mardi 29 juillet 2014

Encore un Tour…

La une du 28 juillet 2014






















À quel média viendrait-il l'idée de parler encore, quelques jours après, d'un événement qui a pris fin dimanche 27 juillet sur les Champs Élysées ? Pourtant mentalement peut-on  si vite ranger au vestiaire des images, des résultats, des émotions, des sons, des voix, des drames, des cris, des sirènes, des mécaniques, des gagnants, des perdants, des titres de presse cocorico, des joies simples, quelques glorioles et autres ratons-laveurs bien calés dans la caravane publicitaire du Tour de France. L'histoire serait donc finie ? À l'heure où la télévision plie bagage et que le dernier podium est démonté sur les Champs, faudrait-il donc impérativement passer à autre chose ?… Sans sommation. À tout prix. Coûte que coûte. Vaille que vaille. Comme ça sans barguigner sans même la moindre nostalgie sous la casquette d'un apéritif anisé ou le parasol si Oranginal. C'est pourtant la "loi" médiatique, moderne et imparable, financière et "sans âme", froide et imperturbable pour toute une humanité qui quitte lentement les cols, les lacets, les parcours et les arrivées d'un Tour de France qui n'en finit pas de rassembler la "Terre entière".

Pourtant, toutes ces "petites" mains, anonymes et volontaires qui accompagnent cette caravane publicitaire et sportive, ou le contraire sportive et publicitaire, n'ont quand même pas tout "plaqué" en quelques minutes ou quelques heures pour prendre quelques vacances ou repos mérités. Avant que ce temps du Tour de France ne s'arrête, il doit bien y avoir en queue de comète quelques lampions encore allumés, quelque voiture balai à balayer, quelques boyaux à "regonfler" et quelques histoires à re…conter. Au lieu de ça il faudrait nous contenter d'un quotidien sportif, organisateur de l'épreuve (1), qui lundi matin titrait un "Emballant" pas très emballé. De quoi nous faire regretter le petit prince des chroniqueurs, le ci-devant, si grand, Antoine Blondin qui a sublimé la chronique vélocipédique du Tour de France si longtemps dans les colonnes de l'Équipe (2).

Si Blondin ne titrait pas la une du journal, il savait titrer ces grands et petits vins qu'il appréciait tant. Ses chroniques aussi il les titrait. Chroniques qui, à elles seules, étaient un condensé de son génie littéraire, gaulois et… "contrepet". "Le fado du fada", "La face cachée de la lutte", "Jura, mais un peu tard", "Les belles musettes du 14 juillet" et joli clin d'œil à la radio "L'oseille en coin". On pourrait, sans jamais se lasser, lire à la suite tous ces titres, dans un tourbillon définitif d'humour et de gouaille, de parti-pris et de gloriole, de pathétique et de sublime. Pour sa dernière chronique du Tour 2014 il se serait peut-être laissé aller à ça : "Peraud a fait ses comptes. Et les bons contes du tour font les bons amis, Nibali. Quand à Pinot, blanc il est, blanc il restera. D'ailleurs un Pinot rouge… de colère, on ne voit pas très bien ou pas encore ce que ça pourrait donner, tant ce jeune garçon semble gentil, calme et serein." Cette musique des mots elle nous manque aussi à la radio. Elle nous manque à la flamme d'un Briquet (Georges) qui savait arrêter le temps de juillet, pour que chacun puisse écouter la progression d'un Tour qui n'en finissait jamais de donner l'impression à l'auditeur d'être lui-même sur la "petite reine", en plein ascension du Ventoux ou en douce plaine avant une arrivée triomphale au Parc (des Princes).

Voilà ci-dessous quelques évocations que vous pourrez prolonger par l'intégralité du documentaire disponible à l'Ina (Institut national de l'audiovisuel).

(1) Hier par le journal Vélo, créateur de l'épreuve puis par L'Équipe, aujourd'hui par ASO (Amaury Sport Organisation), aussi propriétaire des journaux L'Équipe et Le Parisien,
(2) "Tours de France", Chroniques de l'Équipe, 1954-1982, La Table ronde, 2001.

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