mercredi 27 mai 2015

Musique privée… de tout (ou presque)

Dans le sable : la Tutelle ? le CSA ?























Dans les couloirs de la Maison de la Radio il y a des ballets. Et quelquefois des processions. Ces moments difficiles où "à la queue leu leu" producteurs et productrices viennent entendre auprès du directeur de leur chaîne la sentence qui mettra fin à leur émission ou qui la reconduira. Avec souvent des interrogations : pour qui ? pour quoi ? 

Si ce ballet infernal, et quelque fois tragique, existe sur toutes les chaînes du service public, c'est à France Musique qu'il va être terrible cette année (1). La belle ouverture de la rentrée 2014 va être à ranger aux oubliettes de la mémoire pour laisser place à une programmation classique, ultra classique dans laquelle la chanson, les musiques du monde, la pop, le rock, l'électro-acoustique n'auront plus qu'une part congrue reléguée en fin de semaine et ce de façon très confidentielle. Disparaîtront les soirées thématiques du lundi au vendredi pour laisser place à un genre de "Pop Club" (2). Et ne parlons pas des émissions en public qui sont pratiquement toutes abandonnées (3).

On notera les effets pervers d'une époque vouée à la communication et au "foutage de gueule permanent". France Musique voudrait réinventer un Pop Club quand dans le même temps, la semaine prochaine, à l'occasion d'une vente aux enchères publiques à Radio France la console de son du Pop Club (l'original) sera mise en vente. Guettons avec impatience le moment où cette communication de M…  reviendra en boomerang vers ses promoteurs. On risque toutefois de rire jaune, le service public étant passé alors par "pertes et profits". Pertes surtout. Immenses.

Quant aux profits parlons-en. Voilà que pour chercher de nouvelles recettes LE/les managers de Radio France ont décidé de privatiser les moyens de production que sont les studios en les "louant" aux entreprises et plus particulièrement aux entreprises de luxe à chaque fois que c'est possible. Et le personnel de Radio France de croiser dans les couloirs des personnes dûment badgées. Badges sur lesquelles on peut voir écrit des noms d'entreprises prestigieuses. Quant aux émissions qui doivent utiliser ces studios elles sont priées de s'insérer dans un planning avec, de fait et de plus en plus, des possibilités très restreintes de choix de calendrier. 






















Priorité au profit donc au détriment des besoins de production de la radio elle-même. Bientôt les professionnels de la radio seront priés d'aller voir ailleurs pour fabriquer leurs émissions. Qu'en pense la tutelle ? Le sait-elle aussi précisément. Que pense le Csa de cette façon de détourner un "objet" public à des fins privées ? Cette orientation "mercantile à tout prix" correspond-t-elle au cahier des charges de Radio France ? N'y a-t-il pas d'une certaine façon "abus de pouvoir" ?

J'en conclurai pour aujourd'hui par un paradoxe.Tous les mots d'ordre de gestion clament les restrictions budgétaires et les nécessités d'économie. Comment faire croire aux auditeurs que la réalisation d'une émission de deux heures à Cuba (4) est importante au point d'engager des dépenses conséquentes quand, dans le même temps, les cachets des producteurs sont diminués, les frais inhérents à la production d'émission (déplacements,…) sont ratiboisés et les conditions de travail dégradées (studios). Tout serait donc pour le prestige alors ? Mais quel prestige de faire à Cuba ce qui pouvait être fait à Paris ? Quelle plus-value ? Quel développement sur place avec d'autres émissions ? Quelle contextualisation sur la longue durée ? Mais quelle occasion manquée de "refaire" 50 ans d'histoire ! Au lieu de quoi on a entendu une histoire "confetti".

On le voit la machine infernale continue insidieusement la casse méthodique du service public. Et aussi des hommes, des idées, et des moyens de production. Le public tombera des nues quand l'affaire (ré)éclatera au grand jour. Aujourd'hui tout va bien "Pendant les travaux (de sape) les émissions continuent".

Si l'on apprend que le groupe Les Échos veut racheter le Parisien, on espère que leur appétit n'ira pas jusqu'à vouloir racheter France Musique… Des fois que ça assurerait mieux l'audience de Radio Classique dont le groupe Les Échos est propriétaire ?

Le capitaine Fracasse (5)













(1) On ne pourra que regretter "la belle époque" d'un Louis Dandrel (1975-1977) contesté mais avec 3 millions d'auditeurs et des musiques du monde l'après-midi. Et celle d'un Pierre Bouteiller (1999-2004) qui a fait "l'injure" d'avoir ajouté un "s" à Musique en le faisant entendre sur la chaîne…

(2) Formule facile, faux-nez dont on verra très vite les limites car personne ne pourra remplacer la verve, l'éclectisme, l'ironie, la découverte permanente que José Artur a installé pendant 40 ans à France Inter, quand particulièrement il ne sera donné aucun moyen à cette émission pour accueillir les artistes à leur sortie des concerts, des cabarets ou des salles de théâtre,

(3) Autre faux-nez, on fait grand tapage d'une Maison de la radio ouverte au public avec des "animations" et, ce qu'il est facile de présenter au public on ne le produirait plus. 
(4) La matinale de France Inter à l'occasion du voyage présidentiel de François Hollande,
(5) Hier sur son compte Twitter @Maisondelaradio a écrit : "Celui qui veut avoir affaire au Capitaine Fracasse n'a qu'à pointer son nez". On laissera à chacun le soin de deviner de qui il peut bien s'agir ?

2 commentaires:

  1. Bonjour Dsata, désolé mais je ne veux faire aucune publicité pour la gazette culturelle pipole autoproclamée. Merci de votre fidélité et ne soyez pas faché ! ;-)

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