lundi 3 novembre 2014

Combien de Havre, combien de caps… ?

Portique © Jean-Guy Coulange





















Le Havre j'y étais. Vendredi pour de Staël. J'allais vers le port sans le voir, sans l'entendre. Sans même le sentir. Les reconstructions, les orientations (urbanistiques) décentrent le point focal de ce qu'on attend d'un port. Se le prendre en pleine poire sans le chercher du regard. Je n'étais pas marcheur. Je roulais. Et même si j'ai fini par voir, comme posé sur la route un ferry, je n'ai pas tout de suite su entrevoir les cargos, les porte-containers pas plus que les transatlantiques "lost in the sea". Quant aux torchères…

Depuis au moins trois mois je savais que Jean-Guy Coulange, essayeur-essayiste radiophonique, malaxait son Havre. Celui qui croisait au large de ses horizons poétiques. 
Je n'étais pas aveugle "Les Havrais qui ne sont pas du métier oublient qu'ils sont dans un port… Depuis le 11 septembre 2001, on a fermé les ports on a barricadé les ports… Le travail du port c'est confidentiel. On ne peut plus accéder aux métiers portuaires."

"Dans les bars d'Amsterdam… ça c'était la vie de marin". Les marins (de commerce) eux aussi sont devenus invisibles comme les restaurants et les bars de marins (2), "les restaurants bretons tout ça c'est fini, ça n'existe plus, il doit en rester un dans l'ancien quartier…" Quant aux dockers…

"Pourtant cette respiration du port je l'ai toujours gardée". Restent les souvenirs… d'avant. Il y aurait donc l'image du port immuable mais sans ses attributs. Monde moderne des apparences et des ambiances mécanisées, aseptisées, reliftées, relookées, requalifiées.

Ce soir à la RTBF (1) l'essai se transformera. Nous (re)prendrons, en vrai, la mer ou le bateau, les sons, les rythmes, les mots, le clapot. Jean-Guy Coulange nous donne à entendre ce qui ne s'entend plus. E la nave va.

Note de l'auteur du documentaire (4 novembre 2014)
Je voudrais juste apporter une précision sur la diffusion d'hier soir par internet (RTBF) de ma pièce Qui est Le HavreComme certains ont pu le constater ce genre d'écoute en direct est de mauvaise qualité en partie à cause de la forte compression dynamique qui réduit l'écart entre les sons les plus faibles et les sons les plus forts. Or Qui est Le Havre est essentiellement une pièce sonore, on peut dire musicale même si elle n'est réalisée qu'avec des sons du réel. La compression dynamique est donc très destructrice pour ce genre de composition.



(1) Radio Télévision Belge Francophone, "Par ouï-dire", 22h
(2) Au Havre, quartier de l'Eure, en cours de requalification (sic).

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