samedi 7 mai 2016

Lazareff : sa vie, son œuvre… ou l'épopée France-Soir

Pierre Lazareff © Dalmas/Sipa - Sipa


























Quelle bouffée d'oxygène ! "Sur les docks" sort des sentiers battus et rebattus du "social permanent" dont il me semble, de loin en loin, représenter plus de 80% des documentaires. Je dis "me semble" car mon écoute fidèle et quotidienne s'est transformée en picorage très sélectif. D'un rendez-vous qui a ponctué mes journées à 17h depuis "Le pays d'ici" (1985) j'en suis arrivé à louper les rendez-vous et pire (mieux) à ne plus considérer cette "case" comme indispensable à mon fonction vitale d'auditeur accro. Amen !

Ce doc me parle car Lazareff, le boss de France Soir est, au delà du mythe, le symbole d'un journalisme de conquête. Conquête des lecteurs, conquête de la reconnaissance d'un métier sublimé, conquête des médias. Une des illustrations de ce qui se définira être "Le quatrième pouvoir". France Soir ça me parle même si, ni dans mon adolescence, ni comme jeune adulte, je n'ai été attiré par cette presse populaire, tapageuse en titres et en "coups". 

France-Soir : l'info en continu
Il n'empêche ce canard, et pas que pour ces tirages exceptionnels, était une référence. Même si aucun de mes profs de lycée ne m'a incité à le lire quand on devait chaque semaine, le mardi, se fader "Le Monde, Économie". Trop fun les images dans Le Monde. Y'en avait pas ! Il faudra les attendre encore longtemps. Pour créer le buzz et donner envie de voir, France-Soir pouvait caracoler en tête (1). Et Labro a raison de dire que le journal avec sa rapidité de réaction, particulièrement pour les photos, traitait l'"information en continu". Il n'y avait pas encore la concurrence et le monopole de l'image TV. Les "Actualités Gaumont" ou "Les actualités Pathé", que l'on pouvait voir au cinéma, sentaient déjà un peu la naphtaline.

En écoutant ce doc me revenaient des images : celle de la rue Réaumur (Paris), la rue des journaux, celles des crieurs de rue, vues dans les films, celle de Lazareff à "Cinq colonnes à la Une" (2) Le titre rappelle une "expression technique" de la presse qu'illustre avec brio Lazareff : "Si vous voulez être connu, il vaut mieux que l'on dise de vous sur 5 colonnes à la une de France Soir : “ce type est un salopard” plutôt qu'a la page des petites annonces “ce type est formidable, il cherche du boulot” (3). 



Et puis écouter Labro-reporter c'est voir Tintin courir le monde. Labro juste à côté d'Oswald "l'assassin présumé" de Kennedy, quelques heures après l'attentat. Labro aux États-Unis, pour ne pas dire au Far-West, mi-aventurier, mi-reporter. Labro journaliste avec Henri de Turenne cité dans le doc. Toutes ces images du "passé" peuvent-elles être les images des plus jeunes ? Non assurément. Et comment un documentaire aussi passionnant, utile tant à l'histoire de la presse qu'à l'histoire sociale du XXème siècle peut-il toucher les générations nées à la fin de ce siècle-là ?

Je n'ai aucune solution. Je me demande juste s'il n'y aurait pas lieu que "Sur les docks" se produise en deux parties. Une partie documentaire (17h/18h) et une partie contextualisation/actualisation (18h/19h) (4). De quoi donner du grain à moudre aux invités qui viendraient enrichir l'histoire. En clair le documentaire enrichit l'actualité et non pas l'actualité qui produit le documentaire. Révolutionnaire non ? De ce fait cette deuxième heure de "Sur les docks" peut devenir un formidable "filet à papillons" pour la première.

Las, je ne suis pas directeur des programmes de France Culture. "Les temps changent" Puisque cette petite ritournelle récurrente s'installe un peu plus chaque jour dans les médias, ne serait-il pas temps aussi de changer à France Culture et de donner un souffle nouveau à ces documentaires qui, à leur façon, racontent  le monde en train de changer ?
(À suivre)



(1) Ç'aurait été bien de faire la photo avec Jacques Boissay qui au cours du documentaire présente celle du cercueil de Nasser, président de l'Egypte, après son décès le 28 septembre 1970,
(2) Émission de la première chaîne en N&B, dite aussi des 3 Pierre (Desgraupes, Dumayet), et d'Igor Barrère… 1959-1968 (le 3 mai, tiens tiens !),
(3) Source Wikipédia,
(4) Et hop le journal à 19h !

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