vendredi 25 novembre 2011

Révolution culturelle… la longue marche.

L'ourse Cannelle

Avec ou sans col Mao, la révolution culturelle qui se prépare à la radio risque de ressembler à la Longue Marche tant le bouleversement risque d'être profond… Il y a quelques années Jean-Louis Foulquier (1) faisait le "zouave" au standard de France Inter en dépassant sa fonction de standardiste. Roland Dordhain (2) le sermonne un peu et lui propose d'animer, en 1966, sa première émission qui fera, comme toutes les autres de sa carrière, la part belle à la chanson. Foulquier tournera autour du sujet pendant plus de 40 ans. La recette de la radio : une idée + un micro + une équipe de réalisation + un studio + un émetteur + quelques récepteurs et… un raton-laveur (femelle ou mâle). C'est "simple".

Je repense à Cannelle, l'ourse tuée dans les Pyrénées en 2004. Quand Irène Omélianenko, productrice à France Culture, s'est rendue sur place avec un technicien son et un chargé de réalisation ils ont fait à eux trois leur affaire et le documentaire est passé au "Vif du Sujet" (3). Demain cette même équipe va devoir intégrer une prise de son multicanal (optionnel bien sûr), une "transcription" écran et s'adjoindre les services d'un dessinateur, ou d'un vidéaste, ou d'un photographe animalier et tout le toutim… Ça change forcément la donne conceptuelle. Ce qui pouvait être assez "simple" peut devenir très vite complexe. Si cela décuple les possibilités créatives cela va forcément décupler les coûts. Qui payera ? Il y aura toujours des émissions de talk, dont celles bien lourdes à la manière des Affranchis, les émissions de flux musicaux, et puis celles très élaborées qui nécessiteront d'être regardées sur des écrans et qui impliqueront de nouvelles écritures, nouveaux métiers, nouveaux supports.

Y aura t-il deux radios : d'un côté la radio à écouter comme c'est le cas aujourd'hui, de l'autre la radio à regarder ? En voiture ça se passera comment ? Les écrans seront interdits ? Et sous la douche ? Un/des écrans dans le carrelage ? Hier on pouvait tous parler de la même émission de radio, même si on ne l'avait pas écouté en même temps. Demain comment s'y retrouver ? 
- "T'as regardé l'émission de Laurentin (4) hier matin ?
- Ben, à c'tt'heure-là impossible, mon patron me paye pas pour que je regarde la radio !". 
Comme je l'évoquais avant-hier, dans certains cas il faudra réécouter… pour voir.

On en est plus à de la science-fiction, la Révolution c'est pour demain matin et ça donnera en suivant un de ces dialogues dignes de St Ex et du Petit-Prince, ou même de Prévert : 
- " Vous faites quoi comme métier ?
-  Je suis dessinateur à la radio !".

(1) Studio de nuit,
(2) Directeur de France Inter après la réforme de la radio dont il aura la charge (1962),
(3) 8 février 2005, France Culture,
(4) La Fabrique de l'histoire, du lundi au vendredi, 9h, depuis 11ans sur France Culture.

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