mercredi 1 mai 2013

Le fou bouleversant…












Bien vu, ce matin, d'inviter sur France Culture, Charles Trenet pour chanter, et Bertrand Dicale (1) pour lire entre les vers du poète. Bien vu de soulever la chape de plomb de l' "ICE" (2). Bien vu d'avoir un petit peu ralenti la mesure, et d'avoir laissé s'installer le début d'une histoire qui ne demanderait qu'à se poursuivre.  

Si "Charles Trenet s'est suicidé dans sept de ses chansons" il n'en reste pas moins vivant, swingant, délirant. Marc Voinchet, animateur de la matinale, doit beaucoup aimer la musique et la chanson qui n'hésite pas, dans un bel élan enthousiaste, à "rapprocher" Trenet de Proust. Bigre. Si j'ai beaucoup écouté Trenet dès l'enfance et continue assidûment aujourd'hui, je n'ai pas assez lu Proust. Ce rapprochement audacieux et subtil semble séduire Bertrand Dicale qui en profite, très érudit pour évoquer le "pluriculturel inconnu en France que les Anglais appellent "camp". Ce côté où on joue en permanence avec la limite du genre, la limite du bon goût et du mauvais goût, la limite du passé et du présent, la limite du sourire et des larmes…"


 
Si c'est grâce à Charles Trenet que la France en guerre et la radio diffusent de Verlaine "Les sanglots des violons de l'automne" c'est bien parce que "le fou chantant" l'a ultra popularisé en mettant ce poème en musique. Mais peut-on imaginer que quelques mois après la guerre Trenet ne puisse plus être à la mode ? Qu'à cela ne tienne, Dicale, passionnant, nous apprend que "Trenet est un auteur créole. Il a quelque chose que l'on retrouve chez des musiciens antillais, chez des musiciens brésiliens et en Amérique du sud, et dans certains coins d'Afrique, c'est cette manière de disjoindre le sens des textes et la musique. Il fait des musiques très joyeuses, très enlevées et il se "suicide" [dans le texte]. Et mieux, les Brésiliens [musiciens] vont avoir une vraie passion pour Trenet et son sens du trois temps. C'est un de ses secrets."

"Moderne et éternel Trenet" cela n'explique t-il pas, qu'à sa suite, Vian et Higelin seront de sa toute proche "famille" de musique ?

 

J'ai disposé deux players sur cette page, séparés par du texte, un peu à la façon de la discontinuité à l'écoute au cours de la matinale, en deux sessions distinctes. Mais pourquoi un 1er mai, la matinale n'a t-elle pas bouleversé le bel ordre établi, pour flirter avec le désordre, - établi et magique - d'un poète bouleversant ? Tout est possible, Marc Voinchet, tout arrive si vous vouliez bien, à votre tour, bouleverser le bel ordre établi !

(1) Journaliste à France Info,
(2) Infos. Chroniques. Experts.

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