mardi 7 juillet 2015

Les radios régionales… 5/24


























Un feuilleton d'été en 24 épisodes, du mardi au vendredi
par Gérard Coudert


5. Public et privé : liberté surveillée
Dès les années 20 en France, la radio qui est depuis la Grande Guerre un instrument militaire voit son développement mené autant par l'Etat que par des initiatives privées. Pour le civil, la technique est nouvelle et s'inscrit dans une mode dont on ne sait pas trop encore, hors de la communication privée, la destination. Des amateurs souvent regroupés dans des radio-clubs bricolent des installations, construisent des émetteurs et diffusent de modestes séquences musicales ou parlées à l'attention de rares auditeurs, amateurs eux aussi ayant la chance de posséder un récepteur. 

Mais des professionnels, des fabricants de matériel radioélectrique, ne peuvent résister à la tentation de la TSF, avec l'espoir de quelque retour sur investissement ! En 1922 Lucien Lévy fonde la Chambre Syndicale de la T. S. F. qui se donne pour objectif l'étude des aspects administratifs et juridiques de la radiodiffusion.

D'un côté donc les postes PTT régionaux soutenus par une politique volontaire et un financement public, de l'autre des postes privés parmi lesquels il faut citer Radiola (1922) qui deviendra Radio Paris en 1924, propriété de la Société Française Radio-électrique, le Poste Parisien, ou en région Radio-Toulouse de Jacques Trémoulet et Léon Kierzkowski (1)  qui fondent ensemble la société de la Radiophonie du Midi. Il y en eut d'autres, beaucoup d'autres… Devant cette effervescence, l'Etat adopte une position libérale et réservée à la fois, instituant un monopole des PTT sur la radio en juin 1923, puis en autorisant les stations privées sur tout le territoire en novembre de la même année. Législation ambiguë qui va perdurer avec quelques aménagements jusqu'à la veille de la guerre de 39. 

Cela n'ira pas sans heurts. Ici ou là, les PTT reprendront le contrôle à la suite de rachats spectaculaires, comme celui de Radio-Paris en 1933 qui devient le Poste National (2).
Mais le secteur privé demeure, développant dans les régions françaises de nombreux postes comme à Lyon, Agen, Juan-les-Pins, Fécamp (Radio-Normandie), Nîmes… Des stations issues du terroir, financées par la publicité et qui contribueront sans aucun doute à l'essor de la radiophonie tout en soutenant partout la mode d'un régionalisme qu'entretiennent les postes régionaux des PTT. 

Et la concurrence sera rude ! Là encore il faut parler de Toulouse où Privé et Public s'opposent, avec Radio-Toulouse d'un côté et Radio PTT Toulouse-Pyrénées de l'autre. Implantée la première, la radio de Trémoulet s'impose ; la lutte entre les deux stations, alors que la première a disparu au moment de la Libération (3), laissera des traces jusqu'à nos jours : ni FIP, ni Radio France Toulouse, ni Le Mouv' et encore moins France Bleu Toulouse édition 2011 n'ont encore réussi à convaincre aussi bien l'auditoire toulousain…

Demain : le privé moteur de la radio régionale ?

(1) Léon Kierzkowski était revendeur de matériel radio-électrique à Toulouse,
(2) Le Poste National Radio-Paris, lointain ancêtre de France Inter, passe sous tutelle de la Radiodiffusion Française Nationale en juillet 1939,
(3) Subventionnée par Vichy pendant l'occupation, comme d'autres à Lyon, Agen, Nîmes, Montpellier… Relaie le Journal parlé de Radio-Paris sous tutelle allemande.


© Gérard Coudert/Radio Fañch

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