lundi 30 janvier 2017

Donnet : l'après coup-coup...


















Bruno Donnet a l'habitude de mettre les pieds dans le Paf. Plaf, ce mardi 24 janvier il met les pieds dans le plat… Mediametrie. Et d'envoyer, sur un ton mi-goguenard mi-perfide, une saillie vigoureuse contre les sondages, qu'ils servent ou desservent la politique, qu'ils servent ou desservent la radio. Sans jamais citer France Inter et L'Instant M, émission où il officie chaque mardi, le chroniqueur tacle et fustige tous les chiffres à qui on peut faire dire tout et son contraire. Sonia Devillers qui anime, avec succès, cette émission depuis la rentrée 2014 (1), semble (à l'écran) un peu décontenancée pour ne pas dire perplexe.


Donnet fait ses choux gras des résultats qui placent RMC (et son mentor Bourdin) devant Europe 1. Au fur et à mesure de sa chronique on entend "en creux" (sic) que sa critique n'épargne pas France Inter qui, pour cette dernière "vague", prend la deuxième place du classement. Donnet ne s'est pas auto-censuré mais a peut-être un peu vite "craché dans la soupe". Devillers, à la fin de sa chronique, lui fait remarquer qu'entre une intention de vote, sondée et la réalité d'une écoute effectuée, il existe une différence. Ceci n'ébranle pas Donnet qui doute, entre autres, de la fiabilité d'analyse quart d'heure par quart d'heure, très utile aux différents directeurs de programme, pour orienter la dynamique d'une émission.


Ce qui serait très intéressant ce serait sur une longue période, dix ans par exemple, d'analyser l'évolution du nombre d'auditeurs totaux (2), la population française, les durées d'écoute, et les pourcentages de chacune des radios. Car on ne retient souvent (et assez vaguement) que le chiffre de la vague précédente que les responsables des radios concernées savent asséner, particulièrement s'il est en dessous du nouveau chiffre publié. On attend, sans trop y croire, qu'une émission média veuille bien faire ce travail de fond, qui au lieu de sanctifier, sondages après sondages, les premiers de la classe, s'intéresserait aux évolutions du média, contextualisées en fonction aussi des "nouveaux usages".


Dans leur livre "La saga France Inter : Amour, grèves et beautés", les auteurs Anne-Marie Gustave et Valérie Perronet (3) écrivent : "En 1964, un sondage Ifop - premier du genre -, commandé par le Centre d'Études des supports de publicité (CESP) et réalisé sur 5600 personnes donne Radio Luxembourg [qui deviendra RTL, ndlr] largement en tête avec 33,5% d'audience, devant Europe n°1 à 21,6% et France Inter à 20,7. Pas mal pour une station âgée d'un an à peine [France-Inter a pris en novembre 1963 la suite de Paris-Inter]. Mieux encore en 1967, avec 26,3% France Inter devance largement ses deux ainées : 24,6 pour Europe n°1 et 21,1 pour Radio Luxembourg." (4)















Alors si Donnet a bien fait de donner un coup de griffe aux sondages Médiamétrie, il aurait pu un peu plus subtilement inciter Sonia Devillers à inviter les responsables des études radio de l'institut de sondage spécialisé. Pas tant pour nous raconter les méthodes de sondage que pour brosser un large panorama de l'évolution du média radio. Ces chiffres très affinés, la "Direction des études" de Radio France les possède mais pas sûr qu'elle considère qu'il soit stratégique de les mettre sur la place publique. 

On risque donc encore longtemps de supporter quatre fois/an des remises de médailles qui intéressent surtout les annonceurs (des radios privées et aussi de Radio France) et un peu la tutelle du service public de radiodiffusion. De là à ce que la dite-tutelle adapte ses financements à ces sondages il n'y aurait qu'un pas que d'aucuns pourraient prochainement être tentés de faire, particulièrement si l'objectif était de diminuer le nombre de chaînes publiques de radio.


Quand, en 1986, Radio France a "intégré" la société Médiametrie créée en 1985, elle n'imaginait pas qu'elle ouvrait ainsi "La boîte de Pandore". Voir ici l'interview du Pdg de Médiamétrie, Bruno Chetaille.  


(1) France Inter, du lundi au vendredi 9h40-10h,

(2) L'audience globale de la radio étant en novembre-décembre 2016 à 80,8%, soit (en millions) 43 382 du lundi au vendredi et 35 968 les samedi et dimanche (source Médiamétrie, janvier 2017) diminuant légèrement depuis plusieurs vagues de sondage,
(3) Pygmalion, 2013. Le livre, sur d'autres sujets comporte plusieurs erreurs factuelles et imprécisions.

(4) Si Gustave et Perronet précisent que France Inter n'a pas un an pour le sondage de 64, elles auraient du préciser que pour le sondage de 67, RTL (ex Radio-Luxembourg) a aussi moins d'un an et que la nouvelle politique de programmes impulsée par Jean Prouvost et Jean Farran (Pdg et directeur d'antenne) qui a vu l'abandon de tous les feuilletons quotidiens, et particulièrement le cultisime "La famille Duraton", a pu faire déserter nombre d'auditeurs désemparés par des changements aussi radicaux.


dimanche 29 janvier 2017

Manège d'été à France Musique… (22/33)










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Pendant deux mois, cet été 2016, Laurent Valero et Thierry Jousse, séparément, nous ont offert deux heures quotidiennes de petits bijoux musicaux. Deux heures, de dix-huit à vingt heures, qui passent, fuient et puis, le vingt-six août c'est fini. Mais c'est quand même pas possible de laisser s'envoler une telle richesse dans l'éphémère. Alors, comme je l'ai fait moi-même (souvent l'émission à peine finie) je vous propose de réécouter chaque dimanche (idéal) un épisode de leur saga d'été. Juste avant de les retrouver ensemble à 18h, ce dimanche sur France Musique pour le nouvel "Easy tempo". 

Jeudi 11 août. "Berimbau", de Powell/de Moraes, interprété ici par Clara Sandroni et Marcos Sacramento au chant, nous ouvre les portes de ce quatrième "Brésil" qui ponctue depuis le début de la semaine nos fins de journée, sans qu'il ne soit indispensable d'accompagner ces accents brésiliens de caïpirinhas qui, après nous faire chavirer, pourraient bien nous faire tourner la tête. Quoique ! Et si "Canto de Ossanha" nous plonge en terrain de connaissance, il faut bien tendre l'oreille pour attraper les nuances et les subtilités d'un morceau que Baden Powell et Vinicius de Moraes ont, sans doute, ciselé à l'ombre du Corcovado ou sur les plages de Copacabana (clichés offerts par votre serviteur).


Et tout va couler dans la même veine. Inexorablement. J'écris ce billet mercredi 25 janvier. Cela fait dix jours qu'il n'a pas plu à l'extrême pointe nord-ouest du Finistère. C'est l'hiver. Et, si notre soleil d'hiver ne vaudra jamais celui de Rio ou de Belem, il éclaire le ciel du même bleu que celui des mers qui nous entourent, la Manche et l'Atlantique. Le jaune change les ombres et la musique brésilienne prend un tout autre relief ! On roucoule quoi ! Les chanteuses, les guitares font le job et nous transportent beaucoup plus loin que le son qui percute nos enceintes.


Et roulons pour Rosa Passos jusqu'à ce que le soleil ne se couche plus jamais en août ! Carrément. Et tout ira à l'avenant. Un festival. Un carnaval. Un bal infini qui nous laisserait sur les genoux ! Si tout va bien vous laisserez vos quelques économies chez les disquaires ou sur vos plateformes préférées et vous vous rejouerez at home vos plus beaux souvenirs brésiliens n'hésitant pas à clamer, vos mains en porte-voix à l'attention de Thierry Jousse "Merci pour ce moment"…
Et retrouvez les compères today á 18h 
sur France Musique pour un Easy tempo "Autour de Gershwin 2/2".


* Générique Ennio Morricone avec la voix d’Edda dell’Orso 
Une Voce allo Specchio, extrait de la BO de La Stagione dei Sensi.

mardi 24 janvier 2017

L'enfumage élevé au rang de grand art... de la com'


















"Il faut tout changer pour que rien ne change». Dans son roman "Il gattopardo" (Le Guépard) Tomasi di Lampedusa, fait prononcer cette injonction par Tancrede au comte de Salina (1) en pleine révolution italienne en 1860, précédant l'unité du royaume d'Italie en 1861. Elle pourrait tenir de mot d'ordre pour France Culture. Mais Sandrine Treiner, sa directrice, n'a ni le style, ni la rigueur historique de di Lampedusa pour asséner une telle réplique.

Treiner a peut-être pensé "Il faut [faire croire de] tout changer pour que rien ne change". Et, manquant de souffle et de lyrisme, son mot d'ordre 
"On a tout changé !se résume à quatre mots qu'elle annonce sans rire lors de la conférence de presse de rentrée de Radio France, en août 2016. Prenant sûrement la presse et les auditeurs pour des abrutis car, sauf à la marge, la grille est identique de 7h à 22h15 (2). En fin de semaine une matinale de 7h à 9h (3), annoncée comme culturelle et qui, très vite a plongé dans la politique, poil à gratter de la rédaction de France Culture. Le samedi "Métronomique" (sic) remplace "Supersonik" de Thomas Baumgartner. Un genre d'histoire en musique ou le contraire. Et le dimanche 
"Une histoire particulière", émission documentaire en deux parties sur une heure consécutive (4).  

Alors qu'a-t-on changé ? Les bonettes des micros, un sonal, ou le sous-titre de la chaîne ? Avec "France Culture, nouvelle génération", titre décidé en haut lieu à Radio France, la chaîne des savoirs (sic) inaugure sa mue engagée dès 1999 par L.A.woman, Laure Adler. "Nouvelle génération" de quoi ? De programmes, de producteurs, de documentaires ? Ou cela concernerait-il les "nouvelles générations" à l'écoute ? On notera l'absence de pluriel au mot génération qui laisse entrevoir que Treiner aurait, avec sa méthode Coué en sautoir, fait du neuf avec du "vieux". Supercherie. Malhonnêteté intellectuelle. Grosse farce pas drôle (5).


"Au secours, fuyons !". Laissons donc la longue traîne des gogos de tous poils s'esbaudir devant la dernière vague de sondages Médiamétrie. La course à l'échalote initiée par Olivier Poivre (d'Arvor) n'en est qu'à ses débuts. La "culture" s'évalue dorénavant au poids. Sur la radio publique elle pèse 2,3. 2,3 quoi ? 2,3 de tout ce que vous voulez du moment que ça pèse quelque chose. 2,3 tonnes de blabla, de "Nouvelles vagues" à "Ping-Pong" en passant par "La dispute" et autres "Soft power". Pour cette dernière la "Masse critique" de mainstream ayant été atteinte depuis longtemps, on se demande pourquoi elle n'émigrerait pas sur Mouv'. D'J' Martel plus fort que D'J' Clark !  Mais pas plus fort que Mireille ?   



(1) Interprétée magistralement par Alain Delon (Tancrede) et Burt Lancaster (Salina) dans le film éponyme de Visconti "Le guépard" (1963),

(2) Deux changements : "Les petits matins" et "La méthode scientifique", 
(3) Soit encore une session supplémentaire d'infos …
(4) Méga foutage de gueule, on voit bien l'effet attendu d'avoir un espace supplémentaire pour y intégrer de la pub !
(5) Et qu'on sache, avec beaucoup moins d'allant que pour aller interviewer Jonathan Franzen à New-York en mai 2016, Guillaume Erner "et la rédaction" n'étaient pas à la "Marche des femmes" à Washington ce samedi 21 janvier..

lundi 23 janvier 2017

Europe1… le début de la fin ?





















L'affaire est entendue Europe 1 est dans les choux... La station de la rue François 1er (Paris) a eu beau fêter ses soixante ans en février 2016, le bateau coule… et la croisière ne s'amuse plus ! Comment la radio de Sylvain Floirat, Maurice Siegel, Jean Gorini, Lucien Morisse a pu en arriver là (1) ? Comment celle de Biraud, Bellemare, Yanne, des frères Rouland, de Coluche, Paoli, Levaï, Arnaud, Lancelot, Jouffa, Ténot, Filipacchi, Bonte, Alfonsi a pu sombrer dans une telle bérézina (2) ? 

Si c'est ce que Denis Olivennes (3) se demande tous les jours en se rasant, jeudi 19 janvier dernier il a du tomber de l'armoire. En effet après la petite "messe" que la direction dit et redit après chaque vague de sondages "Médiamétrie" de nombreux personnels de la chaîne -journalistes, animateurs, techniciens, administratifs - ont présenté une motion qui a laissé pantois Olivennes, Lenormand et Namias (4).


"Qu'elles soient à la rédaction, aux programmes, au web, à la technique, à la pub ou dans les services transverses, ces équipes étaient déjà là il y a 5 ans, à l'époque où Europe 1 attirait 1 million d'auditeurs de plus qu'aujourd'hui. Tout au long de ces années, elles n'ont ménagé ni leur temps ni leur peine pour faire cette antenne qui leur tient à coeur." L'état d'urgence est déclaré sans qu'une motion de défiance ne soit votée. Si la confiance est entamée elle n'a pas complètement disparue comme me le confirmera ce journaliste qui a souhaité garder l'anonymat.

Dans la tourmente, l'"alignement favorable de trois planètes" pourrait débloquer une situation désespérante. Les mauvais sondages, la proximité de la prochaine élection présidentielle et l'image d'une radio qui a toujours été en pointe sur l'actualité politique, pourraient inciter l'actionnaire Lagardère, Olivennes le directeur de Lagardère Active qui coiffe Europe 1 et Lenormand le directeur de la chaîne, à provoquer l'état de choc salutaire à la station, attendu depuis le départ de Ruquier en 2014. Renouer avec des programmes originaux, casser des rythmes établis, renouer avec la musique et l'humour d'une autre façon que ce qui se joue dans la concurrence : RTL, France Inter, et RMC qui, goguenard vient de s'installer ex-aequo avec Europe 1 qui la regardait de si haut.

Le message des salariés est clair : "Les salariés d'Europe 1 ne se reconnaissent pas dans la série de changements malencontreux intervenus sur l'antenne depuis le départ de Laurent Ruquier. Aussi bien dans les tranches de programmes que dans les tranches d'info. Annoncé par l'intéressé six mois à l'avance, ce départ aurait dû conduire la direction à s'interroger sur l'identité d'Europe 1, son positionnement, sa cible, la forme de sa relation avec ses auditeurs. Et à associer tous les métiers de l'entreprise à cette réflexion. Elle ne l'a pas fait, préférant recourir à des solutions faciles, coûteuses et, au final, à côté de la plaque."

Reste la météorite Bolloré, dont les spécialistes annoncent l'approche et la collision probable avec  Europe 1, même si sa trajectoire n'est pas absolument établie. Pendant ce temps, sur son nuage, dieu Elkabbach, conseillant de la main gauche Lagardère et de la droite Bolloré, pourrait, magnanime, de sa surpuissance et d'un seul geste de la main éviter le chaos. 

Mais ce dieu, si puissant soit-il, pourra-t-il ignorer cet ultimatum qui conclue la motion :
""L'engagement sans faille" que Denis Olivennes et Richard Lenormand attendent de tous les collaborateurs d'Europe 1 ne sera pas au rendez-vous sans un signal fort et rapide. Un signal sur deux plans : 1. Retour à un management qui respecte le savoir-faire des équipes et qui les associe à toutes les étapes de la reconquête. 2. Titularisation de tous les salariés indûment employés en contrats précaires."

On regrette tout d'un coup, Madame Soleil, qui fit les belles heures de l'astrologie à Europe n°1 (5).










(1) Respectivement, propriétaire de la chaine avant de la céder à Jean-Luc Lagardère, directeur de l'information puis directeur de la station, adjoint de Siegel, directeur artistique… 
(2) Liste bien incomplète et non exhaustive de ceux qui ont participé à l'image de marque de la radio…
(3) Président de Lagardère Active, 

(4) Directeur de la station, ex-directeur de la chaine, directeur de l'information animateur de l'interview de 8h20 en remplacement de Jean-Pierre Elkabbach ,

(5) Germaine Soleil, 1913-1996, animatrice de 1970 à 1993,

dimanche 22 janvier 2017

Manège d'été à France Musique... (21/33)










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Pendant deux mois, cet été 2016, Laurent Valero et Thierry Jousse, séparément, nous ont offert deux heures quotidiennes de petits bijoux musicaux. Deux heures, de dix-huit à vingt heures, qui passent, fuient et puis, le vingt-six août c'est fini. Mais c'est quand même pas possible de laisser s'envoler une telle richesse dans l'éphémère. Alors, comme je l'ai fait moi-même (souvent l'émission à peine finie) je vous propose de réécouter chaque dimanche (idéal) un épisode de leur saga d'été. Juste avant de les retrouver ensemble à 18h, ce dimanche sur France Musique pour le nouvel "Easy tempo". 

Mercredi 10 août. Pour ce troisième "Brésil", Jousse nous offre par le maître Quincy Jones "Desafinado" du maestro Jobim, de quoi savourer l'été de France Musique qui nous aura fait tourner la tête à chaque "Retour de Plage". Et voilà le "Corcovado" (Jobim) joué ici par Stan Getz et la voix de rêve d'Astrud Gilberto. "Aguas de Março" ne peut nous résigner à apprendre le brésilien même si l'entreprise ressemble fort à un vœu pieux.

Jousse et Valero sont les champions du monde de "digressions sur le même thème" ou "exercices de style" chers à Queneau. L'exercice pouvant se renouveler à l'infini, nous pouvons toujours nous attendre à être surpris. C'est tout le charme de cette émission et de l'"Easy tempo" développé depuis plus de dix ans par les deux producteurs. Tout le monde peut enchaîner les mots "Bahia" et "Ipanema" mais personne, comme eux, ne sait trouver l'accroche qui captera si bien notre attention et notre écoute. Même si ça fait des dizaines et des dizaines de fois qu'on écoute "Girl from Ipanema".

Comme Braudel, l'historien, aimait "la longue durée" dans l'histoire, Jousse et Valero aiment la longue durée de la musique et l'histoire qu'ils nous content s'inscrit superbement dans l'histoire de la musique. Vous l'aurez bien compris, c'est parce qu'ils nous racontent des histoires que j'ai autant de plaisir à les écouter. Alors ne vous en déplaise MM. les dirigeants de la radio publique, le jour où la radio n'aura plus d'histoire à raconter (et mettrait à la place un robinet à musique) ça en sera fini de la radio. CQFD.

Clore ce set avec Santana, Gabor Szabo "Little Boat" et le même morceau par Elek Bacsik c'est la promesse d'un prochain "Retour de Plage" brésilien.

Et retrouvez les compères today á 18h 
sur France Musique pour un Easy tempo "Autour de Gershwin 1/2"



* Générique Ennio Morricone avec la voix d’Edda dell’Orso 
Une Voce allo Specchio, extrait de la BO de La Stagione dei Sensi.

jeudi 19 janvier 2017

Bonnes longueurs d'ondes...

Carole Pither





















J-11. Le 31 janvier, le 14ème Festival Longueur d'Ondes de Brest ouvrira grandes ses portes à la radio. À son histoire, son actualité, son avenir. Là, aficionados, auditeurs et professionnels, vont se croiser et croiser souvenirs et écoutes sensibles. Se découvrir. Intervenant dans ce festival, il me fallait préciser deux trois choses. J'ai donc passé une bonne partie de la journée d'hier à converser avec quatre femmes qui font et ont fait la radio.

Paula Jacques (productrice radio), Elisabeth Lerminier (productrice radio), Carole Pither (reporter et productrice radio), Simone Depoux (réalisatrice à Radio France). À chaque conversation nous avons "refait" l'histoire. Complété chacun le grand livre, ouvert, d'une histoire invraisemblable qui ne s'écrit pas mais se raconte sans fin. De façon volubile, avec la même ferveur toujours, dans d'interminables parties de ping-pong. 

Que nous parlions de femmes ou d'hommes de radio, que nous parlions de sa fabrique ou bien encore de sa mue irréversible. Avec chacune, j'ai parlé comme si nous avions arrêté la conversation avant-hier. Parlé de la radio, au passé et au présent. Toujours sur le fil, à fleur de peau, à fleur de voix, à fleur de tripes. 

C'est notre histoire commune. Indissociable de nos vies personnelles. Notre histoire collective que l'on se raconte à chaque repas de famille. Avec, d'une fois sur l'autre, tout ce qu'il est urgent de partager pour, ensemble continuer le début... ou le combat, c'est selon. Et, à Brest, quand vient le banquet annuel de la Grande Famille, les jours font plus de vingt-quatre heures et les nuits sont bien courtes. Les ondes longues, très longues. 

Et elles ne manquent, pointe de Bretagne oblige, ni de sel, ni du vent nécessaire à les porter loin. Très très loin.

mardi 17 janvier 2017

La radio... sans le son : cool memories.

"Hippies" Copyright Irving Penn





















Le dimanche j'écris mon billet du lundi. Le lundi je lis le magazine du Monde que j'ai pas eu le temps de lire le samedi. Pas tout le magazine. L'article de Judith Perrignon. "Une famille américaine". Perrignon est partie aux Etats-Unis sur les traces d'une photo d'Irving Penn. Y chercher Gretchen, Yossarian et Alton Kelley. Elle raconte. J'entends sa voix. J'entends la musique. J'entends les sons d'ambiance qui accompagnent son périple. Sa quête même.


Je l'entends parce qu'en septembre dernier j'ai écouté cinq fois les cinq émissions qu'elle et Christine Diger ont consacré à Frank Sinatra à l'été 2014 sur France Culture. J'aime comment Perrignon raconte les histoires. Avec sa plume. Avec sa voix. Diger, réalisatrice, sublime l'affaire et nous plonge dans l'ambiance. Une ambiance magnétique. Une ambiance pour le jour. Une ambiance pour la nuit. Des sons de la vie quotidienne et domestique. Des sons d'enfants qui jouent et des chiens qui aboient dans les mobil-home. Des sons d'accords de guitare et d'harmonica. 


Je pense à Alain Dister et à Philippe Garnier (1). Tout est en place. Sur la route, Joplin (Janis), The grateful dead, Zappa (Franck), Hendrix (Jimi). Derrière la photo en N&B de Penn, les couleurs de la Californie. "La rumeur disait que, là-bas, une nouvelle façon de vivre apparaissait, exotique même pour la Californie. Les gens parlaient d'une nouvelle sorte de jeunes gens qu'on appelait les hippies, et d'un quartier où ils avaient commencé à se rassembler, Haight-Ashbury. Ils semblaient avoir trouvé une vie satisfaisante en quittant la société où ils étaient nés, et en créant la leur." (2)


J'ai lu deux fois l'article de Perrignon. La première sans le son, la seconde avec. J'ai rêvé de "Nuits magnétiques" (3). J'ai rêvé du temps long pour écouter une histoire, des histoires mêlées, des musiques, des témoignages des gens rencontrés. D'arrêt sur images. Celles d'Irving Penn. Avec la voix de Perrignon qui raconte si bien ce qu'elle écrit si bien. J'ai refait mon film radio. 35 mm. Cinémascope couleur. Intact. Avec indicatif, annonces, désannonces. C'était pas dans la radio et il n'y avait que moi pour l'entendre.


(1) Alain Dister "Oh hippie days" Fayard, 2001, Philippe Garnier "Les coins coupés" Grasset, 2001

(2) Penn, cité par Perrignon, Le Monde Magazine, 14 janvier 2016,
(3) "La nation Woodstock" ou le cri d'une génération, France Culture, 5 émissions du 26 au 30 juin 1978.

lundi 16 janvier 2017

Le petit théâtre de... Lebrun

Chaban-Delmas en 1969





















C'est dimanche. Et oui, mes chers auditeurs, avec les mêmes exigences que la presse papier (et web) qui doit être en kiosque le lundi matin, je m'attelle à la rédaction de ce billet. C'est dimanche, le temps est plus long et la concentration sans doute plus aiguë, propice à l'écriture. J'ai donc remis à plus tard d'aller courir les grèves ou le guilledou... Si le dimanche est propice à la concentration, il l'est aussi à l'écoute de la radio. Une écoute plaisir, une écoute sans parasites, sans les interférences intempestives de la vie moderne connectée. Amen.

Il y a lurette que je n'ai pas tendu l'oreille vers les joutes oratoires que Jean Lebrun n'a de cesse de ponctuer dans sa grande "Marche de l'histoire" sur France Inter (1). Ponctuer avec ce qu'il faut d'inattendu et de saveur, comme si "son" théâtre de l'histoire donnait un coup de frais au genre et, surtout s'inscrivait comme la petite madeleine d'une narration réinventée. Lebrun aime emprunter les chemins de traverse, chercher les cachés derrière, scruter les profondeurs de champ. Cela pour travailler ses sujets et affronter, à fleuret moucheté, ses interlocuteurs. Comme un genre de chat prêt à bondir et rebondir là où on ne l'attend pas.

Lundi dernier, 9 janvier, Lebrun faisait "rejouer" la séance du 4 octobre 1962 à l'Assemblée nationale où, ce jour-là, la colère des députés est vive de voir un Président de la République, Charles de Gaulle, proposer aux Français, par référendum, l'élection du Président de la République au suffrage universel direct. Je le dis d'emblée, ce moment de radio est réjouissant. Ces presque 30' de "théâtre" sont passionnantes et éclairent d'une autre façon la dureté des débats qui ont opposé les "notoires" (2) et les partisans du Général pour faire évoluer la Vème République vers plus de démocratie.

Il est succulent d'entendre les acteurs (politiques) de l'époque qui, après avoir tressé des lauriers mérités au héros de 1945, ne manquent pas de le vouer aux gémonies, pas loin de rêver d'un coup d'État qui renverrait le Général à sa retraite définitive. D'entendre les débats, quand on connaît l'histoire, la précise au point d'en découvrir les détails qui auraient pu en changer radicalement la face. C'est sans doute là la force de l'audio sur le récit. La personnalisation orale de chaque acteur captive l'esprit et donne à l'histoire ses reliefs : accent, ton, dramaturgie que le seul récit ne peut évoquer.

Lebrun, avec ses "relectures" de l'histoire, on est très loin du jeu "plan-plan" de l'histoire-événement que les historiens Castelot, Chiappe et Decaux mettaient en scène pour "La tribune de l'histoire" à la RTF puis sur France Inter (3). Pour être dans l'histoire et, dans le jeu même que Lebrun fait jouer aux acteurs de la Comédie française, le producteur s'est donné le rôle du Président de l'Assemblée nationale, ici Jacques Chaban-Delmas. Cette figure du résistant gaulliste, pugnace et pressé, lui va bien à Lebrun. Chaban, le futur inventeur de "La nouvelle société" (4) aurait sûrement aimé ferrailler avec Lebrun l'inventeur de "La nouvelle histoire"... à la radio.



(1) Depuis février 2011, du lundi au vendredi, 13:30/14:00,
(2) L'écoute de l'émission vous donnera l'explication de ce mot,
(3) Depuis 1951 à là Ratio Télévision Française (RTF) et de 1963 à 1997 à France Inter, à différents horaires et différents jours,
(4) Projet politique élaboré entre autres, par Jacques Delors et Simon Nora en 1969, et soumis à l'Assemblee nationale le 16 septembre de la même année par Chaban, premier ministre de Georges Pompidou.

dimanche 15 janvier 2017

Manège d'été à France Musique... (20/33)










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Pendant deux mois, cet été 2016, Laurent Valero et Thierry Jousse, séparément, nous ont offert deux heures quotidiennes de petits bijoux musicaux. Deux heures, de dix-huit à vingt heures, qui passent, fuient et puis, le vingt-six août c'est fini. Mais c'est quand même pas possible de laisser s'envoler une telle richesse dans l'éphémère. Alors, comme je l'ai fait moi-même (souvent l'émission à peine finie) je vous propose de réécouter chaque dimanche (idéal) un épisode de leur saga d'été. Juste avant de les retrouver ensemble à 18h, ce dimanche sur France Musique pour le nouvel "Easy tempo". 

Mardi 9 août. Jazz, samba, bossa : voilà le bon cocktail anti-morosité. Et le "Carnavel" de Clare Fischer nous fait nous trémousser, enfin pour ceux qui savent se trémousser, s'entend. Et la trémousse de s'alanguir au point d'écrapoutir tous les ours polaires qui, sur la banquise, n'auraient eu l'heur de trouver la compagne idéale pour flirter (allégorie offerte gracieusement par l'auteur). 


À défaut de glisser sur la banquise, vous pourrez toujours fondre... de plaisir avec les saxos de Dave Brubeck, celui, alto, de Paul Desmond et de la guitare de Jim Hall pour leur Bossa Antigua. De là où j'observe, ça y est, la banquise a fondu. Et l'on nage dans la béatitude. Ce programme est divin. On voudrait filer au Corcovado en samba ininterrompue. Jusqu'à ce que Coleman Hawkins interprète "Samba Para Bean", parce que là plus rien ne nous arrêtant, force sera de constater que là touffeur du Finistère est juste un peu moins étouffante que celle du Brésil.

Après si on nous envoie Jon Lucien d'abord puis Morgana King pour "How Insensitive" on sent la patte Jobim et la très grande classe des interprétations. Quant à "Manha de carnaval" c'est le morceau idéal pour fermer les yeux et siroter une boisson à plus de 8°. "Finir
avec Helen Merrill, Isabelle Aubret, Françoise Hardy et Tuca ce sont les bonnes surprises d'une programmation riche et éclectique.

Dois-je préciser que quelques heures après sa diffusion, ce 9 août j'ai remis le couvert pour prolonger de deux heures supplémentaires ces découvertes où il n'y a rien, mais vraiment rien à jeter.

Et retrouvez les compères today á 18h 
sur France Musique pour un Easy tempo "Blues, blues, blues"



* Générique Ennio Morricone avec la voix d’Edda dell’Orso 
Une Voce allo Specchio, extrait de la BO de La Stagione dei Sensi.

lundi 9 janvier 2017

Les feux de l'amour... (de la radio pour la TV)

Marcel Jullian


















C'est un fait acquis, depuis que la télévision existe, la radio a pour elle les yeux de Chimène et n'a cessé de la vénérer à l'autel des médias ? Fascination démesurée pour le progrès, le mouvement, la couleur. Comme si la radio n'avait d'autre choix que de minorer sa voix pour définitivement sublimer l'image (1). Pas une seule journée d'antenne, toutes radios confondues, sans que la télévision ne bénéficie d'une promotion exceptionnelle, voire dans certains cas de dithyrambes sans égal d'un média pour un autre. Mais, a contrario sans jamais aucun retour d'ascenseur.

En effet, qui donc pourrait avoir cette idée saugrenue de faire la promotion de la radio à la télévision ? Cette seule question est un coup d'épée dans l'eau ! Et l'eau ici est très très profonde. Car bien avant que Sonia Devillers sur France Inter (2) ne vienne insuffler une bonne dose d'intelligence, d'analyse et de recul sur le "phénomène TV", régnait en "Petit roi" l'animateur du "Grand direct des médias" sur Europe 1 (3). Pour autant, avec autant d'intelligence et d'analyse que Devillers, Marcel Jullian avait, au milieu des années 80, produit "Écran total" sur France Inter (4).

C'est Jean Garretto qui, sur cette simple réflexion "De quoi parlent les gens le matin ? De ce qu'ils ont vu la veille à la télé." proposa à Jullian d'inventer une autre façon de parler de la télévision. Avec comme concept, parler le lendemain de ce que "nous" avons regardé la veille. Et ça, ça change tout. Ce n'est plus la promotion d'une émission à venir, mais l'analyse, l'approndissement d'un sujet avec, après-coup, des invités

Depuis la rentrée 2016, si Sonia Devillers a balayé large sur les médias, la télévision reste le sujet majeur et celui dont on parle le plus dans l'Instant M. "Fatalement' ça peut donner envie de regarder une émission quand réalisateurs, acteurs, protagonistes viennent la défendre au micro. Mais, et ce sont sans doute les limites du genre, on ne parle presque jamais radio à la radio dans les émissions média (5). Pourtant, sûr que quelques aficionados seraient prêts à venir en parler.

Je tournais vendredi ce billet dans ma tête quand, voici-voilà, que sur C8 "La nouvelle édition" invite dans son talk-show de midi, Sonia Devillers et Thomas Joubert pour parler, pour parler... de télévision. C'est nouveau, la télévision appelle "à l'aide" deux professionnels de la radio pour des analyses sur le média télé et "le dernier show dont tout le monde parle". Mais de radio il ne fut point question.

La boucle est bouclée. La télévision met en avant les matinales radios avec son lot de petites-phrases et de mimiques filmées (6), s'appuie sur des experts des médias qui officient à la radio, mais n'est certainement pas prête à inventer une émission d'analyse et de promotion du média radiophonique. Je le redis, ce billet est donc un coup d'épée dans l'eau : la radio est définitivement "coulée" par la TV. CQFD !

(1) Avec plus ou moins de réussite jusque dans ses propres studios. Sans parler de la méga-fusion franceinfo FranceTélévisions... Pour autant pourquoi des animateurs TV, tels Drucker faisant la promo des chaines Tv privées sur le service public, pourraient renvoyer l'ascenseur en faisant "Vivement la radio" ?  La télé sait si bien s'auto-promouvoir qu'elle invente même à la TV des émissions de promotion de la TV.

(2) L'instant M, du lundi au vendredi, 9:41-10:00,
(3) Jean-Marc Morandini, avant d'être remplacé depuis la rentrée par Thomas Joubert, du lundi au vendredi, 9:00-10:00

(4) Homme de télé (co-créateur d'Antenne 2 avec Jacques Chancel), écrivain, scénariste (entre autres du film "La grande vadrouille"). Alors que Jullian est en "pleine traversée du désert" Jean Garretto (à l'époque Directeur de France Inter) lui proposera de produire cette émission avec Jean Morzadec comme co-producteur. Elle durera 4 saisons, sous trois directeurs et quatre horaires différents !

(5) Même si Sonia Devillers a reçu plusieurs animateurs de radios privées, depuis que l'émission existe en 2014,
6) Dans "La nouvelle édition" (C8) et dans "Quotidien" (TMC).