mercredi 14 novembre 2012

La petite voix… d'Irène

Ella, Ella…









Une fois de plus, mes chers auditeurs, c'est à côté de l'écoute que j'ai entendu ce qui va suivre. Écoutez bien, c'est Irène Omélianenko qui annonce le documentaire "Au début du jazz étaient les femmes" (1) et c'est Irène Omélianenko, elle-même qui l'avait réalisé en… 1990. Entre les deux époques sa voix a changé, sa voix a pris quelques graves et sûrement quelques assurances. Sa voix de 1990, plus douce, moins appuyée, fait plaisir à entendre. Ses "aigus" sont agréables à écouter, particulièrement quand on les superpose à sa voix actuelle. Et voilà comment, par le petit bout de l'oreillette, trouver une façon de ne pas lisser le temps qui passe, car, en presque un quart de siècle, la voix trouve d'autres accords, d'autres résonances, ou d'autres modulations, et continue "malgré tout" à faire tendre l'oreille. La voix change, les mots restent !

Les quêtes, recherches, "obsessions" et convictions d'Irène sont là, bien là et n'ont pas varié ! En moins de 5mn elle nous dit : "Le jazz fut, en douce, l'arme des femmes, la première pierre jetée dans le marécage américain. À cette période un homme, un vrai, Perry Bredford déclarait quand il tentait de faire enregistrer Mamy Smith "Chaque matin je m'enduis le cou de graisse d'oie pour que ce soit plus facile de courber l'échine, de ramper devant des responsables de firmes de disques, mais il n'y en a pas un qui veut entendre ma tragique complainte, en dépit du généreux étalage de dents dont je gratifie tout le monde, mon inusable sourire grand format, du genre des découpes qu'on fait dans les pastèques"

Dans son texte d'introduction Irène Omélianenko s'engage en citant les noms et prénoms de l'épopée féminine du jazz : "… femmes, noires, chanteuses, pleines de désespoir, ont été les pionnières d'un féminisme actif, batailleur, tragique, et superbe." Tout est dit : l'oppression des femmes, ou des minorités, un certain désespoir de la condition humaine et de l'oppression, mais aussi comme un immense espoir dans ce "superbe" prononcé en lisière de la musique qui démarre. Irène Omélianenko est restée fidèle à faire entendre la voix des "sans voix" ou la voix de ceux dont on parle si peu. "Le sauvage du jazz c'est la femme" aurait pu être le joli titre de ce documentaire tant le cri, en apothéose, de Janis Joplin et son "Summertime", enracinée en elle, le sublime.

J'en profite pour demander à la coordinatrice de "Sur les Docks", de plus souvent nous proposer des documentaires en relation avec la musique et si possible en série pour ne pas s'enfermer dans le cadre strict de l'horaire dévolu à l'émission.

(1) Un documentaire d'Irène Omélianenko et Jean Couturier - Première diffusion : Nuits Magnétiques du 04/09/1990, rediffusé dans "Sur les docks" le 31 octobre 2012, 17h, France Culture. Combien Irène Omélianenko a du "cuter" de minutes pour faire entrer ce documentaire dans le format de "Sur les docks" ?

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