jeudi 30 juillet 2015

Les radios régionales… 19/24















Un feuilleton d'été en 24 épisodes, du mardi au vendredi
par Gérard Coudert


19. FR3, c'est aussi la radio ! 1980
Il temps de faire le point ! Dans l'agitation qui préside à l'évolution de l'audiovisuel au tournant des années 80, on en oublierait presque ce qui existe et ce qui fonctionne encore, contre vents et marées… 

En 1980, FR3 compte 20 stations radio, la plupart héritières des postes des années 30, quelques autres ouvertes par la suite, au cours des mutations de la radiodiffusion jusqu'à l'Ortf : Lyon, Marseille, Toulouse créées en 1925, Besançon, Bordeaux (1926), Lille, Amiens, Grenoble, Limoges, Rennes (1927). Montpellier (avec plus tard ses deux satellites en décrochage à Nîmes et Perpignan), Strasbourg (1930) qui compte en fait 2 antennes, l'une francophone et l'autre, Radio Elsass mittelwelle, en alsacien, Nantes (la station date d’après-guerre : dans les années 30, on "prenaitRennes en Pays nantais), Clermont-Ferrand (1944), Nancy (1944), Bastia, Dijon (1965), Caen (1976) avec une station satellite à Cherbourg, Rouen, Orléans - la dernière station créée par FR3 en 1980 - avec ses satellites à Bourges et Tours.

Toutes ces stations ont repris du poil de la bête sous FR3 ; cette Société créée lors de l'éclatement de l'Ortf en 1974 eut en effet quelques velléités de développement pour ses radios, surtout à la veille de leur cession (1) ! On ne dira jamais assez que sans ce sursaut, les radios régionales du service public, oubliées de l'histoire radiophonique alors qu'elles en étaient à l'origine, seraient peut-être passées à la trappe lors des grandes manoeuvres de Radio France entre 1980 et 1983. Malgré le cadre réduit du décrochage systématique sur les émetteurs de France Inter (2), malgré des programmes qui n'excédent pas 3 ou 4 heures par jour, on renforce les équipes qui reprennent à leur compte les objectifs
culturels et de régionalisme qui avaient présidé à l'essor des postes des années 30...

Toutes n'auront peut-être pas le même dynamisme : on vérifiera ainsi que le développement d'une radio dépend largement du contexte local et de la façon dont elle s'y insère. Ainsi, Grenoble et sa région, avec sa Maison de la culture, ses formations musicales permanentes, son Centre Dramatique national dirigé par Lavaudant, ses ballets (Félix Blaska puis Jean-Claude Galotta) ses nombreux festivals (3), vont sans aucun doute favoriser le développement et la survie de Radio Alpes-Grenoble. La station aura su (comme d'autres) s'insérer dans le tissu régional : "…une radio déjà bien intégrée à la
vie locale et intéressée à la culture régionale" écrit Claude Collin (4). De là et de cet acharnement à coller à la réalité du pays, sortiront quelques émissions saluées par la presse, comme "Patrimoine 80" dont Télérama dit un jour : "… Alpes-Grenoble provoque, dans un style étonnamment dynamique, la mémoire collective des Dauphinois…" (5)

Non ! Décidément, on ne faisait pas à FR3 de la "radio de papa" comme cela fut longtemps reproché à ses collaborateurs… Mais peut-être avait-on su alors prendre le meilleur de ce qu'avaient laissé les anciens…


Demain : "Branle-bas de combat 80/82"… 

(1) Il faut bien noter que la cession des radios de FR3 à Radio France ne se fera pas, personnel compris, avant le 1er janvier 1983 par accord entre les deux sociétés,
(2) Y compris après 1975 avec l'arrivée la MF,
(3) Court-métrage, film d'humour à Chamrousse, cinéma fantastique à Avoriaz, film d'animation à Annecy…
(4) Claude COLLIN, Radios locales et culture régionale : la grande désillusion. Mediapouvoirs. 1986, n°3, pp 34-48
(5) Télérama, du 12 mars 1980.



© Gérard Coudert/Radio Fañch

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