vendredi 23 mars 2012

Priorité à l'info…

Hier dans les sessions d'info de midi après l'évènement de "Toulouse", j'ai voulu écouter France Info (c'est rare) et Europe 1. France Info fluide et organisée. Parfaite dans son métier d'info en continu. Europe 1 plus stressée. Aux alentours de 12h25, le journaliste au micro converse avec "un professionnel de la profession" (1), Alain Bauer "criminologue". Puis on sent le journaliste plus pressant, inquiet de la durée de parole de son interlocuteur, comme si dans quelques secondes un évènement majeur allait lui imposer de "faire taire" son invité. Courtois, le journaliste demande une interruption d'entretien, l'invité précise qu'il ne pourra pas beaucoup attendre, le journaliste lui assure que ce ne sera pas plus de trois minutes…

Et là, ce n'est ni le Président de la République, ni le Ministre de l'Intérieur qui s'expriment mais les annonceurs publicitaires de cet horaire "stratégique", particulièrement plus captif lors d'évènements très chauds. On imagine bien que si cela avait été les personnalités citées ci-dessus qui s'étaient exprimées en direct, la pub aurait été différée. Mais là, pas question d'être obligé de consentir un "rabais" aux annonceurs déplacés. Affligeant ! Affligeant pour la rupture du propos et de la conversation engagée. Affligeant pour la courtoisie minimum de ne pas interrompre un invité pour faire passer la pub à tout prix (c'est le cas de le dire). Affligeant pour la véracité des slogans. Après avoir annoncé "Priorité à l'info… " (2) c'est plutôt "Sur-Priorité à la Pub" qui se joue.

Je me rappelle bien du nom du premier annonceur de ce "flash" de pub, je ne me rappelle pas celui du journaliste (j'avais pris l'émission en cours). Autrefois Radio-Luxembourg, devenu RTL, avait convenu avec les annonceurs de sponsoriser une émission dans sa totalité. Le titre même de l'émission avait un rapport direct avec l'annonceur (3). C'était clair. À chacun aujourd'hui d'apprécier comment il souhaite ingurgiter l'actualité, avec des morceaux de voiture dedans, ou juste avec des informations rigoureuses… J'ai fait mon choix.

(1) formule chère à Jean-Luc Godard, cinéaste,
(2) le programme de divertissement de Michel Drucker de 10h30 à 12h avait été annulé,
(3) "Ça va bouillir" de Zappy Max, animateur à Radio Luxembourg, feuilleton quotidien comico-policier, sponsorisé par le lessivier Lever, 1952-1966 (source : Les années radio, Jean-François Remonté, L'arpenteur)

2 commentaires:

  1. Bonjour,

    J'ai fait le même choix !
    Toutefois, France Info n'est pas exempte de reproche, qui presse aussi ses intervenants de finir vite, non pas à cause de la pub, mais à cause des contraintes horaires qu'elle se fixe à elle-même ! Au lieu de prendre le temps dont elle dispose (info en continu), elle s'astreint à l'obligation d'un flash toutes les 7 minutes. Passées 6 minutes, l'officiant au micro commence à trépigner et son invité sera impitoyablement châtié...

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    1. Bonjour Henri, et d'abord merci pour votre attention à ma petite musique. Votre constat est juste. Mais je n'écoute pas les infos à la radio. Je l'ai déjà écrit, particulièrement quand il s'agit de tunnels inaudibles (Culture, Inter,). Les infos de France Musique sont resserrées et suffisantes à mon besoin. Et depuis quelques jours, suivant la "très bonne émission de radio" 28 minutes sur Arte Tv, je m'offre avant, le journal de cette chaîne qui pratique l'épure et ne fait jamais dans le sensationnel.
      Pour rappel : l'époque où Culture faisait de l'info à la mesure de sa spécificité, jusqu'en 1999, c'était royal. D'avoir installé les matinales pour "attraper les jeunes et les étudiants" (je me marre trop) a fini par me faire déserter les infos de la chaîne, particulièrement quand l'anchorman (Baddou) se voyait déjà en haut de l'affiche de la… télé.

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