lundi 4 mai 2015

Retour vers le futur : Fip (épisode 1)…




















Avant le lancement de Fip 514 le 5 janvier 1971, quelques prémices ont eu lieu. Aujourd'hui on appellerait ça des "teasings". J'en ai évoqué un dans le billet du 19 avril. Ce fameux reportage de la deuxième chaîne de télévision sur la future chaîne radio de l'Ortf (Office de Radio et Télévision Française). Plus surprenant encore : le 20 juin 1970, Roland Dhordain, patron de la radio au sein de l'Ortf, annonce 7 mois avant le lancement de Fip, les contenus de France Inter Paris (à 4'). Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il aime faire durer les préliminaires. Car d'ici le lancement les Français risquent un peu d'oublier ses annonces. Ci-dessous l'interview de Dhordain sur Fip.

Yves Mourousi : On a parlé de 514 m, de quoi s'agit-il ?  (1)
Roland Dhordain : "… L'année 1971, nous entrons dans une période de la dissuasion (sic), dans une période de la diversification des chaînes de l'Ortf. Vous faites allusion au 514 m, c'est à dire un petit émetteur parisien qui arrose jusqu'à 50 km à la ronde autour de Notre-Dame. Et depuis très longtemps le programme de 514 m relaie le programme de France Inter. Mais, aussi depuis 15 ans que nous faisons du radio-guidage - nous avons été les premiers à lancer cette formule de radio-service-, de temps en temps nous utilisons cette station de 514m pour faire du guidage parisien.

Nous nous sommes aperçus qu'il faut donner aux parisiens 17h/jour, de 7h à 20h le soir (ça ne fait que 13h, ndlr), une radio qui les aide à assumer leurs responsabilités de parisiens (sic) et les aide à "vivre parisiens". Cette radio France Inter Paris que nous lançons au moment du Salon de l'Auto (2), c'est un peu la radio qui les accompagnera 17h/jour, dans leur voiture, au bureau, lorsqu'ils seront rentrés chez eux qui leur apportera un programme de disques comme on n'en a jamais entendu pour l'instant. Un programme de détente et non d'excitation (sic). C'est Jean Garretto et Pierre Codou qui préparent ce programme, et quand on connaît l'émission TSF 70 (3) on peut s'attendre à quelque chose de pas mal. 

Mais à part ce programme de disques de détente, il y aura aussi une foule de conseils pratiques qui, administrés à petites dose et en temps utile aux Parisiens, leur permettront de mieux vivre dans une grande ville, dans un grand ensemble où il n'est pas commode d'être détendu, d'être attentif et de se débrouiller comme on le fait à la campagne dans une atmosphère beaucoup plus pure, et exempte de tous soucis (4). cette radio c'est un peu la radio pense-bêtes, la radio détente, la radio au service du parisien. Initiative totalement nouvelle. À ma connaissance aucune radio au monde n'a pris ainsi en charge les destinées d'une catégorie de Français à savoir les Parisiens… (5)"


Micros et Caméras, 20 juin 1970


En janvier 2011, pour les 40 ans de Fip, Gilles Davidas a produit "Vous avez loupé Marie-Martine", feuilleton en 20 épisodes d'environ 10' chacun. Ce feuilleton retrace l'histoire de la chaîne. Vous pourrez écouter ci-dessous le premier épisode.


Demain 8h30, la suite de la saga…




(1) Le langage de l'époque voulait que les stations de radio soient aussi appelées par leur position sur une fréquence. Ici les Ondes Moyennes. D'autant plus que d'une certaine façon Fip n'était pas encore vraiment "baptisée"… 
(2) Si le démarrage est toujours prévu pour janvier 71, Dhordain veut profiter du Salon (octobre 70) pour promouvoir sa nouvelle "petite chaîne"… parisienne
(3) TSF 68, 69, 70 et 71 ont préfiguré "L'Oreille en coin", émission qui perdurera jusqu'en 1990,
(4) L'opposition ville-campagne a encore tout sons sens en 1970. Même si ici dans la bouche de Dhordain l'image est un tout petit peu caricaturale,

(5) Il est à noter que sur la vidéo ci-dessus, après avoir répondu à Mourousi sur Fip, Dhordain espiègle s'offre une figure de style pour répondre "sur le ton de la confidence" à la question sur "des nouvelles de la maison". Il se lève de son bureau, passe devant, et s'assied dans un coin de celui-ci face à son interlocuteur. Avec ce qu'il faut de désinvolture, veston ouvert, et de décontraction. Cette anecdote rappellera à certains l'autre "désinvolture" celle de Mourousi qui, le 28 avril 1985, pour une émission télévisée s'était assis sur le bureau face à Mitterrand, Président de la République.

1 commentaire:

  1. L'échange entre Kriss et Macha... une petite merveille!

    chuttttttttttttttttttttttttttttttttttt

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