mardi 26 novembre 2013

La messe est dite…



Je ne suis pas spécialiste des protocoles politiques et/ou institutionnels, mais pour ces 1ères assises de la radio, il m'a semblé original que le CSA (Conseil Supérieur de l'Audiovisuel) soit la puissance invitante au même titre que le Ministère de la Culture. Mieux, en ouvrant ces Assises, Olivier Schrameck, le président du CSA, ne commence pas par un discours lénifiant, il imprime sa marque et celle de son institution. Il pose les enjeux, donne des directions, fixe les préalables et s'engage dans des choix de société, donc politiques, qui dépassent largement le cadre de ses attributions de "simple" régulateur. À la Ministre de la Culture de conclure cette journée, comme si son ministère avait définitivement laissé le CSA prendre la main, fixer les orientations stratégiques et avec elles le pilotage technique des mutations et des évolutions qui vont accompagner le média radio pour les années à venir.

Cette autorité dévolue au CSA, a émaillé l'ensemble du discours d'ouverture de son Président. Schrameck entend bien s'en servir et faire autorité partout où il conviendra d'engager une politique ambitieuse et volontariste pour donner enfin à la radio, tant un nouvel essor qu'un "encadrement" à la mesure des enjeux numériques. Vingt-six minutes de discours ont jeté les bases d'un renouveau ou plutôt cadré ce qu'il convient de mettre en œuvre après tant d'années d'"abandon" ou d'absence d'engagement des autorités politiques pour la radio. Ceux qui pouvaient s'attendre à un discours ronflant et convenu en ont été pour leurs frais. La profession va pouvoir compter sur un allié en l'autorité morale du CSA, en contrepartie, aux professionnels de la profession de s'engager et de dépasser les statu-quo qu'ils entretiennent chacun dans leur propre marigot.

Quelques principes qui vont bouleverser à court, moyen et long terme le média radio.
"La radio peut trouver dans les nouveaux espaces du numérique les voies d’un véritable renouveau … Le numérique, c’est aussi la multiplication des éditions bi-médias et le développement d’une multitude de services favorisant l’écoute délinéarisée, la personnalisation et l’interactivité avec les programmes : la radio en streaming depuis les sites internet ou les applications mobiles des éditeurs, la baladodiffusion (avec près de 600 000 podcasts téléchargés chaque jour en France), la radio filmée ou encore la radio sociale. (1)"

Olivier Schrameck




Mais le CSA a conscience de la nécessité de ne pas laisser s'installer n'importe comment, les nouveaux acteurs de diffusion "radiophonique". "Il y a dans cette compétition avec les services délinéarisés un déséquilibre évident, une « asymétrie de régulation », qui appelle une réflexion nouvelle sur la manière de promouvoir la diversité culturelle dans les médias audiovisuels. A la différence du modèle de la diffusion FM, il se caractérise par l’irruption, dans la chaîne de valeur, d’un nouvel acteur, le distributeur, qui peut prendre de multiples visages : fournisseur d’accès internet, magasin d’applications, ou encore fabricant de terminaux connectés dotés d’un système d’exploitation dit « propriétaire ».Tels sont donc, à mes yeux, les traits principaux de notre paysage radio : un ancrage profond dans un modèle hertzien aujourd’hui parvenu à la maturité et un cheminement résolu vers les nouveaux espaces de la radio numérique."

Et de tracer la voie pour des enjeux à long terme : "La rénovation de notre régulation audiovisuelle ne doit pas être conçue à partir des réalités d’hier, ni même d’aujourd’hui, mais en fonction des usages de demain et même d’après-demain, tels que l’on peut raisonnablement les anticiper." (2)

À côté de ça le discours de la Ministre Aurélie Filippetti, est apparu convenu, bredouillant voire même désincarné comme si le gouvernement de François Hollande avait définitivement abandonné les grandes orientations politiques radiophoniques qui se sont succédées depuis la création de la Maison de la radio en 1963, celle de l'ORTF en 64, à son éclatement en 74 jusqu'à l'abandon du monopole de radiodiffusion en 1982 (Loi Fillioud), laissant au seul CSA le soin de "orienter, planifier, réguler". La tâche est immense, gageons que ce CSA nouveau s'y attelle sans relâche et sur la longue durée.

(1) Tiens tiens, "radio filmée" et "radio sociale", les "Laurel et Hardy" de l'avenir de la radio ne sont pas absents des orientations que le CSA est prêt à défendre ou mieux à appuyer,
(2) Toutes les citations sont extraites du discours d'introduction d'Olivier Schrameck aux Assises de la Radio, du 25 novembre 2013, à Paris.

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