mardi 31 janvier 2012

Chaud la radio…


La radio peut-elle rester en dehors du numérique ? Cette question lancinante et qui se traîne comme un serpent de mer n'était pas absente de la conférence organisée hier à Nantes pour le lancement de la RNT en Loire-Atlantique (1). Pas question sur ce blog de reprendre en détail les éléments techniques, les étapes et l'avance d'un département breton en pointe, ni même les perspectives industrielles que dégagerait le démarrage de la RNT sur tout le territoire national. Les gazettes et les médias s'en chargeront.

J'ai voulu retenir de cette rencontre que la radio est le premier média en France. Que Mac Luhan (2) la considère comme un média chaud à la différence de la télévision qui serait un média froid. Que 8 français sur 10 l'écoutent et que chaque foyer dispose en moyenne de six sources de réception. Qu'en terme de fiabilité la radio est en tête, devant la télévision, la presse et internet.

À terme si la RNT voit le jour, après une période de double diffusion FM + RNT, nous devrons jeter nos récepteurs FM ou nous en servir comme cache-pot kitch. Les industriels européens sont prêts technologiquement à fabriquer les récepteurs RNT, même si les français, toujours plus malins que les autres, ont eu "la mauvaise idée" de choisir la norme T-DMB (3) quand l'Allemagne, la Suisse et la Belgique ont retenu le Digital Audio Broadcasting, DAB+. À ce jeu du "poor lonesome cowboy" il faut ajouter le blocage chronique entretenu par quatre mousquetaires réunis au sein du Bureau de la radio qui, craignant un partage plus "équitable" du gâteau publicitaire, freinent les ardeurs des indépendants associatifs et privés impatients d'étendre la diffusion territoriale de leurs programmes que la bande FM ne permet plus.

L'expérience RNT, fédérée en Loire-Atlantique depuis 2007 (4) a établi un modèle économique viable. Les radios comme les politiques constatent qu'une radio locale stimule un engagement citoyen et social et que sa présence sur le territoire local est un facteur de développement culturel. Ce qui n'exclura pas bien sûr la présence des grands réseaux nationaux qui y trouveront eux-mêmes le développement de leur zone de diffusion, l'ensemble du territoire étant couvert. La création à terme de nouvelles radios sera facilitée à condition que ces créations soient régulées par une autorité telle que le CSA (Conseil Supérieur de l'Audiovisuel).

Rachid Arhab, responsable au CSA du suivi de ce dossier, avait fait le déplacement à Nantes pour réaffirmer son soutien inconditionnel à l'émergence de la RNT assurant faire le maximum avant la fin de son mandat (janvier 2013) pour que le chantier soit lancé. Le député-maire de Nantes était présent, il lui a été demandé comment le candidat Hollande se positionnait sur le dossier. Et Ayrault de rappeler "qu'il y aurait des priorités, mais qu'il conviendrait dans les quatre mois de prendre le dossier en main" (5). Le futur gouvernement (quel qu'il soit) disposera de deux modèles qui auront testé grandeur nature la RNT :
- Lyon, avec un opérateur privé,
- Nantes, avec une expertise depuis 2007, grâce à la synergie des radios associatives et aux engagements des collectivités publiques (6).
Une tergiversation trop longue "désespèrerait Billancourt" et particulièrement les radios associatives qui sont dans les starting-block pour étendre leur zone d'influence. On sait que Radio France, favorable à la RNT, parle avec ses voisins allemands engagés dans le processus depuis le mois d'août 2011. Quand au "Bureau de la radio" il semble qu'il soit plutôt dans la posture du radio-show qui n'a rien à voir avec la théorie de Mac Luhan.

La RNT, au-delà des avantages techniques de qualité de réception et d'extension géographique, permettra d'impulser une nouvelle dynamique locale en bonne intelligence avec les grands réseaux nationaux qui, s'ils ne rejoignent pas le navire, seront responsables de son sabordage.

(1) À l'initiative de la FRAP, Fédération des Radios Associatives en Pays de la Loire,
(2) Théoricien de la communication canadien, 
(3) Diffusion Multimédia Numérique Terrestre, inventée par les coréens,
(4) les radios associatives réunies, le Conseil Régional des Pays de la Loire, le Conseil général de Loire-Atlantique, les villes de Nantes et de Saint-Nazaire, 
(5) dans l'hypothèse d'une victoire du Parti Socialiste,
(6) Conseil régional des Pays de la Loire, Conseil général de Loire-Atlantique, Villes de Nantes et Saint-Nazaire.

lundi 30 janvier 2012

La radio au (kilo)mètre…

Avec une précision de métronome la presse s'est engouffrée dans les derniers résultats radio de Médiamétrie (novembre-décembre 2011) annoncés mi-janvier. Ce baromètre qui est une des illustrations de l'écoute radio (mais pas la seule) fait frétiller la presse et bien sûr les radios elles-mêmes qui se gaussent de leurs propres résultats, que ceux-ci soient en hausse ou en baisse d'ailleurs. Je survole ce qui me passe sous les yeux. Cette fois-ci j'ai porté une attention particulière à l'article de Flora Genoux (1) qui a partir d'une interview d'Emmanuelle Le Goff (1) brosse un tableau surprenant de l'évolution de l'écoute qui serait arrivée au "record absolu". J'ai lu et relu cet article et ai décidé de prendre contact avec Emmanuelle Le Goff pour en "savoir plus" ou "en "savoir mieux" (3).

Je suis toujours surpris qu'on en fasse des tonnes sur l'écoute radio avec le seul angle d'approche de l'information, du sacro-saint prime-time de 8h, d'un "retour" d'écoute en fin d'après midi. Pour à chaque fois faire silence radio (sic) sur les programmes qui existent entre 9h le matin et 18heures, et après 20 heures. On sait que l'écoute radio est facilitée dans les transports automobiles le matin et le soir et cela fait déjà une très belle audience.

Concernant les CSP+ (4), s'ils écoutent la radio 2h40 par jour, on peut facilement imaginer que c'est plutôt au domicile, en voiture à l'aller et au retour de leur trajet professionnel. Quant aux "35-59 ans, eux, affichent un  niveau d'audience de 86-87 %, ils se tournent particulièrement vers les radios thématiques, d'information".(1) Formidable mais cela tombe sous le sens que ces écouteurs radios le font la plupart hors leurs heures de travail, même si grâce à Internet certaines professions peuvent écouter en travaillant (5). Donc puisque " au fur et à mesure de la journée, le public devient plus jeune, notamment après 21 heures." (1), cela implique de la part des autres catégories une écoute aux pics de la journée (8h le matin et à partir de 17h).

Cette démonstration rapide et qui mériterait de pousser une analyse plus fine, c'est le moins qu'on puisse dire, montre qu'on ne dispose pas de mesures tangibles pour analyser l'écoute des programmes qui se situent entre les infos ou que personne ne les sollicite (6). Pour les radios l'affaire serait entendue passé 9h et ce jusqu'à 18h, ces périodes leur permettant de "faire leur chiffre" (d'audience). Cas particulier pour RMC qui tiendrait ses auditeurs sur toute la matinée grâce à des programmes de talk (7).

Dernière interrogation : toutes les radios à la rentrée 2011 ont dit vouloir s'intéresser à des programmes pour les jeunes dont on peut imaginer qu'ils n'écoutent pas la radio pendant les heures de cours. Comme le montrent les chiffres Médiamétrie c'est après 21h que l'écoute des jeunes est la plus forte, particulièrement les émissions de "libre antenne". À priori RTL, Europe 1, France Inter, France Culture, France Musique, … ne proposent pas ce type de programmes ciblés (8). J'aimerai donc bien savoir à quelles heures ces radios vont proposer des programmes spécifiques ?

La valorisation d'une chaîne de radio passe par l'intégralité de ses offres, information,  culture, divertissements. En focalisant sur la seule information offerte au public et ses "bons" chiffres d'écoute, on minimise les programmes qui deviendraient presque accessoires. Pas très stimulant pour les producteurs ! Cet état de fait renforce la précarisation d'emploi de ces producteurs de programmes (9) quand les journalistes sont la plus part du temps salariés des chaînes. 

Comme souvent la presse et les médias en général n'apportent qu'une analyse partielle des chiffres Médiamétrie. L'information cache la grande forêt des programmes. Pourquoi ? L'information serait vendeuse et bien vendeuse. Quand aux programmes se serait un accompagnement. On parle même de fidéliser les auditeurs au delà des programmes d'information ! Et pourquoi ce ne serait pas le contraire ? Encore faudrait que ces programmes d'information ne se ressemblent pas tous à la virgule près !!!

Merci à Emmanuelle Le Goff de m'avoir accordé cet entretien.

(1) Paru le 17 janvier sur Le Monde.fr,
(2) directrice du département radio à Médiamétrie,
(3)Emmanuelle Le Goff m'a accordé un entretien téléphonique le jeudi 26 janvier 2012 en fin d'après-midi,
(4) catégories socio-professionnelles les plus élevées,
(5) je n'oublie pas toutes les situations professionnelles qui permettent d'entendre la radio, chantiers, magasins, bars…,
(6) le groupe public Radio France dispose d'une direction des études qui analyse finement heure après heure les écoutes radio,
(7) paroles, paroles avec des échanges antenne avec les auditeurs,
(8) Le Mouv' et toutes les musicales privées doivent faire l'audience des jeunes,
(9) contrat de septembre à juin ou juillet renouvelable si le programme qu'ils assurent est lui-même renouvelé.

dimanche 29 janvier 2012

De la musique avant toute chose…


Ce joli titre emprunté à Verlaine pour annoncer que "Radio France et la SPPF  (Société Civile des Producteurs de Phonogrammes en France) se félicitent de la conclusion d’un accord autorisant Radio France à mettre en ligne sur son site Internet des programmes radiophoniques préalablement diffusés sur ses antennes, contenant des phonogrammes produits ou représentés par des labels indépendants." Cet accord complète celui signé début janvier avec la Société Civile des Producteurs Phonographiques (majors).

Phonogramme, en voilà un joli nom qui fleure bon les "pavillons acoustiques"…

samedi 28 janvier 2012

Petit Monde, petite lorgnette, petit reportage…

Supplément TV du 29 janvier 2012

J'aime le samedi après-midi me ruer sur l'édition électronique du Monde pour y lire les nouvelles les plus fraîches sur la radio (1 page) dans son supplément Télévisions. Cette semaine en Une : "Douze heures à la ronde. Reportage : un tour de cadran dans les couloirs et studios de Radio France". Mazette, un reportage sur Radio France en trois pages, ça va donner ! (1)

Disons le tout de suite, pour la journaliste du Monde, Macha Séry, Radio France c'est 90% France Inter et 10% d'anecdotes !!! Qu'on en juge : le reportage débute à 4 heures du matin à France Inter et se poursuivra jusqu'à 9h30 sur cette chaîne, il n'évoquera que l'info comme de juste. Pour particulièrement mettre en avant les "stars" de la matinale déjà bien surexposées. 11h30 : France Inter toujours, avec un commentaire sur les seniors qui viennent écouter en direct l'émission qui remplace "Le fou du Roi".

S'ensuivront quelques miettes pour France Bleu, FIP, le Pdg, le Comité éditorial et France Culture. Vous ajoutez 2 "encadrés" sur le chantier et les chiffres de Radio France et le reportage est bouclé ! J'oubliais, comme dans les documentaires de Thalassa le reportage se termine par " le soleil d'hiver se couche déjà". Rassurez-moi, à 17h17, à cette heure bien "tardive" la Maison ronde continue à produire des émissions, non  ? Le reportage ne le dit pas !

Tout ceci est affligeant ! La journaliste aurait peut être pu s'intéresser aux matinaliers qui ne font pas l'évènement : Amaelle Guiton sur le Mouv', Christophe Bourseiller sur France Musique, et dans une moindre mesure Marc Voinchet sur France Culture. Raconter comment avec leurs équipes ils arrivent, chaque matin à faire des matinales typées pour leurs auditeurs respectifs. Comment ils se lèvent aussi tôt qu'à France Inter, comment ils trouvent les "bons" angles pour ne pas faire du copié-collé Inter ou Info. Mais visiblement la couleur des murs du studio d'Inter est une information capitale qui, si elle n'a aucune  influence sur la fidélité des auditeurs, en a eu une sur le regard aiguë de la journaliste. On pleure !

Pendant que Macha Séry était en reportage, les programmes qui se diffusaient sur les sept chaînes du groupe public ont bien été diffusés, non ? Comment peut-on faire l'impasse sur le bourdonnement de cette ruche qu'est la Maison de la radio ? De nombreux producteurs et leurs équipes sont à pied d'œuvre, tôt dans la journée ou tard le soir, bien avant de prendre l'antenne. Et puis il y a aussi les "invisibles" qui ne font pas directement de la radio mais qui font la radio, à tout heure du jour et de la nuit. "Visiblement" ils portent bien leur qualificatif, la journaliste ne les a pas vus.

Pour être en phase avec cette grande maison de radio, la journaliste aurait pu faire son reportage à l'image de l'ancien slogan d'Inter : "24 heures sur 24" et s'imposer deux tours de cadran. Car en soirée, la nuit il y a d'autres tempos, d'autres ambiances, d'autres auditeurs. Non, décidément pour Le Monde, Radio France c'est France Inter et la vie autour est si anecdotique que ça ne vaut même pas la peine d'en parler.


Soyons clair, un lecteur anonyme m'a reproché il y a quelques jours de focaliser sur "les  banalités, poncifs et autres caricatures" que la presse véhicule à longueur d'articles sur la radio. Je précise que je ne publie pas les commentaires anonymes et que je n'y réponds pas plus ! Ce reportage du Monde enfonce le clou de mes assertions, n'en déplaise à ceux qui croient encore que la presse s'intéresse au média radio autrement que par la promotion des vedettes et des anecdotes. À l'heure où ce billet est publié, à l'exception de La Croix, Le Figaro et Les Échos, il ne semble pas que Le Monde ait publié quoi que ce soit sur la conférence de presse Nouveaux Médias de Radio France de mercredi 25 janvier, dont j'ai rendu compte aujourd'hui. Dans le reportage du Monde pourtant ces infos auraient été bienvenues, elles n'apparaissent pas plus en page "Radio" !

(1) Précisons que le supplément Télévisions est au demi-format du quotidien, que les photos prennent autant de place que le rédactionnel sur 7 petites colonnes ! Images qui ici sont des clichés (sic)…

Radio France sur un "petit" nuage…

Ronez & Hees © Mathieu Genon





Bonne semaine pour Les Nouveaux Médias de Radio France qui ont mercredi 25 janvier présenté à la presse "Le plan stratégique Nouveaux Médias 2012-2014". On pourra regretter que cette présentation n'ait pu être diffusée en live sur le web, mais si on aime lire il y a quelques bonnes feuilles à télécharger




Les cinq chantiers prioritaires sont enthousiasmants :
• le son
"Le multicanal 5.1 est un format audio qui nous rapproche de l'écoute naturelle. Avec cinq enceintes placées autour de l'auditeur, ce format apporte l'enveloppement et l'immersion sonore. L'auditeur se retrouve au cœur d'un évènement, d'un concert, d'un univers sonore imaginaire... Le format multicanal 5.1 qu'utilise Radio France est compatible avec les home cinéma 5.1 ou Surround qui équipent plus de 14% des foyers français. À terme, le format binaural permettra de reproduire fidèlement un espace 3D avec un simple casque stéréo connecté sur un smartphone, une tablette... "

• l'image
"La radio, c’est bien plus que du son : dès que l’internaute ouvre son application mobile ou son lecteur multimédia web, il a besoin de données visuelles associées. Déjà présent sur Dailymotion ou YouTube via les caméras équipant les studios, les stations de Radio France vont bénéficier d’une nouvelle dynamique de production vidéo grâce à des moyens dédiés, et une ambition réaffirmée."

• l'information
"C’est au moment où l’information est partout, produite et relayée par de multiples émetteurs dont les citoyens eux-mêmes, que nous avons justement besoin de l’exigence du service public. Avec une des plus grosses rédactions de France - 770 journalistes sur les antennes et les sites, présents sur tous les fronts, Radio France proposera sur ses sites et applications mobiles une autre manière de faire vivre l’information, en alliant le contenu de référence à une innovation dans les formats."

• le mobile
"Le mobile est dorénavant le support de prédilection des offres éditoriales de Radio France vers les nouveaux médias : la connectivité du mobile et les possibilités offertes par la géolocalisation sont autant d’opportunités pour les offres du groupe. L’ambition est claire : faire de Radio France le média de référence sur l’offre mobile."

• la musique
"La musique fait partie intégrante du patrimoine de Radio France. Les publics consomment aujourd’hui différemment, les offres de Radio France s’adaptent : réécoute en ligne, disponibilité d’un catalogue enrichi, recommandations, intégration dans les réseaux sociaux… Radio France fait le pari des usages numériques innovants et proposera, dès septembre 2012, une plateforme dédiée à la musique, à toutes les musiques."

Et cerise sur le gâteau pour Joël Ronez, le directeur des Nouveaux Médias à Radio France le budget alloué à ces chantiers est "porté à 6,7 millions d’euros pour 2012 (2,3 M en investissement et 4,4 M en fonctionnement), contre 4,1 millions d’euros en 2011 (1,9 M en investissement et 2,2 M en fonctionnement). Cet effort, dans un contexte budgétaire contraint, est le fruit d’un choix déterminé de Radio France."

Depuis son arrivée, juillet 2011, il n'aura pas vraiment chômé puisque son expertise, son enthousiasme pour la radio (il venait d'Arte), est en train de générer un mouvement sur l'ensemble de la Maison ronde qui va permettre aux personnels de s'impliquer : "un plan d’action ambitieux a été mis en œuvre en termes de ressources humaines, avec à la fois le doublement des effectifs consacrés aux nouveaux médias et un plan de mobilité et de formation de grande ampleur.L’objectif : disposer des ressources nécessaires et impliquer l’ensemble des métiers dans cette stratégie."

Jean-Luc Hees, le Pdg de Radio-France a su insuffler la mue de "la radio des origines". Ronez engage la Révolution qui va forcément bouleverser la création, les métiers, la diffusion, l'image qu'on se fait de la radio et sans doute à court terme - avec ou sans RNT - donnera un sacré coup de vieux à la télévision. Juste "revanche" pour la radio qui à la création de la télévision, s'est fait piquer ses idées, ses animateurs, et ses imaginaires…

Source : toutes les citations sont extraites du Plan stratégique Nouveaux Médias 2012-2014.

Un mistigri à la radio…

Mes chers auditeurs, vous l'aurez remarqué on a refait les peintures de la crèmerie et essayé d'améliorer la lisibilité… Quant à la visibilité, janvier parti dans les limbes de l'Histoire, nous aurons passé les vingt mille pages vues depuis le dix sept juillet. C'est forcément agréable d'être lu, de lire vos commentaires et de tisser une petite histoire de la radio.

De bons amis attentifs à mon affaire m'ont suggéré de me présenter un peu moins succinctement qu'en trois mots. Ce qui fut fait cette semaine. Le texte en colonne de droite. En plus, si vous descendez au bas de cette colonne vous trouverez un lien qui vous en dira un peu plus… Dans une suite un mistigri c'est un "pas pareil". C'était le cas et ce fut un très bon moment de radio. Nous en reparlerons prochainement grâce à une anecdote inattendue et savoureuse…
(à suivre)

vendredi 27 janvier 2012

L.A. Woman… Radio Woman

Quelque fois les bonnes ondes radio se croisent dans la confrérie des radioteurs (1). J'avais envie de vous parler de L.A. Woman, le dernier disque des Doors qui vient de fêter ses quarante piges. Mais c'est pas de la radio ! J'aurais pu finasser. Il y a quelques femmes de radio dont les initiales L.A.… Mais c'est plus la même musique ! Well, ce matin l'oiseau bleu tape à ma vitre. Le message est clair, Syntone, vigie, sort de derrière les fagots une interview de L.A. (radio) Woman, Lady Anna. Tout est dit dans ce billet enlevé par Etienne Noiseau, la vigie.


Donc les portes se sont refermées en 1971 sur L.A. Woman ! Prémonitoire l'album se termine avec The End, que certains écoutent avec les hélicoptères de Coppola dans les yeux (2). Jim Morrison fera le grand saut quelques semaines après pour atterrir au Père Lachaise. Rideau. Mais aujourd'hui Garnier (Philippe) l'homme de L.A. a repris, pour Rock&Folk, les chemins du lieu où le septième vinyl des Doors a été conçu. Et tant qu'à faire il a scruté un peu autour à sa façon. Garnier pousse le détail, c'est son truc. Il interviewe quelques uns des protagonistes dont Ray Manzarek (claviers). Il pose le(s) cadre(s) et l'ardoise (3). Sans idolâtrie superflue (c'est pas le style du bonhomme), et redite ad vitam aeternam des superponcifs sur Lord Jim, il choisit le témoignage de John Densmore (batteur) qui veille au grain de l'ex-entreprise collective et s'engage dans autre chose que la fructification de l'or en barre. Les portes refermées s'ouvrent assez facilement quand même pour revenir, à épisode régulier, rafraîchir la peinture et relever les compteurs. Avant de réécouter L.A. Woman j'avais envie de lire Garnier. C'est fait.

Et puisqu'on "est" à la radio. J'oserai suggérer à Garnier de proposer aux radios publiques (Le Mouv', France Culture, France Musique, France Inter) sa "petite musique" ! Elle aurait toute sa place dans les grilles d'été. Bon je dis ça mais l'homme aime t-il suffisamment la radio ? Les dites radios ont-elles envie de lui ouvrir les portes ? ;-)  On en reparlera…

Pour être raccord en rédigeant ce billet, j'ai écouté en boucle "Is it me" des Kooks qui, passant dans le Rodéo du Mouv' (4), m'a suffisamment caressé l'oreille pour que j'en fasse mon disque de la semaine. Allez, ouvrons grand Les Portes et reprenons un bon coup de blues de 1971, ça peut pas faire de mal.

 
(1) Clin d'oeil à une radioteuse de Radio France,
(2) Apocalypse now, Francis Ford Coppola,
(3) lire R&F n°534, Février 2012,
(4) Rodéo, du lundi au vendredi 14h-17h, Le Mouv'. Philippe Dana sur la même chaîne dans son Midi2 du mercredi 24 janvier, a présenté R&F et l'article de Garnier.

jeudi 26 janvier 2012

Les Mythos dans les nuages…


Le 19 décembre 2011 personne ne nous a dit que le Comité d'Histoire de la Radio distinguait la 2ème série des Mythologies de poche de la radio produites par Thomas Baumgartner (1). Pour ce faire Baumgartner et sa réalisatrice Manoushak Fashahi ont créé une petite bande de désannonce sympathique que vous pourrez écouter en cliquant là (2).

C'est, en raccourci, de fameuses voix et autant d'évocations de la radio. Elles sont maintenant dans les nuages et forcément dans nos souvenirs.

(1) 25 n° diffusés pendant la grille d'été 2011 de France Culture (tapez en recherche le titre de l'émission et vous aurez accès à l'ensemble de la série des 60 n°, classés de façon absolument fantaisiste),

mercredi 25 janvier 2012

Dans la roue de Mitterrand…

Nous sommes le 12 avril 1981 dans 14 jours ce sera le premier tour de l'élection présidentielle. Le Nord bat au rythme du Paris-Roubaix, 79ème du nom. Il y a 25 ans qu'un français n'a pas gagné (Louison Bobet). Bernard Hinault, champion du monde et deux fois vainqueur du Tour de France, est sur toutes les lèvres françaises. La politique est en sommeil même si les prétendants à l'investiture suprême courent encore de préaux d'école en salles des fêtes.

Claude Giovannetti (réalisatrice) et Yann Paranthoën (ingénieur du son) pour France Culture sont au départ. Ça tourne ! Pas de fioriture, de superflu, l'essentiel du son. On est tout de suite dans la course. Dans l'ambiance festive d'un dimanche de printemps. Les voix techniques de la course, les voix des spectateurs, les voix des coureurs. les superpositions sont justes. C'était le génie de Paranthoën, recréer le réel tout en l'inventant. Par son montage subtil et "palpable". On a l'impression de toucher le son, d'en être pénétré sans agressivité même aux moments les plus aigus.

Se superpose aussi la narration de l'itinéraire. Sobre, présente, devant, derrière. En contrepoint. En fil rouge. En peloton qui se dévide. La ferveur populaire croise l'organisation rigoureuse de la course, ses aléas, ses chutes, ses drames. L'enfer du Nord se rapproche. Louison Bobet dernier coureur français a avoir gagné l'épreuve, sur le parcours est ému. Il pense à son pays Hinault, breton comme lui. Et puis la bonne idée de Paranthoën c'est de capter les langues du cyclisme des reporters italiens, néerlandais ou autres. C'est faire défiler en stéréo la voiture des directeurs de course, Jacques Godet et Félix Lévitan. C'est recueillir le témoignage à chaud du docteur Porte. C'est donner à entendre les techniciens les préparateurs des cadres et des roues de secours. C'est entendre l'incontournable speaker du Tour de France Daniel Mangeas qui officie aussi sur Paris-Roubaix. C'est condenser en 50 mn une course gagnée en 6h26'07".

C'est réussir a attraper le caractère brutal du Blaireau qui scande "J'ai pas demandé à gagner Paris-Roubaix cette année. C'est au cours de la course que je verrai". Et les reporters et journalistes sportifs qui rédigent leur papier pour le lendemain. "Hinault un prophète barbouillé de boue". "Hinault au paradis". "Hinault entre dans la légende". Et les techniciens qui écoutent les résultats dans la voiture : "Ça nous prend à la gorge et on sait bientôt pas parler, quoi !". "L'espace d'un instant, l'enfer du Nord avait pris des allures de paradis", Philippe Ramette.

Le résultat pour Hinault était important. Mais pour Giovanetti et Paranthoën l'important c'était de raconter la course pas juste l'exploit sportif et le déroulé chronologique de l'épreuve. Tout ce qui se passe en même temps, autour, à côté. Différents points de vue et de fait différents points d'écoute. Une vraie création radiophonique qui donne envie de la réécouter plusieurs fois pour en entendre toutes les richesses.

C'est grâce à Abou Diouf et à Sa nuit rêvée (1) que nous avons pu réentendre "Yvon, Maurice et les autres… Alexandre ou la victoire de Bernard Hinault dans Paris-Roubaix 1981" Prix Italia la même année. Marc Floriot, producteur de cette nuit, présente d'une belle façon le reportage "Trois rubans pour cette course : un granitier (les pavés), un magnétique (bande du Nagra), un en caoutchouc (la chambre à air)"

(1) Nuit de samedi 21 à dimanche 22 janvier 2012,

mardi 24 janvier 2012

Trois hommes… trois voix… trois destins

L'art
Pierre Descargues (1925-2012) est décédé le 20 janvier. Hier matin dans une rubrique tonique (1) de la matinale de France Culture, Tout feu tout flamme, Emmanuel Laurentin, Philippe Garbit, François Angelier (2) ont évoqué avec les mots justes cette figure de la création culturelle, qu'elle concerne la radio ou les arts plastiques. Pierre Descargues a produit pendant 25 ans l'émission Les arts et les gens et ce jusqu'en 1997. Philippe Garbit nous proposera bientôt dans les Nuits quelques archives de cette émission ainsi qu'une série d'À voix nue. 

Il rappelle que Descargues avait créé le dimanche après-midi "La tasse de thé", émission dont Emmanuel Laurentin précise qu'elle fédérait le programme musical de la chaîne, la rédaction et les programmes. C'est au cours de cette émission que Descargues avait inséré "Le temps de se parler", l'occasion de permettre aux auditeurs un échange de cassettes des émissions qu'ils avaient enregistrées et qu'ils mettaient à disposition contre la possibilité de recevoir celles qu'ils n'avaient pu écouter. C'était comme dérisoire mais tellement précieux pour les fidèles de France Culture. Et Descargues le faisait avec beaucoup de gentillesse et d'attentions pour ses auditeurs.

Angelier précise "la voix dit tout, ce n'était pas l'homme de la grandiloquence, de la rhétorique et des grands discours mais un homme de douceur, du secret chuchoté, on avait l’impression d’un gros ours qui dégustait un rayon de miel dans son coin et qui vous le faisait partager…" Belle poésie pour quelqu'un qui n'en manquait pas.


avec Dizzy Gillespie - Harlem années 50 - Coll. part
 
La musique
Cette semaine dans "À voix nue" (3), Alain Kruger nous propose de découvrir Daniel Filipacchi "Créateur d’émission mythiques de radio et patron de presse… passionné de jazz et de surréalisme, une légende vivante." Pour ceux qui aiment le jazz et les copains, salut.


© Yann Orhan - 2012

L'art de la musique
Sur son site, France Inter nous propose de découvrir et d'écouter en exclusivité les dix chansons du prochain album de Léonard Cohen qui paraîtra le 30 janvier. La voix a pris de la patine. 
"Cet album de dix chansons aborde poétiquement certains des plus profonds dilemmes de l'existence humaine - la relation à un être exceptionnel, l'amour, la sexualité, la perte et la mort. Sans doute l'album le plus ouvertement spirituel de l'artiste, Old Ideas transmet au mieux toute la pudeur des sentiments de Léonard Cohen" 
Ces trois hommes d'âge mûr ont marqué le XXème siècle et laissent de belles empreintes sensibles dans le XXIème et… à la radio.   

(1) La délicatesse et le respect de ce très grand producteur aurait peut-être voulu que l'animateur de la matinale, Marc Voinchet, temporise son ardeur et trouve le ton pour évoquer un maître de radio.
(2) Producteurs respectifs de La fabrique de l'histoire, Les nuits de France Culture, Mauvais genre,
(3) France Culture, 20h, du lundi au vendredi.

lundi 23 janvier 2012

Où vers la nuit…

nous pourrions nous plonger… (1)

Les deux héros (sic)
L'affaire n'est pas si simple ! Le 29 août 2011, Alexandre Heraud - "transfuge" de France Culture - rejoignait le Capitaine Lebrun sur France Inter (2), pour créer et co-animer avec Tania de Montaigne une nouvelle émission (3)… La presse radio (4) s'empressait d'écrire sur le sujet des banalités, des poncifs et autres caricatures qui ont dû beaucoup chagriner José Artur qui après 40 ans de Pop Club se demandait comment on pouvait comparer avec une émission qui avait tout juste quatre semaines. La question récurrente est toujours la même : les journalistes qui parlent de radio l'écoutent-ils en dehors des émissions qu'ils chroniquent ?

Pour écrire ce billet j'ai du commencer par "oublier" que j'avais très longtemps écouté Alexandre Heraud à Cuba ou sous d'autres tropiques, au Vif du sujet et sur les Docks (5). Heraud a fait un tour de chauffe sur Inter l'été dernier avec ses Ultramarine où il était tout à fait à son affaire. J'ai écouté la première d' "Ouvert la nuit" et quelques suivantes pour "rentrer dans l'émission" et essayer de comprendre les enchaînements. J'étais dubitatif, c'est le moins qu'on puisse dire. J'entendais un fouillis sympathique mais un fouillis quand même. J'ai laissé décanter, pris quelques chemins de traverse et y suis revenu en début d'année.


Déroulement : l'émission démarre dans un léger brouhaha qu'on pourrait appeler "ambiance de bar", Tania présente le sommaire de l'émission, chroniqueuses et chroniqueurs font dire quelques mots à leurs invités… On reste un peu perplexe ! Sûrement trop habitués à entendre d'abord un générique on pourrait croire que l'émission a démarré avant le "flash" de 21h. Il n'en est rien. Cette idée originale qui bouscule un peu les rites on la doit à Jerôme Chelius, le réalisateur, qui a d'abord voulu installer l'ambiance et envoyer ensuite l'indicatif. Pourquoi pas ? Pendant que celui-ci démarre Tania et Alexandre entrent en studio pour recevoir leurs premiers invités. S'ensuivra une heure assez tonique, avec de nombreux sujets, quelques pauses musicales et un conducteur très serré (6). Pas beaucoup le temps pour l'auditeur de souffler entre les sujets et de prendre un peu de recul ! Cela tient au rythme bien sûr qui nécessite d'être très concentré. Si on fait autre chose en même temps on perd le fil.

Le début de la deuxième heure (7) reste tonique jusqu'à ce qu'Alexandre Heraud quitte le studio pour accueillir son invité sur canapé et installe (enfin) un autre tempo. À la réflexion je me suis demandé si le réalisateur n'avait pas voulu, pour réaliser cette émission, proposer un plateau de télévision (Ce soir ou jamais) ? Invités multiples, superposition de la parole, joutes verbales. Particulièrement parce que si on n'y prête pas une attention soutenue les voix des chroniqueurs se "confondent" avec celles des invités. À la différence de la télévision on ne dispose d'aucun repère visuel et la multiplicité des intervenants n'aide pas à un repère auditif immédiat. Peut-être conviendrait-il de redire plus souvent qui prend la parole ?

Ce n'est pas la première fois qu'une "bande" se retrouve autour de plusieurs micros à la radio. L'exercice voudrait qu'on n'oublie pas l'auditeur à qui il faut savoir redire qui s'exprime. Cela peut être fastidieux pour l'animateur mais très utile pour celui qui écoute. Quant aux chroniqueurs ils doivent aussi redire le nom de leurs invités, particulièrement quand ceux-ci prennent à nouveau la parole après un long temps où ils ne se sont pas exprimés. Le choix éditorial de proposer des intervenants multiples implique une rigueur d'animation qui peut difficilement trouver sa place si l'on souhaite une ambiance débridée. Dans son Pop Club aussi très débridé, José Artur était le seul intervieweur, c'était beaucoup plus facile.


Venons-en au canapé ! Heraud n'est jamais aussi à l'aise que lorsqu'il est dans l'intime d'une conversation duelle. Il valorise son invité, le laisse parler, le taquine et en lisant des extraits de son livre rend apaisante la fin de l'émission. On est entré dans la nuit et on s'en rend compte enfin ! Pour l'heure et demie qui a précédé, à la différence d'un Ruquier-batteleur, Heraud ne prend jamais une posture de chef de bande. Il laisse Tania et les chroniqueurs s'intercaler sans s'imposer. Ce principe "ouvert" nécessite des mois de "rodage" et implique des complicités exceptionnelles. Celles-ci s'installeront-elles ? Laissera t-on suffisamment de temps à l'émission pour trouver ses marques (de fabrique) ? N'y aurait-il pas lieu de diminuer le nombre de sujets et surtout le nombre d'intervenants à parler ensemble ?

Autant de questions qui, quand les réponses seront connues, permettront peut-être d'installer un grand rendez-vous du soir sur la longue durée.

"Vous dire" (8) :  Réaliser une quotidienne de deux heures, cinq jours consécutifs est un travail de titan. Le mental est totalement bloqué sur un seul "sujet". Il faut chaque jour se renouveler (et dormir un peu la nuit), se donner le temps de se regarder pédaler… et accepter de remettre sur le métier ce qu'on croyait être un bel ordonnancement.
(à suivre des deux oreilles, on en reparle dans un mois)

(1) Les nuits sont longues en hiver, ce billet l'est aussi,
(2) Ex France Culture, qui lui anime depuis février 2011 "La marche de l'histoire", du lundi au vendredi, 13h30,
(3) Ouvert la nuit, de 21h à 23 heures du lundi au vendredi,
(4) Laquelle ?
(5) et même accompagné sa petite équipe (Olivier Beurotte/son, Yvon Croizier/réalisateur) sur l'île Molène en Finistère au début des années 2000, pour un Vif du Sujet,

(6) le réalisateur ne doit pas chômer, un œil sur la console son, un oeil sur le studio, une oreille sur le retour, une oreille pour ses co-équipiers au son, et le troisième œil pour les multiples écrans qui complètent les équipements son. Quant à la troisième oreille on ne sait pas où elle se cache. Un vrai chef d'orchestre qui "supporte" les solistes qui en oublient quelquefois de suivre leur conducteur…

(7) Après un flash d'info très court, 
(8) Formule de Laurence Bloch qui concluait ainsi ses émissions de France Culture, aujourd'hui directrice des programmes d'Inter.

dimanche 22 janvier 2012

Zik' Mouv'

 
Si l'oiseau bleu passe devant votre fenêtre et vous annonce Adèle dans Le Live d'Émilie Mazoyer (1) vous arrêtez tout pour entendre, en acoustique, une session jouée dans les locaux du Mouv' en janvier 2007. Et si ensuite Akhenaton (2) enchaîne avec une heure de Barry White, on est carrément proche du bonheur. J'ajoute, sur un conseil avisé, avoir été fureter sur iTunes voir si Eddie Palmieri y jouait "Cafe", le morceau qui changea la vie de PBF (3). Il y est ! Bingo. Je ne suis pas prêt de m'endormir. 

Ces anecdotes montrent que ce peut-être sur un coup de cœur que s'installe un rendez-vous et la fidélité à une émission. Profitez du player et réécoutez autant que vous voulez.

(1) Le Mouv', samedi et dimanche à 19h,
(2) Tu le sais, samedi et dimanche 20h,
(3) Voir billet d'hier, Bananas.

samedi 21 janvier 2012

Bananas…

Le directeur du Mouv'

Pour être dans le ton des enchaînements radio, au prétexte d'avoir cité ce matin Amaelle Guiton et son directeur du Mouv' Patrice Blanc-Francard (PBF) à propos de la bible "Les années radio", je n'ai pu m'empêcher de consulter l'index et d'y rechercher Bananas, un de mes très bons souvenirs radio et particulièrement souvenir musique. (1) Voilà ce que dit Jean-François Remonté de son "compère" :

" … le principal titre de gloire, comme défricheur des ondes, de celui qu'on appelle volontiers PBF, restera Bananas. Un vrai petit phénomène culturel qui va installer définitivement dans les goûts musicaux des français un courant "tropical", celui qui fera plus tard le succès de Touré Kunda, de Malavoi … C'est par hasard dans un magasin de disques (2), que PBF découvre un disque d'Eddie Palmieri, un porto-ricain qui joue une musique réservée aux antillais, la salsa. Un rythme qui mélange indolence et tonus, et des sons parfumés et épicés qu'on a oublié d'écouter jusqu'à présent. Le pari est de faire une heure d'émission, en fin d'après midi, en diffusant uniquement ces musiques venues des Antilles, de la Jamaïque ou de l'Afrique. Et comme PBF est à la fois "accro" - il est bien un des rares animateurs à écouter vraiment les disques au casque pendant l'émission - et persuasif il va gagner.

Cette heure de musique ensoleillée trouvera vite son public et Bananas durera près de deux ans sans s'épuiser. PBF a ses correspondants dans le monde qui lui envoient les dernières parutions de Fort de France ou de Saint Domingue (3). Un jour il reçoit la lettre d'un fidèle de l'émission, demandant une référence de disque. Elle vient des îles Marquises et elle est signée J. Brel. Il envoie le disque avec un mot ; "Tout laisse à penser que vous êtes Jacques Brel." La réponse arrive bientôt, laconique : " Le Jacques Brel que vous connaissez n'existe plus." Trois mois plus tard, la maladie l'emportait."

J'ai rencontré en ce début d'année Patrice Blanc-Francard pour évoquer entre autre Bananas et d'autres histoires de radio. Merveilleux moment. PBF avec calme et courtoisie partage ses convictions de la radio d'aujourd'hui. Il n'a aucune nostalgie et est persuadé que le Web doit accompagner la création et les programmes radiophoniques. Son attention critique sur le nouveau site du Mouv' en est la meilleure preuve. Hees (4) a fait un très bon choix, car en plus d'avoir réussi une belle carrière radio et télé PBF s'avère être un manager attentif aux animateurs qui interviennent sur sa chaîne. Aussi bien à la forme parlée dans le micro qu'au fond. Ce doit être vraiment très formateur pour son équipe de pouvoir profiter de ces oreilles-là. PBF a accepté ce poste à condition d'avoir la durée pour installer une équipe, des programmes, une couleur (en plus du orange !). Il est l'homme de la situation et plutôt que d'entendre rabâcher les résultats Médiamétrie qui ne donnent pas encore 1% d'écoute à sa chaîne, les journalistes radio (5) feraient mieux de s'intéresser à "la petite chaîne qui montera".

Mon slogan " Le Mouv' : un 100% radio !"

(1) France Inter, du lundi au vendredi, Remonté ne donne pas de dates, (je l'écoutais en janvier 1973) donc sans doute de 1972/1974, après Radioscopie, donc vers 18h (?),
(2) Lequel ?
(3) Et de Jamaïque sans doute ?
(4) Pdg de Radio France,
(5) Où ça ?

Bible radio…

 
Bon c'est peut-être un peu exagéré de parler de bible à propos de "Les années Radio" de Jean François Remonté et Simone Depoux (1)… Mais, mais, mais ce livre publié en 1989 est indispensable à l'amateur de radio. Si je ne vous en parle qu'aujourd'hui c'est qu'après maintes circonvolutions ce livre est à nouveau revenu dans ma bibliothèque.

En 1989 après avoir entendu pendant au moins deux saisons d'été, sur France Inter, Jean François Remonté (réalisateur sur cette chaîne) nous offrir un florilège des émissions de radio - les mythiques comme les plus "banales"-, il était impossible de louper son livre. Si celui-ci n'évoque pas ou très peu France Musique ou France Culture, en revanche RTL, Europe 1, RMC et Inter bien sûr sont bien présentes ainsi que les radios d'avant guerre. Autour d'un texte fluide, des encadrés viennent mettre en valeur des voix de radio, des émissions, des patrons de chaînes…

J'ai commencé hier par aller y regarder de plus près sur Georges Lourier, évoqué hier dans mon billet de feuilleton, qui bénéficie de sept citations. Dans l'encadré qui le concerne on peut lire : "À la rentrée de 1962, Roland Dhordain, conseiller technique du directeur de la RTF, s'attelle à la reconquête de l'auditoire de France Inter (2). Il lance la tranche du matin avec un présentateur vedette, Georges Lourier qu'il traite royalement. Ce sera la première fois dans l'histoire de la radiodiffusion française qu'un animateur sera mieux payé que son directeur !" (3).

J'ajoute donc cette "bible" à la petite bibliothèque radio que vous pourrez trouver ici .Tant qu'à faire vous regarderez aussi "La radio, Rendez-vous sur les ondes" (4), un petit précis à la riche iconographie.

(1) chez l'Arpenteur, Éditions Gallimard, 1989,
(2) qui ne prendra ce nom qu'en 1963, 
(3) Amaelle Guiton a maintenant les moyens de négocier !!
(4) Pierre Sabbagh, Découvertes Gallimard, 1995,

vendredi 20 janvier 2012

Grands Talents du Petit Matin… (filmer la radio)

G.Lourier © Capt. écran/Ina






Là on va faire dans le détail ! Dans sa matinale pour accueillir son invité (1) Amaelle Guitton s'est trouvé un jingle qui dès le début de saison m'avait accroché l'oreille ! "Les GTPM, Grands Talents du Petit Matin, nous en avons vu depuis des semaines et des semaines de toutes les couleurs…" Il me semblait bien avoir reconnu une "voix d'Inter" mais GTPM ça ne me disait rien. J'interrogeais Amaelle Guitton qui m'envoya balader (sic)… sur le site de l'Ina. Bien vu Amaelle, c'est kitch, ça a du peps, décalé mais pas trop. Bravo ! Bingo !

La voix c'est Georges Lourier, une figure de la radio des années 60. L'archive est intéressante à plus d'un titre. On n'accède pas tout de suite à Georges Lourier. On commence par un reportage qui nous permet de voir comment la télévision des années 60, en mal de sujets, n'hésite pas à aller filmer… la radio (2). D'abord l'émission prestigieuse de France Musique "La tribune des critiques de disques" animée par Armand Panigel, l'homme a la voix de velours. On nous montre le studio : table minuscule, micro central en pendant, régie et tables de mixage, techniciens hilares. On assiste à un débat très académique de spécialistes de la musique. Savoureux.

Puis viendra le tour de Georges Lourier qui simulera un échange téléphonique avec un jeune auditeur qui chantera du Ferrat. Un sacré GTPM. On appréciera le montage et le décalage son ! Je suis peut-être le seul auditeur du Mouv' à être allé chercher le détail aussi loin. Amaelle appréciera d'avoir pris la peine de se créer un jingle qui n'est pas complètement passé inaperçu. Et Georges Lourier d'avoir retrouvé l'antenne !

Ce qui est intéressant dans cette minuscule chose c'est qu'Amaelle Guitton a été chercher un son de radio et mieux un son de la radio publique ! Alors que pour faire Mouv' elle aurait pu créer un son "tendance". Ce regard et cette écoute font la différence. Car si quelques producteurs utilisent à foison, en indicatif, les sons et les voix de la radio "ancienne", Amaelle y a mis un clin d'œil qui participe aussi à rendre sa matinale un peu moins formatée que la plupart de celles de la bande FM.

(1) Le Mouv', à 8h20, chaque matin de 7 à 9, du lundi au vendredi,
(2) Alors que l'équipe Nouveaux Médias de Radio France filmait hier soir à la Gaité lyrique à Paris, pour France Musique, un Impromptu musical «Cartouche» par Erikm (electronique) et Natacha Muslera (voix), photo ci-contre © ronez/radio france.


Grands Talents du Petit Matin

jeudi 19 janvier 2012

Aux Ondes, les sons, les mots…

 
Les Ondes
Au détour de l'émission d'Aurélie Charon (1), quelques secondes de digression sur le café Les Ondes, qui fait face à la Maison de la Radio, m'ont fait tendre l'oreille. Son invité évoque que le nom "Les Ondes" n'a pas forcément de rapport avec celles diffusées 24/24 depuis la Maison d'en face. Et de suggérer que les origines bretonnes du patron ont peut-être à voir avec la mer et ses ondes ? Diantre le patron des Ondes serait donc breton et je n'en saurais rien ? (2) Las, les patrons sont aveyronnais, ce qui ne change rien aux ondes qu'ils reçoivent de la part de tous ceux qui quittant les studios ne peuvent s'empêcher d'en reprendre un peu (des ondes).

Les sons
Voilà que le son 3D fait son chemin. Vous en saurez plus en cliquant  et prendrez la mesure des sonnailles presque sur le dos du mouton. Pour le son 3D pas besoin de lunettes, un casque fera l'affaire et demain dans son salon on pourra vivre, via nos enceintes, la transhumance au cœur de la laine (fraîche)…

Les mots
Avant que ça ne devienne une posture obligée et pesante, quelques producteurs radio s'étaient essayé à passer le relai d'une émission à l'autre. Je me souviens particulièrement d'Alexandre Heraud qui, sur France Culture, tout au Vif de son sujet, ne manquait pas chaque mardi à 16h30 de faire quelques bons mots avec Yvan Amar ou Gérard Tourtrol qui allaient, "un poco agitato", nous offrir 30mn de musiques diverses et variées. C'était subtil et agréable à entendre. Alexandre tenait son affaire et Amar ou Tourtrol avaient intérêt d'être à la hauteur. Ils l'étaient souvent. On se marrait, on était "dedans" avec eux ! Ce petit supplément d'humanité était charmant. Si vous voulez bien considérer "charmant" comme frais ou souriant et non comme un échange style "Louis XIV". À la télé Masure (Bruno) et Poli (Joseph) croisaient aussi les bons mots.

Aujourd'hui sur une chaîne de Radio France, après le long tunnel d'infos du matin, ce qui aurait pu ressembler à une galléjade sympathique à tout de la figure imposée pour ne pas dire obligée. Ce n'est ni subtil, ni drôle, mais convenu et lourd. Cela tient bien sûr aux protagonistes qui en font beaucoup (trop). L'auditeur doit supporter l'échange et attendre qu'on veuille bien s'intéresser à nouveau à ce qu'il écoute. Exactement le contraire de la petite facétie joyeuse du Heraud.

Aux Ondes, laissons les mots… (de la faim).

(1) L'atelier intérieur, du 9 janvier
(2) O diaspora, o mores (sic)

mercredi 18 janvier 2012

The artist vs The radio…


Nous sommes en janvier 2062, à la cérémonie des Transisd'Or qui récompensent depuis 10 ans les émissions de radiov les plus innovantes… On s'en souvient la RNT a depuis 40 ans définitivement fait tourner la page à la Modulation de Fréquence (FM) et les programmes radiophoniques ont dépassé les espérances les plus futuristes de quelques pionniers… Le mot radio est lui-même depuis longtemps passé aux oubliettes puisque l'on parle maintenant de Radiov (radiovision). Le président du jury, Thomas Baumgartner (1), 83 ans aux fraises, monte sur scène pour remettre le grand prix… Les bonnes ondes l'irradient. L'émotion est à son comble ! 

À l'écran défilent les images en N&B d'anciens studios de Radio France (2), quelques visages de femmes et d'hommes de radio légendaires et aussi quelques sons parasites, copie conforme de Radio Londres… Depuis quelques jours les médias bruissent de la possibilité que le grand prix soit attribué au Réseau FM… Réseau qui depuis l'arrivée de la RNT n'a eu de cesse de faire vivre le hertzien, d'entretenir les antennes, de former les ingénieurs du son aux outils analogiques, de favoriser l'installation de boutiques de maintenance des appareils à Modulation de Fréquence, et surtout d'inciter à la création de programmes originaux et à la diffusion des colossales archives de l'ex-Ina. Écran souple en main, Baumgartner pianote de deux doigts un code magique et lit au micro : "Le grand Prix des Transisd'Or est attribué à… Réseau FM". Standing ovation. Zappy Marx (3) quitte son fauteuil et d'un pas alerte rejoint la scène. Accolade respectueuse de l'impétrant et du Président du jury.

"Mes chers amis, cette récompense… aux plus belles heures de la radio… et de l'art radiophonique… tenu à bout de bras… un peu comme les films muets… en Noir et Blanc… récompensés au début du siècle… radio… a un avenir…".(4)

(1) Fringant producteur radio du début du siècle, aussi à l'aise avec le son multicanal qu'avec les images soniques,
(2) Le groupe de radio publique qui en 2022 a fusionné avec France Télévision et l'Ina pour devenir l'ORTF, Organisation Radiov Télév Francophone,
(3) Pseudonyme de Claude Dottomerni-Gorsebrun, président du Réseau, en hommage à un célèbre bateleur de Radio Luxembourg des années 50 à 70 du siècle dernier se faisant appeler Zappy Max…
(4) Bonus : Radio : ouvrez grand vos oreilles !

mardi 17 janvier 2012

Le mur du çon… cash


"Le lundi 5 janvier [1987], pour la première fois je ne me lèverai pas de bonne heure… Eve Ruggieri me remplacera trois jours.". (1) C'est la conclusion du livre de Philippe Caloni, journaliste qui, à France Inter a enchanté Inter-Matin avant qu'on ne l'en dégoute et qu'il soit remplacé par LA spécialiste de musique classique qui ne tiendra donc que trois jours au poste d'anchorwoman (2). Je reprends cet exemple pour montrer qu'à l'antenne (des radios publiques) les comètes sont assez rares. Celle-là était risible. La pimprenelle qui ne doutait de rien et surtout pas d'elle-même avait toute seule franchi le mur du çon et K.O. debout avait demandé à faire autre chose (2).

À la rentrée 2010, sur Inter, pour remplacer les trublions-humoristes du matin, licenciés en fin de saison précédente, on essaya rien moins que deux "humoristes-pas-drôles" qui eux-mêmes franchirent le mur du çon et se scratchèrent en moins de temps qu'il n'en fallait à la mère Denis pour se mettre les mains sur les hanches. C'est bien vrai ça !

Ce matin quelques amis indécrochables d'Inter m'appellent pour m'annoncer deux nouvelles essentielles pour le confort radio :
- Les Avachis perdent 10 mn dans leur longue séquence du matin (4),
- un ORTI (objet radio terriblement insignifiant) "À votre écoute, coûte que coûte" s'intercale de 12h20 à 12h30 !!!,

Aujourd'hui on nous apprendra sans doute qu'il fallait en rire, car si bas dans la médiocrité et l'inutile y'a pas ! Était-ce le préalable à une nouvelle chronique pour l'émission précédente ? Un test pour envoyer tous les jours des ORTI que l'on n'aura de cesse de jeter ! Les dirigeants de cette radio ont-ils bien ri ? Pour faire du vrai-faux il faut du talent, des indices et une bonne dose d'humour… subtil ! Exactement tout ce qu'il manquait à ce pastiche de rien ! Alors émission comète ? À défaut d'en rire nous devrions en savoir plus aujourd'hui, coûte que coûte ! (5)

[Mardi 17 : Bis repetita : désolation ! Mais qu'est-ce qu'on rit !
Mercredi 18 : Coluche savait rire des noirs, des arabes et des juifs et des blancs aussi, il avait juste du talent !
Jeudi 19 : On touche le fond, désannonce comprise… 17h28 : les Les Inrocks lèvent l'intrigue… Bref, c'est pas glorieux !
Vendredi 20 : Émission obèse de prétention humoristique… Qu'advientra t-il lundi ? Ne comptez plus sur moi pour y perdre l'oreille et la raison.]

(1) Inter-Matin par Gérard Courchelle et Philippe Caloni, du 6 décembre 1982 au 2 janvier 1987,
(2) La femme-ancre qui fait le lien entre les infos, les chroniques, les invités,
(3) C'est Louis Bozon qui la remplacera, j'avais écouté ses trois matinales : un désastre,…
(4) 11h-12h30, lundi à vendredi, remplace "le fou du roi". Le roi parti sur RTL reste le flou…
(5)  Cet intermède m'aura permis de remettre un tout petit peu en avant une très grande voix de radio qui a fait les Très Riches Heures de France Inter.

lundi 16 janvier 2012

Toute une Histoire…

© Olivier Roller pour Télérama

L'exercice est périlleux. Toucher à l'histoire quand on est un petit amateur et qu'on a face à soi sur France Culture des … "géants" c'est prendre le risque de ne pas être… à la hauteur. Donc pour écrire ce billet ce n'est pas pareil que d'habitude. Je ne peux, de fait, me poser en historien ou en amateur éclairé. Juste comme auditeur gourmand des histoires de l'Histoire. J'ai commencé par "Les lundis de l'histoire" (1), pour Jacques le Goff que j'avais lu par ailleurs. Puis "L'histoire en direct" (2) de Patrice Gélinet. Et puis à la fin du siècle dernier (sic), arrive "La fabrique de l'histoire" de et par Emmanuel Laurentin (3), qui depuis quelques années ouvre les matinées après le journal de 9h. (4)

Emmanuel Laurentin (photo) a humblement dit plusieurs fois depuis toutes ces années qu'il était passé à côté d'une carrière universitaire et/ou de recherche, mais il peut être fier de sa petite entreprise qui aura fait œuvre de pédagogie pour, jour après jour, éclairer voire sublimer l'histoire. Sur le site de l'émission ce slogan : "La Fabrique de l'Histoire, le passé ici et maintenant !". Clin d'œil appuyé à un ancien président de la République qui aimait à ses heures perdues "taquiner" l'histoire… quand il n'était pas en train de la faire.

Donc Laurentin ne se lasse pas d'explorer l'Histoire et de nous faire voyager en de nombreux allers et retours, des périodes les plus anciennes comme aux plus contemporaines. Pour en témoigner outre les archives disponibles sur le le site de l'émission, une auditrice passionnée a rassemblé de façon presque exhaustive l'index des émissions en proposant quelquefois pour certaines leur texte intégral ! Chapeau. Précieuse source pour les chercheurs comme pour les amateurs.

Laurentin outre ses qualités d'historien a aussi la qualité de sa voix et de ses façons. En mettant en avant le travail de ses collaboratrices et collaborateurs, en faisant le passeur curieux, à l'écoute attentive de toutes celles et tous ceux qui viennent enrichir au micro les documentaires réalisés par son équipe. J'aimerais dire que Laurentin est de la "Belle Époque" de France Culture ! Il a fait ses armes à la revue de presse de Culture Matin (5) avec un autre historien, le ci-devant Jean Lebrun qui, aux affaires de la direction de la chaîne depuis quelques années, à depuis un an franchi le Rubicon, pour entamer sa longue "Marche de l'Histoire" sur France Inter.

Écouter La Fabrique de l'histoire c'est prendre plaisir à être en bonne compagnie : du savoir et de l'érudition, de la connaissance et de la joie d'apprendre. Emmanuel Laurentin est joueur et s'est largement affranchi de l'académisme (6) ! Il truffe ses émissions de clins d'œil (7) comme autant d'occasions d'être dans l'Histoire sans en faire toute une histoire.

Cette semaine on devrait se régaler avec l'histoire de la cinéphilie.

(1) France Culture, le lundi de 15h à 16h, producteurs tournants
(2) France culture, le lundi, émission reprise par Emmanuel Laurentin depuis la rentrée 1996,
(3) qui malgré cette fin de siècle… a su depuis 12 ans rester jeune,
(4) du lundi au vendredi, un thème se décline sur les 4 premiers jours et une "table ronde" le vendredi, 
(5) depuis 1986 à Culture Matin, et revue de presse de 1990 à 1996,
(6) fin février devrait paraître le premier livre de La fabrique de l'histoire : Les Paysans,
(7) chaque lundi "La balade aux Archives nationales", ouvre l'émission.

samedi 14 janvier 2012

Le Black out…

Montage photo © Télérama


L'excellent (1) Télérama nous apprenait hier, via son site, que Lenoir jette l'éponge et n'animera pas dès ce mois-ci ses Blacks sessions sur le Mouv' ! Pour respecter les clauses de son départ d'Inter à la rentrée 2011 il aurait fallu qu'il soit embauché par une société tiers. Et c'est là que le bas blesse, Lenoir ne veut pas "être un clandestin dans sa propre famille".

- "Ben ouais Marcel mais t'a touché la timbale pour sortir du bois. Si tu veux y revenir faut faire skiff et mettre ton orgueil in the pocket, non ? …"

On voit mal comment la situation pourrait se débloquer ! La balle (2) est dans le camp du Black. On lui a arrangé le tapis (orange), on a fait le teasing, la promo et telle une star
capricieuse il décline. Les fans ragent et prennent en Feedback une grande claque à la zique live. À Biarritz où réside le chenapan il fait doux sous les palétuviers ou les mimosas. Les surfers surfent, les rombières roucoulent et le Blakos médite. Pourvu que les bonnes ondes de Patrice Blanc-Francard (3) le sortent de sa convalescence et lui donnent envie de rappliquer fissa. Au risque sinon d'être très vite rangé au musée des souvenirs.

(1) C'est Coluche dans  "Un faux" sur Canal + qui affublait le quotidien Libération de l'adjectif Exxxxcellllent
(2) Euh ! grosse balle s'il en est
(3) directeur du Mouv'

vendredi 13 janvier 2012

Le grand quoi ? Entretien ?…


Tous les jours dans Plan B sur Le Mouv', Frédéric Bonnaud mène pendant une heure un Grand Entretien. Hier Sollers. Succulent ! À réécouter en podcast ! Les médias et les journalistes s'intéressent au résultat : peu à la démarche. Pourtant depuis la rentrée 2010, Bonnaud tisse sa toile culturelle avec ténacité, gourmandise et érudition. Face à Sollers il ne prend ni la posture de l'intellectuel ni celle de l'écrivain érudit, il reste à sa place. Au fil des minutes s'installe la bonne conversation qui rapproche l'auditeur de l'invité quand d'autres producteurs, à forcer l'entre-soi, l'excluent. Bonnaud n'en rajoute pas, ne s'expose pas dans un mensuel littéraire ou chaque semaine à la télé pour une émission… littéraire (1). Bonnaud installe patiemment sa façon de faire de la radio, complice souvent, jamais flatteur et encore moins obséquieux, avec souvent des tournures qui font mouche et incitent l'invité à sortir de son rôle.

Bonnaud rend ses auditeurs complices et parvient à les entraîner dans sa petite mécanique culturelle joyeuse, quand Inter promotionne surtout son animateur. J'ai fait mon choix et ne me laisserait pas enfermer dans la spirale de la starisation. Bonnaud réinvente chaque jour son "grand entretien" quand l'animateur d'Inter se contente d'enfiler les chaussons de Chancel. L'un est tonique et vivant quand l'autre sonne flatteur ou banal. Plan B c'est plus qu'un entretien c'est une émission avec de la culture dedans. Et puis c'est plus pop et beaucoup moins prétentieux. La vraie différence, c'est sur Le Mouv' !

(1) comme la "vedette" d'Inter qui à 17h reçoit et empile les vedettes internationales (cf Télérama) ou autres vedettes. Avec cet animateur omnimédiatique Inter profite d'un buzz permanent.