vendredi 7 juin 2013

à Monique Veilletet…

©palomar





Ça vous est forcément arrivé un jour, vous cherchez quelque chose pendant des mois ou des années, et puis doucement le jour arrive où la "chose" convoitée est là…  Le merveilleux alors vous frôle ou vous transporte. J'ai cherché, beaucoup, longtemps et j'ai fini par trouver.

Dans la nouvelle grille de programmes que Patrice Gélinet installe en septembre 1997 sur France Culture, Antoine Spire (1) animera cinq soirs de la semaine un magazine "d'idées, de réflexion et de confrontations intellectuelles" (2). Monique Veilletet, qui connaît bien Antoine Spire pour avoir travaillé avec lui sur plusieurs émissions, sera sa réalisatrice. Le titre de cette nouvelle émission est trouvée, ce sera "Staccato" du nom d'un mouvement en musique (3). Mais Monique Veilletet connaît si bien "son" producteur, qu'elle sait qu'il ne parlera pas ou aura du mal à parler sur de la musique. Elle aura alors la bonne idée de demander à Philippe Destrebecq, musicien et compositeur qui travaille à la Maison de la radio, de lui créer un indicatif, qui non seulement par son rythme et ses différentes "intensités", mais par son "envolée" permettront à Spire de décliner son sommaire (4).

Et quel sommaire ! Un condensé de convictions, de propositions de réflexions, d'entrain pour le débat, et surtout de partage du savoir. Pour cet "exercice" d'entrée en matière, Spire est flamboyant, "visiblement" heureux d'"afficher le menu". Monique Veilletet joue elle, avec doigté, sur la musique de Destrebecq, tantôt "devant" et entraînante, tantôt, en arrière-plan pour laisser, à son ton et à son rythme, Spire parler.
  Comment vous dire que l'alchimie Veilletet, Destrebecq, Spire a donné non seulement une "accroche" fantastique à l'émission, mais a ponctué la journée de France Culture par une présence très forte, et un "repère" auditif exceptionnel ? Nul besoin de dire l'heure, "Staccato" c'est 18h. La succession subtile et tonique des différentes séquences de l'émission permettra à chacun de s'y retrouver, sans qu'il soit jamais besoin de redire l'heure. Voilà un art radiophonique ! Voilà, pour moi, du bonheur à l'état pur.

Imaginez mon émotion quand, hier soir, rentrant de la Maison de la radio, j'entends pour la première fois, sans parole, l'indicatif que Philippe Destrebecq, a très généreusement  accepté de mettre à disposition, ce qui me permet de pouvoir vous le faire (ré)entendre à nouveau. Après les premières vingt secondes, j'entends quand même " Staccato, Antoine Spire, bonsoir…" puis, à environ 25", le déroulé de son sommaire ou mieux son générique. C'est pour moi totalement émouvant et magique. C'est un vrai "lieu de mémoire".

Merci à Philippe Destrebecq, Monique Veilletet, et Antoine Spire d'avoir enchanté, tant de soirées, d'octobre 1997 à juillet 1999…




(1) Producteur de plusieurs émissions sur la chaîne dont "Voix du silence",
(2) De 18h à 19h45,
(3) Le staccato ou « piqué » — c'est-à-dire, le phrasé en notes détachées — désigne un type de phrasé dans lequel les notes des motifs et des phrases musicales doivent être exécutées avec des suspensions entre elles (cf Wikipédia),
(4) Ce virage dans l'instrumentation, en "suspendant" certains instruments, permet à ceux-ci de ne pas se trouver en concurrence avec la voix humaine (merci à David Christoffel, producteur à France Musique, de m'avoir, à l'arraché, traduit avec les termes ad hoc, ce que je ne savais pas bien exprimer)

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