lundi 15 août 2011

Après le pirate… le sauvage



« J’imagine d’emblée une sorte de radio dans la radio, une enclave indépendante du reste de l’antenne,… Au fond, je vais conclure un pacte avec la nuit. Faire en sorte qu’elle ne nous coupe pas le son mais donne son plein sens, au contraire, au pouvoir de l’écoute. A une heure relativement tardive 22h30, pour beaucoup, de la plus vive disponibilité, je propose de créer un programme qui tenterait de renouveler l’auditoire de France Culture par l’expression d’une curiosité et d’une sensibilité plus contemporaine. Sur une durée significative (une heure et demie), de façon à être en mesure, justement, de jouer la carte du programme et non pas de l’émission, il convenait de mettre en place un lieu de vie, c’est à dire de surprise, d’émotion et de passion où les paroles vivraient en harmonie avec les sons. » (1)

N’est-ce pas une formidable orientation, magnétique, pour (re)créer un espace particulier à la radio, qui s’installerait confortablement dans la nuit et sortirait du schéma simpliste d’un séquençage cadencé avec… l’horloge parlante ? Et comme le dit si bien Alain Veinstein, en jouant la carte du programme et non pas de l’émission, nous pourrions de 22h à minuit et demi (en s’affranchissant du couperet de l’info de 22h) profiter d’une radio qui bannirait direct et plateaux et ferait la part belle à la création radiophonique.

L’affaire est «simple» encore faudrait-il qu’il y ait des désirs d’invention, de création, de surprise, de recherche, d’innovation, de bouillonnement pour que, dans tout ce qui se passe le soir partout, la radio soit une des propositions attractives reconnue et une alternative au «tout écran». Il faut réinventer les espaces ouverts de l’imaginaire qui ont sûrement à voir avec des espaces de sérénité. Tout le contraire de ce qu’en face produit la télévision.

Il faut redonner envie d’écouter sans voir. Absolument.

(1) Alain Veinstein, Radio sauvage, Le Seuil, 2010

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