jeudi 17 mai 2018

Guy Lagache nommé directeur d'Europe 1, moins de six mois après la nomination de Laurent Guimier

Le manège Lagardère continue. Après avoir débauché Frédéric Schlesinger, n°2 de Radio France en juillet 2017 pour diriger Europe 1, puis Laurent Guimier en mai 2018, Arnaud Lagardère vient à nouveau de débaucher le n°2 de Radio France, Guy Lagache nommé à ce poste par la Pédégère du Groupe public Sibyle Veil. Quand donc cette valse des pantins, cette mécanique infernale s'arrêtera-t-elle et surtout qui y mettra fin ? Quand arrêtera-t-on de considérer que la hiérarchie est en stage à Radio France pour, sur coup de sifflet strident et autoritaire, répondre subito aux sirènes du privé ? Quand y aura-t-il un retour de plus-value pour le service public qui se voit d'année en année affaiblit par ces pratiques managériales dignes des mercato du football ou de la finance. Qui donnera des garanties au service public de pouvoir compter, sur la durée, sur les dirigeants qu'il aura participé à former ?



Au-delà de cette fiction (probable) du prochain départ de Lagache pour Europe 1, il nous faut revenir aux sources de ce phénomène de vases communicants qui n'a pas commencé avec le débauchage de Schlesinger. Les passages du public au privé (et inversement) sont de pratique courante et établie en radio comme en TV et existent depuis que radios et TV privées existent. Pour autant pour ce qui concerne les dirigeants dits "n°2" c'est récent. Très récents même depuis la création de ce poste par Mathieu Gallet, Pdg de Radio France (2014-2018) nommé par le CSA et révoqué par celui-ci en février dernier. La candidature de Gallet ne pouvait tenir qu'avec l'expérience et l'expertise de Schlesinger. C'est sur ce binôme que le CSA a validé la candidature de Gallet. Ce dernier ayant toujours montré un mépris absolu pour les programmes, il ne pouvait se passer de son mentor.

Après le départ soudain de Schlesinger en juillet 2017, Gallet, dépité et fâché, doit lui trouver un remplaçant. Ce sera Guimier, directeur de France Info, normalement promis à une nouvelle mission de rapprochement entre France Bleu et France 3. Jusqu'en 2014 il n'y a jamais eu de n°2 à Radio France et encore moins de numéros. Les directeurs de chaîne dirigeaient sans avoir besoin d'un chaperon tout puissant qui, de fait, affaiblissait et contrôlait leur pouvoir. Sibyle Veil, nouvelle Pédégère de Radio France n'avait aucune obligation de prolonger cette fonction. Sauf si par là cela lui permettait de dégager du temps pour faire autre chose de plus haut niveau. Par exemple, la fusion programmée (dans le cadre de la future loi audiovisuelle) de Radio France et de France Télévisions.


Lagache TV
Hier Veil annonça la nomination de Guy Lagache, un homme une fois de plus, au poste de "directeur délégué aux antennes et à la stratégie éditoriale". Lagache ???? Lagache vient de la télévision privée dans laquelle il a fait toute sa carrière. Pourquoi ce choix ? Qui a fait ce choix ? Veil ? Assez peu probable. Juste un mois après avoir pris ses fonctions de présidente, on ne sort pas du chapeau un parfait étranger à la chose radio. À moins que cette particularité TV soit bien utile quand il s'agira d'activer la fusion des audiovisuels publics. Pour sa première décision stratégique Mme Veil laisse planer le doute de son indépendance et, par exemple, celui de s'être fait imposer ce choix par l'Élysée. Elle prend aussi le risque de brouiller les pistes de l'image "service public" qu'elle veut se donner. Mieux elle affirme par là, alors qu'elle est énarque, ne pas soutenir et promouvoir les agents du service public qui seraient donc incapables d'occuper ledit poste de n°2 ou toutes autres fonctions stratégiques. 

Pire, c'est un déni absolu de l'existant des forces vives et des compétences internes de Radio France. Comme s'en interrogeait hier Julien Bellver, journaliste média à Quotidien (TMC) sur Twitter : "Il n’y a plus de talents en interne à Radio France ?!?". C'est saper, non seulement le moral des troupes mais, surtout, c'est dénier au service public sa responsabilité de former et d'accompagner les personnels aux besoins du service public. C'est faire entrer le privé dans le public pour mieux sans doute le dévorer demain.

La roucoule de Schlesinger sur le service public : bidon. Celle de Guimier, une baudruche. On s'inquiète que dans quelques heures Lagache TV nous récite son bréviaire sponsorisé. Tout petit il écoutait Chancel (Inter), ayant mûri il passa sans transition à Culture Matin (Jean Lebrun, France Culture), puis à Paoli (Stéphane, Inter), se lavait les dents avec France Info. Le week-end était entièrement consacré à France Musique, parsemé de zestes de Fip. Et France Bleu ? Voyons, à chaque fois qu'il se rendait, et le plus souvent possible, dans sa région d'origine.

Malgré les innocents, ingénus et autres menteurs qui veulent nous faire accroire que la radio est un média d'avenir, la radio est morte. Ceux qui disent le contraire sont des innocents, des ingénus et des menteurs. Le média radio va se fondre dans le magma global. C'est la mue finale. Aujourd'hui. 

Et demain ?

1 commentaire:

  1. alors si ce "post" (sans "e"! et oui ) -là n'accueille aucun commentaires cela veut peut être dire aussi que les auditeurs le seraient (morts? ) .../...

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