mardi 28 juillet 2015

Les radios régionales… 17/24

























Un feuilleton d'été en 24 épisodes, du mardi au vendredi
par Gérard Coudert


17. Lutte fratricide… 
Fin 1980, Pierre Croissiaux responsable des radios régionales de FR3, annonce : “Nous avons la preuve que nous sommes très écoutés. Notre taux d’écoute se situe actuellement aux alentours de 14%” (1). Ce n'est pas faux ! Un peu partout, la presse écrite se fait l'écho d'une situation que l'on feignait d'ignorer à Paris et que l'on oubliera allègrement plus tard : depuis le début des années 70, attirant une nouvelle génération de journalistes, d'animateurs et de saltimbanques en tous genres, la radio régionale de FR3 ne se porte pas si mal qu'on le croit (2)… Certes, la concurrence est rude : celle
des périphériques, celle des radios libres ; mais là où elle existe encore, malgré ses programmes modestes, ses auditeurs la fréquentent volontiers y trouvant à la fois divertissement et information vivante sur la vie culturelle.

Dans les sphères parisiennes, et sous la pression des personnels régionaux, on commence enfin à se poser la question de l'avenir de ces radios abandonnées à leur triste sort depuis les années 50. Il est vrai que l'on sent venir une révolution radicale du PAF. Claude Lemoine, directeur des régions de FR3, annonce en 1978 que "si une fréquence régulière était attribuée à FR3, 70 stations régionales pourraient immédiatement voir le jour". C'est du même coup une reconnaissance de l'existant ; et il ajoute : "On pourrait créer des stations à vocation départementale, voire urbaine… manière de répondre au besoin de régionalisation par un service public de qualité qui éviterait de tomber dans l’anarchie des radios dites libres" (3).

Les années suivantes jusqu'en 1981, vont être marquées par des initiatives diverses, notamment par des opérations temporaires. FR3 Radio envoie ses stations prendre l'air en été dans des studios provisoires : Carcassonne, La Grande Motte, la côte atlantique… ou encore par des opérations d'envergure comme "La péniche de FR3" qui consiste à sillonner tout un été certains fleuves et canaux pour pénétrer dans le quotidien des communes riveraines… De même "Ecoutez le pays parler", émission itinérante à la découverte de villages et de leurs traditions…

Radio France n'est pas en reste et multiplie ses "Radios Vacances" (*) ou des stations saisonnières comme à Val d'Isère en 1980, à quoi FR3 répond immédiatement par la création de FR3 Radio Mont-Blanc que l'on installe en hiver au coeur de Chamonix, sous la responsabilité de FR3 Alpes-Grenoble

N'empêche… Ce qui ressort de cette agitation nouvelle (et presque soudaine) c'est une impression de gâchis : vaine lutte fratricide entre Radio France et FR3 qui ne produit finalement que de la confusion. On attend, en la redoutant de part et d'autre, une décision politique. C'est alors que Jean-Philippe Lecat (4), ministre de la Culture et de la Communication qui s'est déjà illustré en 73 et 74 dans la préparation de la réforme de l'Ortf, annonce la mise en place pour 1980, d’un réseau autonome de radios, qui devrait rendre compte de l’actualité régionale et locale, donner la parole aux associations et aux municipalités dans des créneaux absolument libres (5) ! A sa façon, Georges Fillioud en 1982 (6) lui donnera (presque) raison…

(*) Note de l'éditeur : à ma connaissance les Radios Vacances, initiées par Garretto et Codou l'ont été sous l'égide de l'Ortf, et n'ont pas existé en tant que telles au-delà de 1967. Le lecteur passionné trouvera quelques infos supplémentaires ici.

Demain : "Fip, deuxième époque"… 

(1) Le Quotidien, 6 novembre 1980, “FR3 Radio à la croisée des chemins” par Renaud Rousset,
(2) Avec beaucoup d'amusement, on constata qu'un sondage effectué en 1984 accordait une notoriété plus importante à FR3 Alpes Grenoble (qui n'existait plus) qu'à Radio France Isère créée en 1983 !
(3) On sent bien tout de même son opposition à l'abandon du monopole…

(4) Philippe Lecat est ministre de la Culture et de la Communication. Il s'est déjà illustré en 73 et 74 dans la préparation de la réforme de l'Ortf…
(5) La Radio, Patrice Cavelier et Olivier Morel-Maroger, PUF 2008,
(6) Georges Fillioud, ministre de la communication : loi du 29 juillet 1982 sur la communication.

© Gérard Coudert/Radio Fañch

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