lundi 27 juin 2016

Radio : deux bouts, trois ficelles, quatre smartphones, cinq cœurs, six bonnes raisons de l'éphémère…

© Gilles Davidas


Le 37 mars (6 avril 2016), une bande de copains-copines radiophiles, à l'écoute du temps qui bouge, décide, d'un geste généreux, d'occuper d'urgence, sous la toile, un petit bout de la Place de la République à Paris. De prendre au micro l'air du temps. Un temps à l'exaspération ultime contre la "Loi Travail". Un temps pour refaire le monde. Un temps pour changer la vie. Mais pas sous la forme d'un slogan jauni. Un temps pour prendre la parole. L'attraper. La mettre en ondes. La porter au delà de la chape de plomb médiatico-médiatique. Et plus encore redonner du sens à la radio en vie.

On était là. On était dedans. On était avec. Pas à côté. Pas n'importe où. Sûrs que les paroles plurielles, singulières, tranchées, d'espoir, de résignation, de construction-déconstruction, de prendre le temps de réfléchir, d'échanges, de brassage, de mixité, de métissage, de tissage feraient Histoire. Alors certains avaient beau me reprocher de constater la défaite de Radio France à s'installer à la République (Place de), de parler autour, et, pire, depuis les studios de la Maison ronde quand seulement 7,4 km séparent les deux lieux, sans Radio Debout nous aurions été com' d'hab', informés avec un méga gros filtre qui aurait gommé la parole populaire, spontanée, vivante, rebelle et enthousiaste.


© Arnaud Contreras






















Et puis sur la Place, petit à petit, le mouvement Nuit Debout s'est amenuisé. L'étincelle du printemps s'est mise à vaciller lentement. Pour mille et une raisons qu'il sera toujours temps d'analyser le moment venu. Mais alors qu'allait donc devenir Radio Debout ? S'institutionnaliser ? Se reproduire ad vitam aeternam. Courir sur d'autres luttes ? Construire des grilles, des programmes, des chaînes (thématiques) ou simplement accepter l'éphémère, le moment présent, le temps T ? Les protagonistes ont débattu et les tendances se sont exprimées. Celles qui voulaient s'inscrire dans la durée, celles qui voulaient "lever le pied" pour mieux renaître ou pour définitivement disparaître.

Radio Debout est en stand-by… Et c'est bien. C'est mieux même que de s'auto-régénérer jusqu'à l'asphyxie, la routine ou l'institution, avec toutes ses pesanteurs, ses carcans, et ses fermetures… Cet éphémère-là, qui colle si bien à la spontanéité et à la générosité de l'engagement de tous ceux qui se sont appuyés montages/démontages quotidiens et qui ont assurés une antenne "in situ", prend toute sa force s'il accepte de sortir du jeu quand le jeu est fini.

Rien n'est fini, tout est à venir. L'expérience de Radio Debout est reproductible et, les femmes et les hommes concernés, peuvent vite remettre le couvert. Particulièrement si, dans quelques jours, il fallait vite tirer la soupape d'une cocotte-minute prête à exploser ! Et comme vient de me l'écrire une des productrices de Radio Debout : "La "faim" de l'aventure est toujours là !"

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