lundi 30 janvier 2017

Donnet : l'après coup-coup...


















Bruno Donnet a l'habitude de mettre les pieds dans le Paf. Plaf, ce mardi 24 janvier il met les pieds dans le plat… Mediametrie. Et d'envoyer, sur un ton mi-goguenard mi-perfide, une saillie vigoureuse contre les sondages, qu'ils servent ou desservent la politique, qu'ils servent ou desservent la radio. Sans jamais citer France Inter et L'Instant M, émission où il officie chaque mardi, le chroniqueur tacle et fustige tous les chiffres à qui on peut faire dire tout et son contraire. Sonia Devillers qui anime, avec succès, cette émission depuis la rentrée 2014 (1), semble (à l'écran) un peu décontenancée pour ne pas dire perplexe.


Donnet fait ses choux gras des résultats qui placent RMC (et son mentor Bourdin) devant Europe 1. Au fur et à mesure de sa chronique on entend "en creux" (sic) que sa critique n'épargne pas France Inter qui, pour cette dernière "vague", prend la deuxième place du classement. Donnet ne s'est pas auto-censuré mais a peut-être un peu vite "craché dans la soupe". Devillers, à la fin de sa chronique, lui fait remarquer qu'entre une intention de vote, sondée et la réalité d'une écoute effectuée, il existe une différence. Ceci n'ébranle pas Donnet qui doute, entre autres, de la fiabilité d'analyse quart d'heure par quart d'heure, très utile aux différents directeurs de programme, pour orienter la dynamique d'une émission.


Ce qui serait très intéressant ce serait sur une longue période, dix ans par exemple, d'analyser l'évolution du nombre d'auditeurs totaux (2), la population française, les durées d'écoute, et les pourcentages de chacune des radios. Car on ne retient souvent (et assez vaguement) que le chiffre de la vague précédente que les responsables des radios concernées savent asséner, particulièrement s'il est en dessous du nouveau chiffre publié. On attend, sans trop y croire, qu'une émission média veuille bien faire ce travail de fond, qui au lieu de sanctifier, sondages après sondages, les premiers de la classe, s'intéresserait aux évolutions du média, contextualisées en fonction aussi des "nouveaux usages".


Dans leur livre "La saga France Inter : Amour, grèves et beautés", les auteurs Anne-Marie Gustave et Valérie Perronet (3) écrivent : "En 1964, un sondage Ifop - premier du genre -, commandé par le Centre d'Études des supports de publicité (CESP) et réalisé sur 5600 personnes donne Radio Luxembourg [qui deviendra RTL, ndlr] largement en tête avec 33,5% d'audience, devant Europe n°1 à 21,6% et France Inter à 20,7. Pas mal pour une station âgée d'un an à peine [France-Inter a pris en novembre 1963 la suite de Paris-Inter]. Mieux encore en 1967, avec 26,3% France Inter devance largement ses deux ainées : 24,6 pour Europe n°1 et 21,1 pour Radio Luxembourg." (4)















Alors si Donnet a bien fait de donner un coup de griffe aux sondages Médiamétrie, il aurait pu un peu plus subtilement inciter Sonia Devillers à inviter les responsables des études radio de l'institut de sondage spécialisé. Pas tant pour nous raconter les méthodes de sondage que pour brosser un large panorama de l'évolution du média radio. Ces chiffres très affinés, la "Direction des études" de Radio France les possède mais pas sûr qu'elle considère qu'il soit stratégique de les mettre sur la place publique. 

On risque donc encore longtemps de supporter quatre fois/an des remises de médailles qui intéressent surtout les annonceurs (des radios privées et aussi de Radio France) et un peu la tutelle du service public de radiodiffusion. De là à ce que la dite-tutelle adapte ses financements à ces sondages il n'y aurait qu'un pas que d'aucuns pourraient prochainement être tentés de faire, particulièrement si l'objectif était de diminuer le nombre de chaînes publiques de radio.


Quand, en 1986, Radio France a "intégré" la société Médiametrie créée en 1985, elle n'imaginait pas qu'elle ouvrait ainsi "La boîte de Pandore". Voir ici l'interview du Pdg de Médiamétrie, Bruno Chetaille.  


(1) France Inter, du lundi au vendredi 9h40-10h,

(2) L'audience globale de la radio étant en novembre-décembre 2016 à 80,8%, soit (en millions) 43 382 du lundi au vendredi et 35 968 les samedi et dimanche (source Médiamétrie, janvier 2017) diminuant légèrement depuis plusieurs vagues de sondage,
(3) Pygmalion, 2013. Le livre, sur d'autres sujets comporte plusieurs erreurs factuelles et imprécisions.

(4) Si Gustave et Perronet précisent que France Inter n'a pas un an pour le sondage de 64, elles auraient du préciser que pour le sondage de 67, RTL (ex Radio-Luxembourg) a aussi moins d'un an et que la nouvelle politique de programmes impulsée par Jean Prouvost et Jean Farran (Pdg et directeur d'antenne) qui a vu l'abandon de tous les feuilletons quotidiens, et particulièrement le cultisime "La famille Duraton", a pu faire déserter nombre d'auditeurs désemparés par des changements aussi radicaux.


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