vendredi 29 juillet 2011

La radio en dormant…





Hier soir je croise Orson Welles sur les docks ! «Hey man… !» Il me file une poignée de main à ébranler la Tour de Pise. On marche. Placides. Je me lance :
- ”Quand vous dites : «L'avantage de la radio sur le cinéma, c'est qu'à la radio l'écran est plus large." Vous pouvez m’en dire un peu plus ? “

Le géant plisse les yeux, sourit et m’entraîne à le suivre d’un pas alerte. Arrivé devant un immense bâtiment gris et sordide, il pousse la porte gigantesque de ce qui s’avèrera être un studio. Derrière un décor qui figure un immense poste de radio fourmille une petite armada de femmes et d’hommes. Encasqués, ensonorisés, Nagrapés. Tensions et excitation sont à l’extrème dans les studios-box ou les open space. Les oreilles sont démesurées. Les voix en retour semblent familières et complices de leurs auditeurs.

Orson se déplace avec une démarche aérienne. Il flotte et savoure, sans se lasser de l’effet qu’il produit. Personne ne le salue ou ni ne lui adresse la parole mais chacun semble lui faire un clin d’œil complice. Je le suis fébrilement. Je dois ressembler au Petit Poucet. Il entre en studio. ON AIR. Il ajuste son micro, pose son havane dans le cendrier, jingle d’intro ! Sans note, sans casque, Orson commence à raconter une histoire qui ressemble à un feuilleton. Je ne me trompe pas ! Depuis le 10 octobre 1985, Orson vient chaque soir dans son studio de radio raconter une longue histoire qui n’en finit pas ! Ce soir c’est le neuf mille cent soixante-cinquième épisode.

Rosebud est un conte philosophique à destination d’un autre système solaire. Un monde sans écran, sans parabole. Juste des mots, des paroles qui en même temps qu’elles se diffusent s’inscrivent “là-bas” sur un écran de cinéma. Circulaire et absolument démesuré. Au pied de cette tour gigantesque une foule semble lire ce qui s’inscrit, portée par la voix de stentor d’Orson. Je me réveille en comptant. Si j’avais la prétention de rivaliser il me resterait neuf mille cent cinquante-sept épisodes à vous écrire. Encore faudrait-il qu’Orson Welles mette fin à son feuilleton ce soir même ! Alors que j'en suis sûr il ne s’arrêtera jamais. Définitivement immortel !

1 commentaire:

  1. Ce 28 novembre 2011, Denis Florent a publié une contribution sur la mythique émission d'Orson Welles à partir du texte "La guerre des mondes". À lire absolument.
    http://www.denisflorent.fr/responsabilite-vs-buzz/

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