vendredi 16 septembre 2011

France Culture… en toutes lettres (2)

Pourquoi Télérama a t-il choisi de titrer grivois (1), de troubler ses lecteurs (2), de tenter un jeu de mot tout sauf subtil (tâte/tête/tête) ? Pour ce journal, c'est quoi la radio aujourd'hui ? Des vedettes du micro dont on fait le portrait semaine après semaine ? D'observer amusé le jeu des chaises musicales ? De s'intéresser aux départs tonitruants, aux arrivées "ronflantes", aux transferts médiatiques ? Cela fait lurette que Télérama n'a pas écouté, de l'intérieur, une émission ! En s'intéressant à mettre en valeur la recherche du producteur, son point de vue, les débats que son documentaire-son reportage suscite, le montage de l'émission, son rythme, sa couleur, ses silences, sa durée dans le temps, sa périodicité, ce que ça implique de travail et de curiosité, ceux qui collaborent à l'entreprise et tissent une collection du savoir, du jeu radiophonique, de la fiction ou du documentaire,… il y en aurait des articles à écrire et sur plus d'une page hebdomadaire !

Mais la grande question qu'il convient de poser à cet hebdo comme aux quotidiens et aux autres hebdos qui évoquent l'actualité de ce média, c'est : " Qui parmi les journalistes aujourd'hui écoute la radio de façon professionnelle ? " La réponse risque de surprendre ! Cette absence d'écoute, de curiosité et d'intérêt mène tout droit à la facilité qui consiste à parler autour, parler de celui ou celle qui anime/produit, et de s'en tenir à des anecdotes bien croustillantes bien vite oubliées. Alain Veinstein producteur à France Culture a toujours dénoncé les journalistes qui venant l'interviewer (3) ne connaissaient rien de sa pratique et n'avait même peut-être jamais écouté ses émissions.

Avec cet article au titre déplacé, Télérama se décrédibilise, renie ses origines de "Radio-Cinéma", et n'aide pas à donner une autre image de la radio à de jeunes ou moins jeunes générations (gavées de radio privées) qui ont toujours renâclé à "écouter la différence" et refusé de s'engager dans des chemins de découverte. Télérama défrichait la radio ! Il le fait toujours pour la télévision, le cinéma, la littérature, le spectacle. Télérama a renoncé et sa page quotidienne est un faux-nez. Il serait temps de penser à rebaptiser l'hebdo car, c'est probant, le "ra" a quitté le navire !

(1) "Taddeï tâte du tête à tête à France Cul" (Telerama.fr, 11 septembre 2O11, 16 h)
(2) voir les commentaires à la suite de l'article sur leur site,
(3) producteur entre autre des Nuits magnétiques, Du jour au lendemain, Surpris par la nuit, …

2 commentaires:

  1. Merci pour cette analyse et ces rappels bien irritants :)

    Cependant, à la décharge (si je puis dire) de Télérama, le (lourd) jeu de mots et la troncature grivoise ne faisaient que renvoyer à la réputation dont les médias affublent Taddéi, d'être un libertin des idées et des actes. Esprit dont son entretien avec Edouard Molinaro était emprunt par ailleurs.
    Je trouve que le jeu de mot leste en valait donc quand même la chandelle (un bout) et n'était pas totalement gratuit.

    Ce qui ne retire rien à la pertinence de vos arguments sur le traitement de la radio en général.. malheureusement !

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  2. Bonjour Olivier, houla ! Télérama fait dans le subliminal ? Vos arguments tiennent la route et la … chandelle mais, dans ce cas ça ce serait "grave capilotracté non ? Si l'article s'appuie sur "ses pratiques libertines des idées et des actes" pourquoi n'y est-il pas fait allusion plus clairement ? J'attends d'entendre au moins cinq numéros avant de me prononcer sur le producteur de France Culture. Ce qu'aurait peut-être dû faire la journaliste qui ne peut s'appuyer que sur les émissions de Taddeï sur Europe 1. Y fait-elle référence ? Que nenni ! Ça ressemble à de l'effet d'annonce bien gratuit, bien médiatique à la manière de "les médias parlent aux médias ". Merci de vos précisions et "attendons d'entendre" !

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