samedi 11 novembre 2017

La société du spectacle… 50 ans et toutes ses dents !

Guy Debord dans un photomontage de The Toast


















"Le propre de la société du spectacle c'est de capter nos désirs, de nous rendre étrangers à nos propres désirs…" . Vous avez quatre heures. Enfin, une heure surtout pour que le documentaire de David Christoffel remette les pendules à l'heure (1), cinquante ans après la publication d'un essai critique de Guy Debord "La société du spectacle". Voilà encore quelques germes qui ne seront pas sans influencer le "mouvement 68" ou les mouvements synchronisés et désynchronisés du printemps 1968.

"Pour la première fois dans l'histoire voilà les agents économiques hautement spécialisés qui en dehors de leur travail doivent faire tout eux-mêmes. Ils conduisent eux-mêmes leurs voitures et commencent à pomper eux-mêmes leur essence, ils font eux-mêmes leurs achats ou ce qu'ils appellent de la cuisine, ils se servent eux-mêmes dans les supermarchés comme dans ce qui a remplacé les wagons-restaurants…" Cette citation de Debord reprise dans le documentaire de Christofel me fait penser au cinéma de Jacques Tati. Debord pointe les travers, Tati en stigmatise le grotesque.

"Debord est un critique de la société des loisirs c'est à dire le fait que le capitalisme progressivement s'est emparé de l'intégralité du temps vécu". Rien que ça ! Youpie, the dream is over comme dirait l'autre (2). "L'aliénation du travailleur chez Marx concernait surtout la sphère de la production mais Debord dit que le propre du capitalisme contemporain c'est d'avoir étendu l'aliénation, son contrôle jusque dans la vie quotidienne et jusque dans les loisirs."

On ne pourra qu'être gré à Christofel de nous avoir remis "au goût du jour" un Debord souvent cité mais "peu lu". Ce documentaire nous donne des clefs. Il nous prépare surtout à nous prémunir des effets spectaculaires de la déferlante "68" qui, dès janvier, va envahir tous les médias avec (peut-être) la bénédiction "Ubi et orbi" de Macron lui-même (3).

 

(1) "Une vie, une œuvre", ce samedi France Culture, 15h,
(2) John Lennon himself !
(3) On guettera les porte-clefs Cohn-Bendit, les pin's Grimaud (préfet de police), les hand-spinners ORTF, les pendentifs en matraque de CRS, les bracelets "Ce n'est qu'un début" et les colliers "Continuons le combat", les tatouages/stickers "Il est interdit d'interdire", une appli "Sous les pavés la plage" et Obispo/Barbelivien une comédie musicale "Cours camarade (le vieux monde est derrière toi)"…

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