tour, d'entendre et de partager, les bonnes choses (3). J'ai commencé par Andrew Orr, (4) et ai pris deux bonnes heures de plaisir à donner le temps au temps de l'écoute, voire à savourer des moments qui maintenant vont s'incruster dans ma mémoire.

Petit à petit, toutes les séances, ou presque, seront disponibles à l'écoute, ne reste plus qu'à s'imposer de tourner le bouton de la radio pour entrer dans ce monde, là où le documentaire est… d'or.

(1) in Le Robert,
(2) Association pour le développement du documentaire radiophonique,
(3) Traou mad en breton, tiens ça sera mon hommage du jour à Yann Paranthoën,
(4) Co-fondateur de Radio Nova et Nova Prod, ancien producteur pour France Culture, qui témoignait dans le documentaire sur Jean-François Bizot, samedi dernie.

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